Passion Parfums

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"Il n'y a plus d'après..." Juliette Gréco et "Fracas" de Robert Piguet

 

 

 

« Je suis comme je suis… » chantait Juliette Gréco que nous avons perdu. Pour moi, elle était plus plus qu’une chanteuse, elle symbolisait la liberté de ton, d’esprit et d’action. Elle était aussi tout un pan de notre patrimoine culturel. J’ai eu le privilège de la croiser et j’ai été frappé par sa franchise, sa simplicité (c’était tout de même une légende) et j’ai eu envie de lui rendre hommage. J’ai découvert, et je n’en suis pas surpris, qu’elle portait « Fracas » de Robert Piguet. Atypique, faussement vénéneuse, la tubéreuse devait lui aller merveilleusement. De plus, « Jujube » sauvage et libre ne pouvait que s’approprier l’univers subversif de Germaine Cellier qui fut l’une des première femme à exercer le métier de parfumeur (je vous renvoie à un article de Vanity Fair que j’ai relayé il y a quelques mois) et qui était, elle aussi à la fois subversive, volontiers provocatrice et qui s’affranchissait des codes pour que les femmes (et les hommes aussi), aient envie d’affirmer leur personnalité, leurs différences et leur liberté.

 

Pour écrire cet article, je suis allé fouiller dans mes doses d’essai et (oh miracle !) j’en possédait deux de « Fracas » ! Ca valait bien quelques lignes. C’est qu’elle ne craignait rien Germaine ! La formule est longue, complexe et on est loin du soliflore auquel je m’attendais. Sorti en 1948, ce parfum a du accompagner Juliette durant des décennies (tout du moins c’est ce que j’ai lu) et je n’en suis nullement surpris. Je trouve qu’il la représente bien. L’ouverture de mandarine, de de bergamote et de jacinthe présente presque une élégante amertume et nous emmène, au bout de quelques secondes seulement à un coeur résolument floral construit comme un bouquet de jasmin, de géranium rosat, de violette, de rose et d’iris construit autour d’une tubéreuse très présente, très intense rafraichie par des notes de muguet et d’osmanthus, rendu un peu amer et cuiré voire animal par la présence du narcisse et opulent grâce à un gardénia très bien dosé. Le fond est presque chypré avec une mousse de chêne et un vétiver très finement travaillés. En fait, je trouve « Fracas » absolument magnifique. Je pense qu’il a gardé, curieusement, une certaine modernité et qu’il ne fait pas trop désuet contrairement à ce que je pensais.

 

 

 

Germaine Cellier (1909-1976): Innovator and Iconoclast ~ Fragrance Reviews

L'actrice Edwige Feuillère était aussi une adepte de "Fracas"

 

 

 

 

C’est un chef d’oeuvre, il faut bien le dire. Germaine Cellier la scandaleuse était en avance sur son temps comme l’a toujours été Gréco toute sa vie. Maintenant que je le sais, je me dis qu’entre la créatrice de parfum et la géniale interprète des poètes, un peu comédienne, un peu mime, qui perçait derrière les rires et les colères de la femme libre et entière, ne pouvaient que se rencontrer. Je ne suis pas le seul à trouver que « Fracas » est une vraie merveille puisque, il y a près de quinze ans, en 2006, il a été consacré meilleur parfum du patrimoine par la Fragrance Foundation France et reçu le FIFI Award Hall of Fame. Je me découvre un goût pour ce parfum à côté duquel j’étais passé car je me focalisait sur « Bandit », également créé par Germaine Cellier et qui a sans doute servi de modèle à toute une série de chyprés cuirés. Mais je suis en pleine digression. « Fracas » est une merveille, qu’on se le dise, et il n’est pas démodé. Bref, c’est une complète réussite.

 

 

 



16/10/2020
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