Givenchy ou une certaine idée de l'élégance
C’est en 1957 qu’Hubert de Givenchy demande au parfumeur Francis Fabron de créer un parfum féminin à destination des clientes de sa maison de mode et en s’inspirant de son égérie, l’actrice Audrey Hepburn. Ainsi naitra « L’Interdit » qui, même s’il a été reformulé plusieurs fois, existe encore aujourd’hui et a été mainte fois décliné. Depuis, Les parfums Givenchy, masculins comme féminins, sont devenus des classiques de la parfumerie liée à la couture à la française. Je ne compte plus les bests de cette marque. Pour faire cette revue, j’ai choisi trois parfums féminins, un masculin et le seul que je connaisse à ce jour de la nouvelle collection privée, une fois n’est pas coutume, afin de me plonger dans l’univers éclectique de cette maison dont le succès n’est plus à démontrer. Depuis, la maison à été vendue à un grand groupe financier et Hubert de Givenchy tout comme Audrey Hepburn, nous ont quitté mais le versant parfum de ses création est plus dynamique que jamais. J’ai décidé arbitrairement de ne pas aller vers les créations mainstream et récentes de la marque car elles ne me parlent pas. Je me suis donc concentré sur les classique.
Je vais, bien évidemment commencer par « L’Interdit » qui m’évoque irrémédiablement Audrey Hepburn et les visuels de l’époque pour la marque. Fabrice Fabron a réalisé un floral un peu aldéhydé, très sophistiqué pour accompagner la silhouette longiligne de l’actrice et les lignes épurées des créations d’Hubert de Givenchy en prenant complètement le contre-pied. L’envolée d’agrumes et d’aldéhydes peut sembler classique mais la note parfaitement identifiable de fraise lui apporte son originalité. Le coeur est poudré avec l’iris, la violette, le narcisse et la rose mais le jasmin, le muguet et l’ylang ylang lui confèrent quelque chose de très fleuri. Le fond, ambré et musqué est assombri par des accents de fève tonka et de benjoin. Je ne connais que la version la plus récente de ce parfum mais je l’aime beaucoup. Je trouve qu’il a quelque chose de très « couture » et qu’il ne cherche pas nécessairement à être révolutionnaire. Dominique Ropion, Anne Flipo et Fanny Bal l’ont complètement dépoussiéré en 2018 et il est devenu un tout autre parfum assez joli mais n’ayant rien de commun avec l’ancienne version.
Créé par Dominique Ropion et lancé en 1984, « Ysatis » est l’un des grands succès de la marque. C’est un ambré fleuri complexe et un peu aldéhydé. Aux notes de bergamote, s’associent un ylang ylang très profond, et des notes de fleurs d’oranger. Le coeur de jasmin et de tubéreuse est poudré par l’iris et la rose et cuiré étrangement par le rhum et le narcisse. Le fond, miellé et épicé repose sur l’accord patchouli et mousse de chêne typique de cette famille olfactive. Je trouve « Ysatis » absolument moderne. Il l’était à l’époque de sa sortie et il l’est resté. Il y a un twist, un « je-ne-sais-quoi » de différent dans ce parfum absolument équilibré et parfait. Je ne sais pas si je pourrais transgresser les clichés et le porter mais il me plait bien et j’ai été très très content de le redécouvrir il y a quelques jours pour écrire cet article. Je l’ai essayé sur mon poignet et j’ai bien aimé. « Ysatis » est vraiment très beau même s’il est très différent de ce que j’aime d’habitude.
« Organza », créé en 1996 est un des premiers grands parfums signés par l’excellente Sophie Labbé. Je l’ai toujours beaucoup aimé. Il est ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui un « floriental » avec un départ de noix de muscade, de bergamote, de fleur d’oranger arrondi par un gardénia très opulent. Le coeur est résolument fleuri avec le chèvrefeuille, le jasmin, la tubéreuse, la pivoine et l’iris mais une note de noix le rend particulièrement original. Le fond, boisé, ambré et vanillé est un archétype de ceux des parfums ambrés fleuris à la française. Il s’inscrit dans une longue tradition d’opulence et d’élégance à la fois. Lorsque je l’ai re-senti pour écrire cet article, je me suis dit qu’il était tout à fait dans l’esprit Givenchy. Son flacon est un peu suranné, le jus aussi et pourtant je l’aime beaucoup et je l’ai toujours aimé. La note de cèdre en fond lui donne un peps particulier. J’ai eu une amie qui l’a porté beaucoup et longtemps. Du coup, je le connais très bien et il me plait toujours autant même si je l’ai trouvé un peu changé.
J’ai toujours aimé « Pi » créé en 1998 par Alberto Morillas. C’est un boisé et l’un des rares que j’aimerais peut-être porter. Son flacon est magique ! Je trouve que c’est un parfum qui a de « l’allure » ! L’envolée de mandarine, estragon et basilic est absolument délicat. Le coeur de géranium et de muguet est super original et la graine de carvi lui donne un côté épicé. Le fond, amandé, vanillé et boisé avec un cèdre de Virginie magnifique est, sur ma peau, absolument élégant. Il fait partie des parfums mainstream que je pourrais porter sans aucun problème. Je dois même dire que je tourne autour depuis fort longtemps, peut-être même depuis son lancement. Je n’ai jamais franchi le pas mais qui sait, dans l’avenir, je pourrais peut-être m’en emparer. La dualité entre les notes boisées enveloppantes et la fraicheur aromatique de son départ me plait beaucoup. « Pi » est un parfum classique et original à la fois. Je l’ai re-senti, réessayé même pour écrire cet article et je me dis que je l’aime toujours beaucoup. Il est l’un des parfums du rayon masculin du circuit sélectif que je préfère.
C’est un peu par hasard que j’ai eu entre les mains une dose d’essai de « Oiseau Rare », l’une des créations de la toute nouvelle collection privée de Givenchy. Fleuri, épicé, il est, je pense, l’un des fleurons de la Collection Particulière qui voit le jour en cette année 2020. Fleuri, avec des notes de pittosporum entre-autres et épicé avec un poivre noir très présent surtout à l’ouverture, j’avoue qu’il m’a bien plu. Il faut dire qu’il est complètement dans ma zone de confort. C’est une très belle création et, sur mon poignet, il est particulièrement original et intéressant. Profond, intense mais jamais entêtant, il a équilibre que je trouve très agréable. Je ne sais pas qui l’a réalisé. La marque ne communique pas là-dessus et c’est bien dommage. Je suis toujours un peu déçu lorsque je ne connais pas le nom du parfumeur qui tout de même l’artisan d’art qui a élaboré la composition.
Voilà, il y a bien d’autres parfums dans la marque Givenchy, entre originaux et flankers mais je me suis surtout concentré sur ceux que j’aime. Les créations modernes cèdent à une certaine mode des fleuris, fruités gourmands et la collection « Gentleman » outre son original, est assez peu originale ou tout du moins pas assez pour répondre à mes goûts. Ceci dit, j’espère que cette revue répondra aux attentes de celles et ceux qui me l’ont demandée. J’ai pris beaucoup de plaisir à aller sentir et re-sentir les parfums Givenchy pour l’écrire. Il y a de fort belles choses.
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