Frivole la framboise ?
La note de framboise semble beaucoup plaire en parfumerie. Je dois dire que je ne suis pas forcément un adepte des fruits rouges mais que certaines créations apparues sur le marché depuis quelques années et qui la mettent à l’honneur me plaise même si je ne pourrais pas forcément les porter. Comme je l’ai fait pour plusieurs autres « dominantes », je me suis dit que commencer le mois de septembre avec la framboise était une idée à la fois saugrenue et intéressante. Que ce soit dans la parfumerie du circuit sélectif, des marques plus exclusives ou de celles qui sont vraiment indépendantes, cette note qui pourrait passer pour « girly » est pas mal employée et je dois dire que, lorsqu’elle est bien travaillée, elle n’est pas désagréable à mon nez. Alors allons prolonger un peu le printemps et l’été pour explorer la framboise dans tous ses états.
Je n’avais pas vraiment été séduit par les deux premières créations de la collection Les Oiseaux de Nuit » chez Annick Goutal. D’une part, le côté kitsch du « flacon à pompon » m’avait rebuté, d’autre part, je trouvais que les jus étaient assez ordinaire pour le premier et vraiment trop léger pour le second. Je ne m’y étais donc pas arrêté. En 2019 pourtant, je suis allé découvrir « Étoile d’une Nuit » créé par Mathieu Nardin et je dois dire que j’ai été agréablement surpris. Quand la responsable de boutique m’a parlé de départ framboise, je m’attendais à quelque chose de très mainstream, de trop consensuel et de trop « jeune fille » et ce n’était pas le cas. Tout d’abord, ce que j’ai pensé c’est que Mathieu Nardin renouait vraiment avec l’esprit Goutal. Il est vrai que la note fruitée du départ n’est pas forcément ce que je préfère mais elle est travaillée de manière très délicate et vient très vite se poudrer avec un iris très présent et une rose tout aussi finement utilisée. La maison le décrit comme un floral fruité mais, pour moi, il est plutôt un poudré dans la lignée par exemple de « Heure Exquise ». Je ne sais pas si je le porterais mais j’ai été séduit par son évolution quand je l’ai essayé. Je trouve que c’est une jolie réussite qui me réconcilie un peu avec cette collection qui ne m’avait pas forcément attiré au départ. Le flacon est un peu moins tartignolle avec un léger foulard qui remplace avantageusement le pompon des deux autres. Oui, « Étoile d’une Nuit » est un beau parfum à découvrir.
Quand je pense à la framboise, je vais forcément me souvenir de « Insolence » créé en 2006 par Sylvaine Delacourte et Maurice Roucel pour Guerlain. Pour être tout à fait honnête, j’avais surtout, à l’époque, été séduit par son ravissant flacon toupie. Le jus ne m’avait pas forcément marqué et je l’ai vite oublié or, il y a quelques jours, j’ai remarqué que l’une de mes collègues de travail le portait et, s’il n’est pas forcément facile d’accès car son sillage est énorme, il est tout de même assez joli. Je trouve que la dualité entre les notes de framboise et celle de violette et d’iris est bien vue. Du coup, je suis allé en parfumerie pour le sentir à nouveau. Le départ de framboise, de baies rouges, de citron et de bergamote est déroutant mais finalement, le coeur de violette et de rose poudrée, boosté par la fleur d’oranger m’a bien plu. Le fond, poudré par les muscs blancs et l’iris est arrondi de très belle manière par des notes de santal et de fève tonka. Oui, je trouve que « Insolence » est une belle création et, pour une fois, pas trop banale. Le seul reproche que je pourrai lui faire c’est que je le trouve un peu trop opulent et tenace. Je pense qu’il peut vite devenir entêtant. On retrouve là, le côté un peu « à l’emporte-pièce » du travail de Maurice Roucel qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ne fait pas dans la dentelle. C’est un parti pris et je conçois que cela puisse plaire beaucoup aux amoureux du parfum mais c’est peut-être un peu trop pour moi.
Je suis très loin d’être un fan de By Kilian aussi, lorsque j’ai vu apparaître, dans les Sephora, une collection un peu plus mainstream de la marque, j’ai été un peu dubitatif. Ceci dit, je suis curieux et je suis allé les sentir. Parmi ceux que j’ai découvert, il y avait « Yes I Was Madly in Love, But That Was Yesterday » lancé en 2018 qui fait la part belle à la framboise, travaillée avec un coeur de fleur de tabac sylvestre qui est plus une plante d’ornement peu utilisée en parfumerie et un fond de cuir. L’idée de départ me semblait intéressante et j’y suis donc revenu plusieurs fois or, je dois dire que j’ai été assez déçu par le côté trop synthétique de la création. J’ai eu un peu l’impression qu’elle avait été réalisée par quelqu’un à qui on avait offert la panoplie du petit chimiste. Ceci dit, la collection ne semble pas avoir bien fonctionné auprès du public car j’ai pu me rendre compte qu’elle avait disparu des linéaires de la plupart des Sephora et, lorsque je suis allé à Dijon cet été, les derniers flacons étaient très largement soldés. Sur ceux que j’ai senti, un ou deux n’étaient pas mal mais le prix m’a paru, une fois encore un peu surévalué.
Je ne suis pas très expert en framboise aussi n’ai-je choisi que les trois fragrances dont je pouvais parler à mon aise. J’aurais pu, peut-être, me pencher un peu plus, par exemple, sur des déclinaisons de « La Petite Robe Noire » de Guerlain mais j’avoue n’avoir pas eu tellement envie d’aller les découvrir. Je ne suis pas vraiment un amateur de fruits rouges en parfumerie même si je sais qu’ils sont dans l’air du temps. Ceci dit, parfois, c’est comme pour tout, nous pouvons avoir de belles et bonnes surprises. Et vous, la framboise, ça vous parle ?
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