Goutal Paris : les masculins devenus mixtes
Je continue mon exploration de l’importante, même si elle l’est moins aujourd’hui, de Goutal Paris. Je ne reviendrai pas sur les parfums dont j’ai déjà pas mal parlé comme « L’Eau du Sud », « L’Eau d’Hadrien », « Mandragore Pourpre », « Ninfeo Mio » ou encore bien évidemment « Sables » mais j’ai trouvé intéressant de me pencher sur les créations que je ne porte pas nécessairement mais que je connais depuis longtemps ou que j’ai pu découvrir ces dernières années. Je répète que je connais bien la maison et qu’elle m’est toujours chère. Je ne veux absolument pas prétendre que je vais écrire des critiques ou que je serai objectif dans mes avis. Je veux juste, dans cet article, partager mes impressions et mes émotions sur cette collection mixte de la maison.
« Le bonheur, c'est le calme, c'est l’amitié ; l'amour, c'est la tempête, c'est le combat » - George Sand. Créé par Camille Goutal et Isabelle Doyen en 2003, « Duel » est un parfum dont j’ai déjà parlé il y a quelques mois mais je trouvais intéressant d’y revenir car il est le seul cuir désormais existant dans la collection. C’est un suède, doux, profond mais particulièrement consensuel et élégant. Il est écrit ainsi par la marque : « Duel trouve son décor dans la mythique forêt de Brocéliande. Camille Goutal et Isabelle Doyen opposent des notes cuirées évoquant l’univers équestre, aux notes rafraîchissantes du petitgrain du Paraguay qui évoquent un sous bois aux effluves de terre humide. Un parfum tout en constrastes, entre force et douceur, raffinement et sensualité ». Au départ, le parfum se fait frais comme souvent chez Goutal avec une qualité particulièrement odorante de petigrain du Paraguay et de bergamote associés directement à un absolu de maté vert puis, au coeur, la racine d’iris amène son côté poudré et hyper élégant. Les notes de fond sont puissantes à la base mais travaillées de manière plutôt transparente avec un bois de gaïac un peu « blond », des muscs blancs et un accord cuir tout en finesse. « Duel » est un parfum qui ravira les « débutants » dans la famille olfactive des cuirs avec une dualité entre bois délicats et cuir souple et blanc. Pour ma part, j’ai toujours été plus « client » de « L’Eau du Fier » qui n’existe plus aujourd’hui et qui était plus un cuir de Russie sombre, goudronné et qui exhalait vraiment un caractère fort. Ceci dit, je redécouvre avec beaucoup de plaisir ce parfum tout en finesse et en délicatesse que, finalement, je pourrais facilement porter.
Je ne suis pas un fanatique des parfums ambrés mais il y en a quelques uns que j’aime particulièrement et « Ambre Fétiche » créé en 2007 par Isabelle Doyen et Camille Goutal en fait partie. À l’instar de « Encens Flamboyant », je le trouve assez atypique dans l’univers de la marque et pourtant, il m’a plu dès que je l’ai découvert. Je l’ai même un peu porté. Doux et cuiré à la fois, je le trouve particulièrement enveloppant et il me plait beaucoup. « Annick Goutal était fascinée par la puissance du lien qui unit les odeurs et la mémoire. Dédiée à traduire en parfum les émotions de la vie, Annick emmagasinait avec ardeur toutes les senteurs qui peuplaient la sienne. Elle savait que ces dernières composaient une source d’inspiration précieuse, capable de lui souffler des fragrances à la force d’évocation exceptionnelle » et il me semble que sa fille Camille avait dit, à l’occasion du lancement de ce parfum, qu’elle avait voulu des matières précieuses et une inspiration résolument orientale qui, hormis avec « Sables », n’existait pas dans la marque. « Ambre Fétiche » a donc été une vraie innovation et je crois que c’est une création qui a rencontré son public. « Aller simple pour un Orient fantasmé, Ambre Fétiche est un véritable parfum de matières. Il plonge dans l’atmosphère unique des marchés orientaux où s’entremêlent des notes d’épices, de cuir et d’essences envoûtantes. Un parfum oriental où l'accord ambré de vanille et de benjoin se love dans la chaleur enveloppante des résines sur un fond de bois et de patchouli ». Avec son départ résolument bergamote très fugace, son coeur un peu poudré construit autour d’un absolu d’iris avec des notes à la fois rose et géranium et son fond d’ambre, de vanille, d’encens, de benjoin et de patchouli, « Ambre Fétiche » c’est exactement ça : l’illusion d’un Orient onirique, intemporel, un peu inspiré des voyages mais surtout de voyages imaginaires. Je me souviens que, lorsque j’ai découvert ce parfum, j’étais en pleine explorations des ambrés fleuris et il rompait complètement avec ce style. Moins contemporain que « Ambre Russe » composé par Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d’Empire que je porte beaucoup, « Ambre Fétiche » est un parfum dense, dont le fond classique est renforcé par une note cuirée de ciste labdanum. Vraiment, il m’évoque l’Orient-Express et je ne saurais dire pourquoi. Complexe, sophistiqué, quand je le ressens, je me dis qu’il n’est pas aussi éloigné que je le pensais de l’univers Goutal.
