Passion Parfums

Elle nous a quitté en 2018 et elle avait créé sa Maison de Parfums en 2007. Vero Kern avait beaucoup de talent et j’avais découvert ses créations chez Marie-Antoinette à Paris. Je ne crois pas que l’on peut trouver de point de vente encore aujourd’hui en France et je trouve que c’est bien dommage. Vero Kern Parfums c’était 8 eaux de parfums et 9 extraits plutôt estampillés féminins mais je dois dire que j’aurai pu en porter plusieurs. J’avais envie de lui rendre hommage car je trouve toujours très triste que de très belles maisons disparaissent avec leur créateur. Je crois que l’on peut encore trouver des parfums sur internet mais sans doute pas toutes les références. Je ne vais donc pas, comme j’en ai l’habitude, sélectionner des références que je vais passer en revue mais plutôt essayer de vous restituer mon impression générale sur cette si belle et si raffinée maison disparue ou, je l’espère, seulement endormie en attendant que quelqu’un la fasse revivre.

Vero Kern avait commencé sa formation à plus de 60 ans après un début de vie passé à se remettre en question et à explorer diverses branches professionnelles. Elle avait été hôtesse de l’air, propriétaire d’un SPA en Suisse. Elle avait donc lancé, en 2007 sa marque et ses premières créations avaient été lancées en extrait de parfum ce qui était complètement à contre-courant de ce qui se faisait à l’époque et j’avais été sous le charme. Je pense que les premiers devaient être « Kiki » et surtout « Onda » que j’ai porté ensuite dans sa concentration eau de parfum. C’était une création absolument étonnante, un peu vintage. Puis d’autres merveilles sont nés. C’était un travail très déroutant et très riche autour d’un fond de vétiver et de patchouli avec des notes de fruit de la passion, de bergamote, de gingembre en tête et un coeur d’ylang-ylang et d’iris un peu miellé. Le tout avait quelque chose de miellé et de finalement très singulier.

Il y a eu, par la suite de nombreuses merveilles comme « Mito » décliné en « voile d’extrait » qui remportait bien les suffrages. Les parfums de Vero Kern étaient à son image, déroutants, incroyables, tout à fait élégants et complètement baroques. Elle avait une signature qui a été pour moi, quelque chose de vraiment envoutant. J’ai particulièrement le très jasminé « Rubj » lancé en 2013 et je suis un peu passé à côté de « Naja » sa toute dernière création sortie en 2017 et qui était un hommage assumé à « Tabac Blond » d’Ernest Daltroff pour Caron qui, de tout temps avait été son parfum préféré. C’était une création autour du tabac androgyne et particulièrement réussi. Je ne sais pas si j’aurai l’occasion de mettre mon nez dessus mais je serai ravi de le découvrir. Je pense que, s’il est aussi fantastique que les autres créations de ce nez pas comme les autres, il devrait me plaire beaucoup.

Vero Kern s’est envolée à l’âge de 78 ans en 2018 et sa maison ne lui a, hélas pas survécu. J’espère qu’un jour, un passionné se donnera les moyens de retrouver les formules et de remettre sur le devant de la scène le travail d’un maître parfumeur vraiment indépendant et talentueux. Rares sont ceux avec lesquels je peux évoquer les souvenirs olfactifs que j’ai de cette maison car, il faut bien le dire, c’était une marque très confidentielle mais je suis certain que tous ceux qui les ont découvert, se souviennent des parfum de Vero Kern. J’ai eu envie de lui consacrer un petit article sans prétention pour moi, pour me souvenir du plaisir que j’ai eu à sentir ses parfums et à porter « Onda ». Je remercie Antonio de Marie-Antoinette à Paris pour l’échange que nous avons eu la dernière fois et qui m’a donné envie de me remémorer ce travail de toute beauté.