Passion Parfums

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Germaine Cellier, pionnière et unique

 

 

Elle était française et la première femme « nez » professionnel de l’histoire. Elle a travaillé, entre-autres pour Robert Piguet, Balmain, Balenciaga ou encore Nina Ricci. Il y a quelques temps, j’avais relayé un article sur cette créatrice haute en couleur et pionnière de la parfumerie moderne. Son nom, Germaine Cellier. Cigarette aux lèvres, caractère bien trempé, elle a créé des parfums dont deux sont parvenu à traverser les décennies pour venir jusqu’à nous. Née à Bordeaux en 1909, elle s’installe à Paris en 1930 pour effectuer des études de chimie et, diplômée, elle rentre chez Roure qu’elle quittera en 1943 mais où elle reviendra très rapidement. C’est après la guerre que son talent, et son inventivité un peu subversive explosent. Elle va, créer, bien sûr les deux parfums emblématiques pour Robert Piguet qui existent encore aujourd’hui, « Bandit » en 1944 et « Fracas » en 1948 mais on lui doit aussi le regretté « Vent Vert », lancé en 1947 par Pierre Balmain pour qui elle composera aussi « Elysées 64 83 » (1946), « Jolie Madame » (1953), Monsieur Balmain (1964) et « Miss Balmain » 1967. On lui doit également « La Fuite des Heures », en 1949 pour Balenciaga qui sera porté par plusieurs stars hollywoodienne ainsi que le mythique « Coeur Joie » sorti en 1946 chez Nina Ricci et que je rêve de découvrir. Germaine Cellier a eu une vie d’art et de rencontre puisqu’elle fréquentera des personnalité telles Pierre Brisson, rédacteur en chef du Figaro mais aussi l’acteur François Périer, Jean Cocteau, Bernard Blier, Maria Casarès et, bien évidemment la romancière et poétesse Louise de Vilmorin. Elle était non seulement l’une des parfumeuses les plus douées de cette parfumerie moderne qui naissait après la guerre mais aussi une femme de caractère, atypique, décidée et énergique. Je trois que cela se sent dans ses créations à la fois anticonformistes et unique en leur genre. Je connais bien « Bandit » et « Fracas » et je voulais profiter de ce petit portrait de Germaine Cellier pour en parler à nouveau.

 

Vent Vert The Original Pierre Balmain parfum - un parfum pour femme 1947

 

 

Dès que je l’ai senti, j’ai eu un énorme coup de coeur pour « Bandit » vendu à nouveau dans sa version d’origine après une éclipse d’un an ou deux. C’est un chypre cuir avec des notes vertes tout à fait étonnant. La marque raconte : « En 1944, Robert Piguet crée une collection couture audacieuse, basée sur le concept du « Bad Boy ». Juste à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les défilés de Piguet présentaient des mannequins arborant des masques de méchants et brandissant des revolvers et des épées jouets. Le parfum accompagnant cet air de malice avant-gardiste était Bandit, une composition créée par l'icône du parfum Germaine Cellier, réputée pour ses créations audacieuses et distinctives. Bandit est un classique renommé. Germaine Cellier a utilisé des notes sombres de cuir, le vert de la mousse et des bois fumés pour donner au parfum son caractère riche et inoubliable. Accentué de galbanum verdoyant et de notes de fleur d'oranger, Bandit est certainement « l'enfant terrible » de la collection de parfums Piguet. Le jasmin et le patchouli apportent une touche exotique tandis que le cuir et la mousse de chêne forment une couronne épineuse ». Après une envolée absolument inédite d’aléhydes, de galbanum et de néroli avec des traces de bergamote vient un coeur très étonnant d’oeillet associé à un jasmin très vert et au côté poudré de la feuille de violette. Puis, le parfum se pose sur un fond tout à fait classique de mousse de chêne, de vétiver et de patchouli associé à un accord cuir. Quand je sens ce parfum ou que je le porte, je me dis qu’à l’époque, Germaine Cellier avait complètement cassé les codes. En effet, il ne faut pas oublier qu’il s’agissait d’un féminin. Il est le premier des chyprés cuir. Il y en aura d’autres mais, pour moi, il reste et restera « la » référence » de ce type de parfum, certes vintage, mais qui a encore sa place dans un vestiaire olfactif.

 

Bandit Robert Piguet parfum - un parfum pour femme 1944

 

 

L’interprétation de la tubéreuse que fait Germaine Cellier dans « Fracas » n’est pas beaucoup plus sage ! Si on parle de grand floral, celui-ci en est un mais, attention, il n’est pas consensuel avec son envolée de mandarine et de bergamote, son coeur de jasmin et de tubéreuse très animal et contrebalancé, comme rafraîchi par un accord gardénia. Le fond de bois de santal et de muscs blancs (rarement utilisés dans cette concentration à cette époque), lui assurent une tenue et une « solidité » extrême. « Le joyau convoité de la collection scintillante de Piguet, Fracas, qui a changé la donne en 1948, est un pionnier de longue date. À l’époque, la légendaire parfumeur Germaine Cellier cherchait à créer un parfum qui donnerait à celui qui le porte l’impression d’être une bombe ; celui qui laisserait un effet déstabilisant sur tous ceux qui le rencontreraient. Avec des accords opulents de tubéreuse et de jasmin incomparables et inégalés, cette concoction luxuriante et crémeuse s’accroche à la peau d’une femme et la réchauffe grâce à sa chimie unique. Contrairement à de nombreuses fleurs blanches traditionnelles, Fracas est sombre et succulente. De riches accents de bois de santal et de musc délicat rehaussent l'éclat et la complexité ». Il a été couronné comme l’un des meilleurs parfums de tous les temps par la Fragrance Foundation il y a quelques années et c’est mérité. Il a envouté nombre de stars telles Juliette Gréco et d’anonymes. C’est un parfum magique, décliné aujourd’hui dans différentes versions qui lui rendent toutes hommage. Qui dit mieux ?

 

Fracas Robert Piguet pour femme

 

 

 

Je regrette bien que les autres parfums créés par Germaine Cellier soient aujourd’hui introuvables. J’ai de beaux souvenirs de « Vent Vert » original, souvent senti dans mon enfance et qui demeure, aujourd’hui, immuable dans ma bibliothèque olfactive. Je le reconnaitrais entre mille. Germaine Cellier a inventé, innové… elle a créé une parfumerie très personnelle alors qu’elle se destinait aux maisons de couture. Elle nous a quitté en 1976 à seulement 67 ans mais je suis sûr que, si elle vivait aujourd’hui, elle aurait été l’une des reines de la parfumerie de niche. En tout cas, je vous engage à aller découvrir « Bandit » et « Fracas ». Ce sont deux chefs d’oeuvre à sentir absolument.

 



21/02/2025
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