Frédéric Malle, éditeur de parfums
Neveu par son père du célèbre réalisateur Louis Malle et petit fils de Serge Heftler-Louiche, fondateur des parfums Christian Dior, Frédéric Malle a grandi dans le milieu de la parfumerie car sa mère, Marie-Christine Wittgenstein a été responsable de la création toujours chez Dior jusqu’en 2003. Après avoir occupé plusieurs postes au sein de la société Roure, il s’occupe de la gestion créatives de comptes comme celui d’Yves Saint-Laurent ou encore Nina Ricci et travail en contact avec des parfumeurs. Lassé par le monde trop standardisé de la parfumerie grand public il crée sa propre marque en 2000. Le concept en est simple, travailler avec des parfumeurs et les remettre au centre de la création en faisant figurer leur nom sur le flacon qu’il veut unique et sobre. Le 6 juin de la même année, la marque ouvre une première boutique rue de Grenelle à Paris. Après avoir enfin édité la mythique création d’Edmond Roudnitska que portait son épouse et que tout le milieu de la parfumerie avait surnommé « la Prune » sous le nom « Le Parfum de Thérèse », il va éditer les créations de nombreux parfumeurs tels Olivia Giacobetti, Jean-Claude Ellena ou encore Dominique Ropion et Michel Roudnitska. Très rapidement, la marque va rencontrer son public et la singularité des créations proposées va plaire tant et si bien qu’il vendra son entreprise au groupe Estée Lauder tout en en restant directeur artistique. De nouveaux parfums vont continuer de voir le jour portant à 32 début 2020 le nombre de créations. J’ai déjà évoqué plusieurs d’entre-elles telles au fil des pages de ce blog mais il reste nombre de belles créations et j’ai décidé d’en décortiquer quelques unes ici.
Frédéric Malle
Créé par Édouard Fleschier et lancé avec la marque en 2000, « Lys Méditerranée » est un parfum dont on ne parle pas beaucoup mais qui mérite le détour. À la fois floral, marin et épicé, c’est une création fort originale qui s’ouvre sur des notes de gingembre, d’algues et de sel avant d’évoluer vers un coeur de lys évidemment mais aussi d’angélique, de fleur d’oranger et de lotus et un fond de muscs blancs. Quand je pense à « Lys Méditerranée », le mot qui me vient en tête est limpide. Je trouve que c’est un très beau jus tout en transparence et en pureté. Je le trouve très « dynamique » et, si j’aime les parfums à dominante de lys, je trouve que celui-ci est particulièrement aquatique et atypique. J’aime beaucoup son côté tonique et frais. Je trouve que pour un bouquet de fleur, il n’est pas du tout entêtant et encore moins capiteux même si son sillage est très correct et sa tenue très longue. Je l’ai essayé et il sentait encore sur mon écharpe le lendemain et le surlendemain. Je n’ai pas franchi le pas mais c’est un parfum qui pourrait me plaire.
Également lancé en 2OOO mais créé cette fois-ci par Jean-Claude Ellena, « Angéliques sous la Pluie » a été un coup de coeur dès que je l’ai découvert alors que la note dominante est loin d’être l’une de mes préférées. Je crois qu’on utilise la feuille de l’angélique en parfumerie et c’est une odeur un peu âpre. Jean-Claude Ellena a pris le contrepied de cela pour en faire quelque chose de très vert et épicé à la fois. Le départ de genévrier, de poivre rose et de coriandre est d’emblée un peu surprenant voire presque désagréable mais, au fur et à mesure de l’évolution, on se rend compte que la fragrance se fait fraiche mais intense et évolue vers des notes d’angéliques bien évidemment mais également de muscs blancs. Comme toujours et depuis longtemps, l’écriture de Jean-Claude Ellena est épurée et limpide. Je trouve que ce jus est absolument unique et atypique et arriverait à me réconcilier avec la note d’angélique que je n’aime pas tellement. J’ai eu la chance d’avoir, il y a quelques années, une grande dose d’essai et de pouvoir porter ce parfum plusieurs fois. Je l’ai bien aimé. Je pense qu’il est vraiment parmi les plus originaux de la marque et il reste, en outre, facile à porter.
