Passion Parfums

 

 

Elle était une femme libre et en avance sur un XIXème siècle empesé par des mentalités lourdes. Elle n’était pas une femme qui écrit mais un écrivain. George Sand a inspiré les auteurs, les musiciens et les cinéastes. Il m’a paru évident qu’elle donne envie à des parfumeurs d’imaginer les effluves dont elles devait s’entourer que ce soit lorsqu’elle vivait avec ses enfants quai Malaquais dans le sixième arrondissement de Paris ou dans sa maison du Berry près de Châteauroux où la Bonne Dame de Nohant s’est retirée pour écrire ses derniers romans en compagnie de Frédéric Chopin.

Il existe, à ma connaissance, quatre parfums inspirés de l’univers à la fois androgyne et un peu sulfureux de cette écrivaine hors norme. Le premier, celui que je porte depuis déjà pas mal d’année a été créé par Nicolas de Barry et Jean-François Laporte pour Maître Parfumeur et Gantier en 1988. Chypré, intense avec une ouverture fraîche de bergamote et de citron, il nous entraîne sur un coeur d’ambre et de rose puis se pose sur un fond musqué construit autour d’un patchouli précieux. En 2003, Nicolas de Barry récupèrera sa formule et la modifiera légèrement avec le concours d’Eddy Blanchet pour le ressortir dans sa propre marque. C’est cette version que je porte et que j’aime particulièrement. Je trouve que « George Sand » est l’un des plus beaux chypres du marché. Intense, envoûtant, il m’entraîne plutôt dans l’appartement d’Aurore Dupin, baronne Dudevant au coeur du Quartier Latin alors qu’elle écrivait des nuits entières avec Alfred de Musset en fumant des cigares où lorsqu’elle sortait, habillée en homme au bras de l’actrice Marie Dorval. Je trouve que « George Sand » est beau, sulfureux, à la fois moderne et tout à fait ancré dans le XIXème siècle tel que l’a voulu Nicolas de Barry. C’est une transposition de l’atmosphère du Paris de cette époque et il me l’évoque à chaque fois que je le porte. J’adore ce parfum. Il est unique et je trouve que c’est une vraie réussite. Il est mon préféré de ce que je connais de la collection des parfums historiques de Nicolas de Barry. Je pense que je le porterai aussi longtemps que je le pourrais.

Le flacon de "George Sand" à l'époque de Maître Parfumeur et Gantier

 

Le flacon actuel

 

 

C’est une George Sand que j’imagine plutôt à Nohant écoutant distraitement Chopin « parler la langue des anges » qui a pu inspirer Anaïs Biguine pour créer « George » en 2012 pour sa très belle marque Jardins d’Écrivains. C’est une fragrance plus aromatique et baumée qui pourrait sortir tout droit du jardin de la propriété d’Aurore et qui se mêlerait à l’odeur des cigares fumés par la maîtresse de maison. L’ouverture de néroli et de bergamote est très poudrée et amandée par une fleur d’héliotrope très présente. Le coeur de tabac et de café lui donne quelque chose de très original. Le fond de sel, de muscs blanc et de myrrhe donne encore une facette différente au parfum. J’ai adoré vraiment l’essayer. Il est très original et ne ressemble à rien d’autre. Je trouve que « George » est une vraie réussite comme la plupart des parfums créés par Anaïs Biguine que je connais. Elle nous entraîne dans son si bel univers littéraire et olfactif. La tenue et le sillage sont excellents. Je n’ai pas encore franchi le pas mais je pense que je pourrais facilement porter « George ». C’est un parfum à la fois original et quand même réconfortant. Je lui trouve beaucoup de charme. George Sand était une enfant du siècle et, de ce fait, elle était très originale et novatrice dans ses choix de vie et sans doute aussi dans ses goûts en matière de parfum. Je pense qu’elle aurait bien pu porter « George ».