« Musc Nomade » a été lancé en 2008 et je crois qu’il avait été discontinué un temps puis on le retrouve en boutique et tant mieux. C’est une concentration eau de parfum et un travail autour des notes que sont les muscs blancs et le bois de Bomaby entourés des notes cuirées de ciste labdanum et rondes et poudrées de la fève tonka. « Il est des parfums frais […] Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, Et d'autres, corrompus, riches et triomphants, Ayant l'expansion des choses infinies, Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens … » - Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal. À la vaporisation, je sens vraiment quelque chose de très doux et boisé, un peu intense mais, rapidement, je deviens un peu anosmique à la profusion de muscs blancs et je ne sens plus qu’une petite note cuirée. Je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde mais il m’arrive d’avoir du mal à percevoir les muscs blancs dans certaines compositions. Avec « Musc Nomade » c’est le cas hélas. Je ne sens plus que le côté rond et poudré de la fève tonka. La marque le décrit ainsi : « Tel un mirage, Musc Nomade est une rêverie dans l’univers fastueux des Mille et une Nuits. Un voyage dans le temps où la précieuse matière était acheminée de ville en ville par les caravanes pour le rituel parfumé des princesses d’Orient. Elles s’enduisaient le corps et les cheveux d’un divin mélange de poudre de musc et d’essences précieuses ». Considéré comme un oriental par la maison, il a quelque chose d’assez addictif et, lorsque j’arrive à le redécouvrir sur moi, je l’aime beaucoup. Je ne suis pas un accro des muscs blancs et pour cause mais il est vrai que « Musc Nomade » est un peu une exception. Je voudrais pouvoir en profiter plus mais je le réessayerai sur les écharpes durant le prochain hiver afin d’avoir une impression peut-être plus complète.
Aromatique, classique, plein de charme, tel est « Eau de Monsieur » a été créé par Isabelle Doyen en 2013 et je dois dire que je suis complètement passé à côté à sa sortie et également plus tard. Avec un départ très hespéridé de mandarine, de bergamote et de menthe, le parfum s’ouvre sur quelque chose de très chic et de, j’ose le dire, un peu masculin et vintage. Le coeur de menthe, de géranium rosa très profond m’interpelle un peu car il est passablement atypique tout en restant facile à porter. Le parfum se pose, telle une eau de toilette classique, un peu désuète, sur un fond de patchouli et de bois de santal mais attention, « à la sauce » Isabelle Doyen donc toujours avec un soucis de l’équilibre et du chic. « Monsieur est l’ambassadeur de l’élégance intemporelle des hommes de goût, qui assument les abords faussement classiques d’une virilité tranquille. Son parfum est une ode à la sophistication, dont la fraîcheur ne peut masquer la volupté. Il se révèle sur la peau tel un halo sensuel aux notes chaudes et enveloppantes du patchouli et du santal ». À l’instar de « Bois d’Hadrien » dont je ne parlerai pas car il doit s’arrêter je crois et parce qu’il ne m’a pas vraiment accroché, c’est un parfum dont je trouve que l’esprit est vraiment masculin d’ailleurs, avant de passer dans la collection des mixtes, il était présenté comme tel. C’est un parfum délicat, léger, particulièrement aromatique mais je dois dire qu’il n’est pas nécessairement mon préféré. Je le trouve un peu trop classique pour moi même si je sens parfaitement les twists un peu modernes voulus par la parfumeure et qui lui donnent sa personnalité. Je l’ai redécouvert il y a peu et c’est vrai que je l’aime bien mais il n’est pas celui que je choisirai instinctivement.
Le flacon original
J’ai adoré l’idée de me promener dans la collection désormais mixte des parfums Goutal Paris (ex Annick Goutal, j’y tiens) que je ne porte pas et que je connais moins bien que ceux que j’ai l’habitude de sentir et me faire quelques envies même si, bizarrement, je suis plus attirés souvent, dans la marque, par les féminins (« Sables », « Ninfeo Mio » et « L’Eau du Sud » exceptés) que je peux porter sans le moindre problème. Je suis un nostalgique de « Mon Parfum Chéri » et de « Folavril ». Je suis heureux d’avoir retrouvé le premier et nostalgique du second que j’ai beaucoup porté. En revanche, j’ai vraiment redécouvert, et j’en suis très heureux, « Duel » que j’ai pas mal porté pour écrire cet article et il constitue, pour moi, une enveloppe de confort qui m’a agréablement surpris.
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