Créé par Pierre Bourdon en 2007, « French Lover » ne correspond pas du tout à mes goûts et il me rebute même un peu dans son départ et pourtant, il m’a plu lorsque je l’ai senti sur mon poignet. Parfois l’olfaction est très étrange. Le départ est très épicé et a presqu’un côté un peu chimique, à la fois doucereux et sec ce qui peut passer pour paradoxal. Je le trouve même un peu agressif, ensuite au coeur, des notes d’angélique et d’encens ont un côté âpre et boisées que j’ai eu du mal à aborder. Il me faut attendre le côté propre et poudré des notes de muscs blancs en fond et délicat du vétiver pour commencer à l’apprécier. Je trouve que « French Lover » ne ressemble à rien d’autre, il n’est pas du tout opulent comme son nom pourrait le laisser supposer mais mais un peu l’inverse de tout ce à quoi nous pourrions nous attendre. Je ne le porterais pas mais je reconnait que sa construction est très originale.
En écrivant cet article, je me rends compte de deux choses. La première est que j’avais complètement oublié ce parfum dans mon top magnolia et la seconde est que j’ai sélectionné des parfums idéaux pour cette période de l’année sans que ce soit volontaire. « Eau de Magnolia » a été créé en 2014 par Carlos Benaïm et il est sans aucun doute le plus masculin des fleuris qu’il m’a été donné de sentir. Bien évidemment, il peut plaire à une femme mais je trouve que sur la peau d’un homme il prend un équilibre parfait. L’ouverture tonique de bergamote pourrait laisser penser que le parfum va être un chypré fleuri très classique mais pas du tout. Le coeur, construit autour du magnolia est boisé par des notes de vétiver et de patchouli. Le fond de mousse de chêne, d’ambre et de cèdre rendent le parfum un peu plus rond mais il reste très long en évolution et j’avais beaucoup aimé le retrouver sur mon poignet après plusieurs heures car je lui trouvais une facette faussement transparente et, ma foi, bien agréable. Il y a quelque chose de sec et élégant dans une sorte de modernité ambiante dans ce jus. Je pense qu’il plaira aux audacieux…
Créé par Fanny Bal et lancé en 2017, « Sale Gosse » m’a énormément dérouté. Il se veut un peu sucré et « bonbon » mais construit comme une cologne mais ce n’est pas du tout ce que je ressens lorsque je l’ai sous le nez. Je lui trouve quelque chose d’à la fois frais et complexe. Il est vrai que le départ a un côté bergamote et « dragibus » (bonjour la pub) mais je trouve que dès que le parfum évolue un tant soit peu, il devient très cologne avec des notes aromatiques de romarin il me semble puis fleuri avec le néroli et la violette. « Sale Gosse » est un parfum qui est assez linéaire même si je note une petite évolution. J’ai beaucoup aimé le sentir. Je ne sais pas s’il me plairait porté. J’ai vraiment un double sentiment lorsque je l’approche de mon nez. Il est, pour moi, à la fois répulsif et addictif. Si ce n’est qu’il me surprend, je ne sais pas trop quoi en penser mais, en écrivant ses lignes, j’ai envie de remettre mon nez dessus.
Il existe évidemment de nombreux autres beaux parfums dans ces éditions Frédéric Malle et nul doute que nous en croiserons encore un ou deux au fil des pages de ce blog. Apparemment certains des jus ont un peu changé mais je ne sais pas car je ne les connaissais pas dans leur version originelle. Pour ma part, je reste attaché à « Noir Épices » et « En Passant » même s’il y en a plein d’autres que je pourrais porter.
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