 

Dans la collection des Characters (Personnages en français dans le texte), mon préféré est sans aucun doute, et je pense que ce n’est pas un hasard, « 1804 George Sand » (on y revient toujours). Décidément, l’écrivaine avant-gardiste et éternelle amoureuse n’en n’a pas fini d’inspirer les parfumeurs. Après avoir découvert les fragrances que lui ont dédié Nicolas de Barry pour sa collection des Parfums Historiques et Anaïs Biguine pour sa marque Jardins d’Écrivain, j’ai été séduit par cette création d’Histoire de Parfums créée en 2001. La marque la décrit de la manière suivante : « C’est sous le pseudonyme androgyne de « George Sand », que l’on connait cet écrivain géniale. Amoureuse passionnée et figure engagée, elle incarne la première femme moderne. Pour ses héritières contemporaines, un parfum à son image, généreux et sensuel » et c’est une interprétation toute différente de l’univers de l’auteure de « Histoire de ma vie » ou de « Lélia » qui est donnée. L’envolée est assez exotique avec des notes de fleur de tiaré, de pêche de corse, et d’Ananas hawaïen qui est prépondérant, le coeur se fait épicé et construite autour du jasmin indien et opulent, du muguet et de la rose marocaine capiteuse avec des accents épicés de noix de muscade et de clou de girofle sur un fond de santal, de patchouli et de vanille soutenue par une résine de benjoin et poudré de muscs blancs. En règle générale, je n’aime pas trop les parfums fruités et il est vrai que cette fragrance ne m’évoque pas forcément l’univers de George Sand mais je dois bien dire qu’elle m’a plu énormément et que je pourrais sans doute la porter facilement plutôt en été le temps d’une soirée un peu chic tout en restant chaleureuse. Il est, pour moi, une gros coup de coeur.

 

"Un parfum floral extraordinaire, ayant appartenu au 19ème siècle à George Sand et recrée par Dominique Ropion. Une senteur inédite, enivrante de rose Turque, la damascena, la plus noble, odorante et luxueuse de toutes les roses.  S’y mêlent comme pour renforcer encore son pouvoir de séduction un patchouli terreux, boisé, hautement sensuel et aussi l’iris aux accents poudrés et raffinés, l’ylang ylang floral et capiteux, le vétiver, une essence cuirée fumée au tempérament de feu". Je connaissais donc déjà trois parfums dédiés à Aurore Dupin, Baronne Dudevant. Pour « Les Nuits », inspirée d’une nuit chaude d’été dans la maison de Nohant, Annick Le Guérer a pu se procurer un fond de flacon de voyage ayant appartenu à l’écrivaine et qui a servi de base à la formule imaginée par Dominique Ropion. Alors là, je peux parler vraiment de coup de coeur ! Construit autour de l’une des plus belles roses Damascena que j’ai senti dans ma vie, ce parfum s’enrichit d’une formidable qualité d’iris, d’un patchouli terreux et profond, d’un ylang-ylang lumineux, d’un vétiver terreux et d’un accord cuiré légèrement fumé et très ambré. En principe, je ne suis pas vraiment un fan des ambrés fleuris mais Dominique Ropion a vraiment créé un parfum qui me réconcilie complètement avec ce style de fragrance. L’équilibre entre les notes poudrées, presque cosmétique de l’iris, l’opulence et la finesse de cette rose veloutée et le fond cuir et patchouli est une véritable merveille pour moi. Je parle parfois de chef-d’oeuvre en parfumerie et force m’est de constater qu’avec « Les Nuits », c’est ce qu’a réalisé Dominique Ropion. Vraiment, je suis emballé par ce parfum à la fois d’un classicisme étudié et d’une richesse impressionnante. Sur ma peau, il est extraordinaire et vraiment, je me suis fait plaisir quand je l’ai essayé.

 

 

 

Je pense que l'écrivaine romantique n'en n'a pas fini d'inspirer les parfumeurs. Libre, talentueuse, flamboyante, George Sand, est l'un des personnages majeurs de la littérature du XIXème siècle. Pour le coup, je trouve sa personnalité atypique, controversée mais fédératrice aussi passionnante que ses romans. Je crois qu'elle fait partie de mes auteurs favoris depuis l'enfance et je ne peux m'empêcher d'être très content que les parfumeurs lui rendent hommage. En tout cas, les quatre parfums que j'ai trouvé sont très différents et chacun pourra y retrouver "sa" facette de George Sand.