Francis Kurkdjian, une successions de triomphes
Il est le parfumeur dont tout le monde parle et c’est encore plus le cas depuis qu’il a pris le relai de François Demachy à la tête des parfums Christian Dior. Francis Kurkdjian n’a que 54 ans et pourtant il a déjà derrière lui une carrière impressionnante. On lui doit, entre autres, des bests de la parfumerie tels « Le mâle » de Jean-Paul Gaultier sorti en 1995 ou encore, bien sûr « Baccarat Rouge 540 » lancé pour la maison de cristallerie puis pour sa marque de parfum éponyme en 2014. Il a fait ses armes avec Françoise Caron et a été nommé Chevalier des Arts et Lettres en 2009, année où il a co-fondé Maison Francis Kurkdjian avec son associé Marc Chaya. Il est, depuis 2021, le directeur artistique et parfumeur de la maison Christian Dior. Je dois dire que son univers olfactif est assez éloigné de ce que j’aime mais je connais son succès et il était légitime que je lui consacre un portrait. J’ai donc choisi quatre parfums que je considère comme parlants et révélateurs de son style.
Le premier parfum que j’ai choisi est aussi mon préféré dans cette sélection. Il s’agit de « Enlèvement au Sérail » que Francis Kurkdjian a composé pour la collection classique de la maison MDCI en 2006. La marque le décrit ainsi : « Ce fleuri oriental délibérément « rétro », un des premiers succès de la marque, est à nouveau disponible. Un parfum sophistiqué et complexe qui évolue tout au long de la journée, révélant différentes facettes du parfum au fur et à mesure que les notes s’estompent et se mélangent. Il se transforme en un bouquet floral doux et sensuel, avant de laisser place à des notes de fond chaleureuses et réconfortantes. Le parfumeur a ajouté une petite touche qui le rend subtilement, légèrement plus frais et plus jeune, mais Il a gardé toute sa puissance, sa profondeur, et un « velouté » rares de nos jours ». Je dirai pour ma part qu’il s’agit d’un néo-chypré assez traditionnel qui s’ouvre sur une envolée de bergamote de de mandarine avec le côté solaire de l’ylang-ylang qui s’enrichit d’un coeur de tubéreuse, de rose et de jasmin pour se poser sur un fond de patchouli, de santal, de vétiver et de vanille. C’est un chypre sans mousse de chêne, très enveloppant, suave, floral et sophistiqué. Il plaira, c’est certain, plus certainement aux femmes mais je pourrais tout à fait le porter. Il est très onéreux et, si j’ai un peu tourné autour, je n’ai pas franchi le pas. Il n’en reste pas moins que je le trouve absolument parfait tant au niveau composition qu’à celui de la tenue et du sillage. C’est une composition équilibrée et efficaces comme je les aime.
Je pense qu’on avait du m’offrir cet échantillon à l’occasion d’un achat car je ne savais même pas que je pouvais essayer « Rêve en Cuir » créé par Francis Kurkdjian en 2008 pour la maison Indult. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre alors je l’ai posé sur une touche et j’ai bien aimé donc je l’ai essayé sur la peau. « Epicé et fumé, ce cuir ne manque pas pour autant de douceur. Rêve en cuir, est aussi bien conçu pour les hommes, que pour toutes ces femmes qui aiment emprunter la veste en cuir de leur compagnon. Les règles sont faites pour être brisées ». La pyramide peut paraître un peu surprenante car il s’ouvre sur des notes de clou de girofle et de citron, un coeur de bergamote douce et de mousse de chêne très original et un fond de cardamome associée au patchouli, au cèdre et à la vanille. Là encore, la composition est un peu néo-chyprée. Le parfum garde un certaine fraîcheur, et, pour le coup, il plaira peut-être un peu plus aux hommes. Sur ma peau, il s’agit d’un cuir sans cuir avec un côté frais. Je le trouve facile à porter mais il est moins aisé de le décrire car il oscille entre une famille olfactive et une autre. Je dirai qu’il est peut-être le moins « commercial » de ma sélection. En tout cas, je le trouve bien réussi et agréable à porter. J’aime beaucoup le sillage un peu translucide qu’il laisse autour de moi pendant un bon moment.
