Passion Parfums

Je vous ai rendu compte des résultats des FIFI Awards de la Fragrance Foundation France qui n’ont pas été ceux que j’attendais mais les professionnels et le public en ont décidé ainsi. Ceci dit, j’ai été agréablement surpris par « Copper » de Comme des Garçons qui a obtenu le prix du meilleur parfum d’auteur d’une marque affiliée et j’ai décidé d’aller redécouvrir « Ganymède » créé l’an dernier par Quentin Bisch pour le couturier Marc-Antoine Barrois et qui s’avère être le second de la maison. Je l’avais senti à sa sortie, j’avais bien aimé mais sans plus. Je m’y suis donc penché avec un peu plus de précision afin de pouvoir vous en parler. Je dois dire que je l’ai trouvé intéressant même s’il m’a un peu dérouté et que je ne pense pas qu’il soit pour moi. C’est aussi le jeu d’accepter qu’un beau parfum ne nous convient pas forcément. Je vais donc pouvoir être parfaitement objectif sans être influencé par mes goûts ce qui n’est pas plus mal.

 

« Ganymède » est le nom d’un personnage de la mythologie grecque mais je crois que c’est la lune qui porte son nom qui a plutôt inspiré Quentin Bisch pour créer un jus très intéressant et très original qui mérite bien, ne serait-ce que pour sa singularité, un prix qui a du sens. Minéral, un peu froid voire rafraîchissant, cette création m’évoquerait plutôt l’été mais je dois dire qu’il est assez surprenant dans une évolution faussement linéaire. En fait, le départ de mandarine me semble tout à fait classique mais l’association de la facette cuirée de l’osmanthus et de la feuille de violette poudrée, presque terreuse me déroute d’autant que l’immortelle, discrète et délicate à la fois vient compléter cette mosaïque olfactive.

Quentin Bisch a fait la part belle à une molécule de synthèse au nom barbare dont je n’arrive pas à me souvenir précisément pour donner à la fragrance une facette à la fois minérale et métallique (ce qui a semblé beaucoup plaire aux votants cette année décidément car on retrouve ça aussi dans « Copper ») que je trouve vraiment très singulière. Il y a vraiment quelque chose dans « Ganymède » qui retient mon attention lorsque je le sens et que je le re-sens. Je ne vais pas dire que je suis séduit. Je suis plutôt intrigué mais je me méfie de cette impression car, parfois, elle me conduit à être attiré par un parfum ou un autre même si le départ ne me plait pas. Quand on parle de parfumerie d’auteur, il faut laisser le temps à la fragrance de se développer sur le coeur et le fond car on peut avoir des surprises. Ca a été le cas pour « Nuit de Bakélite » créé par l’excellente Isabelle Doyen pour Naomi Goodsir et dont les notes de tête me laissait une impression presque désagréable mais dont le développement sur moi est absolument génial. Je laisse donc sa chance à « Ganymède » de me séduire car, je le trouve, aussi étrange que ça puisse paraître, en dépit de ma première impression, je le trouve tout à fait addictif.

Quentin Bisch et Marc-Antoine Barrois

Si je n’avais pas du tout accroché sur « B683 », je suis bien intrigué voire même assez séduit par « Ganymède » et, si je pense qu’il n’est pas pour moi, je trouve qu’il mérite son prix car il est vraiment bien pensé, bien réalisé et je suis certain qu’il doit être très beau porté sur quelqu’un qui l’aimera vraiment. Si je veux résumer, je dirais que c’est une belle découverte sur le plan artistique et que je n’ai jamais rien senti de pareil. Ca fait plaisir et c’est ce que j’aime dans la parfumerie de niche, être surpris, dérouté, ne pas aimer forcément mais reconnaitre la belle qualité et l’inventivité d’une création.