Je connais assez mal Maison Francis Kurkdjian et j’ai un peu bataillé à trouver un parfum que j’aurais du plaisir à essayer. J’ai finalement été relativement séduit par « L’Homme à La Rose ». Lancé en 2020, c’est un parfum assez joli qui se développe bien sur ma peau. « L'Homme À la rose, une eau de parfum disruptive permettant aux hommes de porter une rose. La fragrance s'ouvre sur les notes fraîches et fusantes de pamplemousse, associées à la rose de Damas de Bulgarie et de rose Centifolia de Grasse aux notes de pamplemousses, reposant sur un fond boisé et ambré réconfortant ». Il s’agit indéniablement d’un floral boisé et un peu cuiré qui s’adresse plus aux hommes mais peut tout à fait plaire aux femmes. Après une envolée de pamplemousse amer et de sauge un peu aromatique qui se pare d’un coeur de rose damascena et de rose de mai associées à un accord muguet et à des notes ozoniques qui donnent au parfum une certaine fraîcheur. Je dois dire que, si j’aime beaucoup le départ, je suis un peu lassé par le fond d’ambroxan, de cèdre, de cistre labdanum et de notes de muscs et de coumarine. Globalement, je trouve que le parfum sent un peu synthétique si j’ose dire. Je lui préfèrerai d’autres parfums à dominante de rose qui correspondront plus à mes goûts.
Francis Kurkdjian a déjà signé plusieurs parfums pour Christian Dior avant et après qu’il soit devenu le parfumeur officiel de la maison. J’ai hésité à parler de la reformulation de « Eau Noire » ou de « Cologne Blanche » mais je ne les maîtrise pas assez. Je préfère donc revenir sur « Dioriviera » la première vraie création du parfumeur pour la collection Christian Dior Privé et qui est sorti en 2023. C’est un travail tout en fraîcheur autour de la figue et je l’ai posé sur ma peau avant de donner mes impressions. Il en décrit ainsi l’inspiration : « L'inspiration du sillage de Dioriviera a surgi en Provence : le soleil du Sud, les roses de mai en fleur, le souffle du vent tiède à travers les feuilles d’un figuier, majestueux, unique spectateur à mes côtés. Revenu à Paris, le temps de la création a commencé pour faire de cette idée mon 1er parfum pour Dior. Dioriviera a la beauté désinvolte de la modernité avec un sillage solaire qui traduit l’histoire d’amour de Christian Dior et la Riviera ». Dans ce parfum, on retrouve nettement une dualité entre la rose et la figue ce qui n’a rien de bien nouveau. Je ne peux pas dire que j’ai vraiment adhéré. La fragrance est plaisante, la tenue correcte et le sillage discret mais, pour être tout à fait honnête avec vous, pour moi, « Dioriviera » est quand même un peu un parfum banal que je ne trouve pas forcément passionnant. Il est, en revanche, très significatif du style Kurkdjian, c’est à dire consensuel et facile à porter.
Après avoir exploré ces quatre créations, je ne suis toujours pas complètement attiré par les créations, si qualitatives soient-elles de ce maître parfumeur connu et reconnu, qui a vraiment tiré des fils entre ses créations. Francis Kurkdjian, et il l’a dit lors d’un débat que j’ai pu suivre, considère vraiment le parfum comme un objet de luxe qui se doit d’être élégant pour être porté plus que comme une expression artistique. Ses composition ont donc, avant tout, un but commercial. Il ne m’appartient pas de porter un jugement sur cette position mais je dois dire que c’est un peu éloigné de ce que j’ai envie de découvrir en parfumerie. Je ne suis pas un fan des parfums de sa marque même si je les trouve toujours impeccablement réalisés. Pour moi, ils manquent un peu d’originalité de du petit côté dingue qui me fait aimer ce mode d’expression olfactif et qui me donne envie de les porter. Les deux premiers parfums que j’ai choisi dans cette sélection me plaisent, il ne faut pas non plus critiquer en bloc, et il est possible que je craque un jour pour « Enlèvement au Sérail » mais je trouve quand même le prix du flacon élevé et je ne suis pas sûr, actuellement, d’en avoir suffisamment envie pour franchir le pas. Wait & see…
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