Passion Parfums

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"Je pouvais sentir son parfum de tubéreuse"

* Article entièrement réécrit

 

Fichier:Starr 070906-9086 Polianthes tuberosa.jpg — Wikipédia

 

 

 

Elle fait partie des fleurs les plus difficiles pour moi à aborder. Ses effluves capiteuses m’ont tout d’abord dérangé et maintenant, je l’aime peut-être autant que l’ylang ylang qui est l’une de mes matières premières naturelles préférées car, en parfumerie, elle offre nombre de possibilités. La tubéreuse est profonde, elle peut se faire animale, ronde ou au contraire verte, comme un bourgeon après la pluie si elle associée à des notes boisée ou aromatique. Sa palette est immense et il me faut vraiment essayer d’être synthétique pour trouver des interprétations représentatives des différentes « couleurs olfactives » qu’elle peut prendre. Il y a longtemps que j’avais envie d’écrire cet article mais je ne savais pas vraiment par où commencer. Allez, je me lance.

 

« Le joyau convoité de la collection scintillante de Piguet, Fracas, né en 1948 et révolutionnaire, est un précurseur de tendances depuis longtemps. À l'époque, la parfumeuse légendaire Germaine Cellier cherchait à créer un parfum qui ferait sensation et laisserait un effet troublant sur tous ceux qui le découvriraient. Avec ses accords opulents et incomparables de tubéreuse et de jasmin, cette composition onctueuse et onctueuse enveloppe la peau et réchauffe par son alchimie unique. Contrairement à de nombreux parfums floraux blancs traditionnels, Fracas est sombre et voluptueux. De riches accents de bois de santal et de musc délicat rehaussent son éclat et sa complexité. Son héritage et son talent artistique inégalé ont valu à Fracas une place de choix au Panthéon de la Fragrance Foundation ». C’est en 1948 que la maison Robert Piguet demande à la grande parfumeuse Germaine Cellier de lui créer un parfum floral capiteux, unique, un peu subversif et il portera bien son nom. Il s’agit de « Fracas ». Fleuri, intense, on pourrait le croire classique. Après un départ très vert et agrumes avec un brin d’amertume, la fragrance se fait explosive, capiteuse, enivrante. C’est un bouquet de fleurs ambrées mais c’est l’oeillet et la tubéreuse qui ressortent vraiment une fois sur la peau tout en négligeant pas de discrètes notes d’iris, de violette et de muguet. S’il parait un peu daté au premier abord, je pense qu’il faut remettre « Fracas » dans le contexte de l’après-guerre car il est vraiment en rupture avec les créations de Guerlain, Molinard ou Caron de cette époque. Il se veut envoûtant et il l’est. Je trouve qu’il résume très bien le côté « dure à cuire » de Germaine Cellier et qu’il est, finalement devenu un intemporel, voire même un classique. D’ailleurs en 2006, il remporte le Fifi Award Hall of Fame décerné par la Fragrance Foundation de France, qui. Le consacre ainsi comme l’un des parfums les plus réussis de tous les temps. Je pense qu’il a du, durant les décennies passées, être reformulé mais il est toujours capiteux, complexe et il n’est toujours pas pour tout le monde.

Fracas Robert Piguet pour femme

 

« Gigi, la fameuse héroïne de Colette nous invite dans un Paris 1900. Jeune belle, espiègle, elle séduit par sa simplicité, son insouciance et sa franchise. Pour la célébrer, Jardins D'Écrivains imagine un thème de fleurs blanches vives et fruitées ». En 2013, Anaïs Biguine lance « Gigi » qui fait également la part belle à la tubéreuse mais travaillée de manière complètement différente. Elle est associée au bois de santal at au cassis après une envolée de jasmin et de fleur d’oranger. Avec cette création, toute en « pep’s » et en transparence, la marque donne une lecture très fraîche de la tubéreuse. L’envolée, très fraîche de fleur d’oranger et de néroli est comme agrémentée d’un versant herbe coupée puis vient un coeur très vif de tubéreuse et de jasmin rehaussé de cassis puis le parfum se pose sur un fond tout doux de santal et de muscs. J’avais une dose d’essai et j’ai essayé « Gigi » il y a seulement quelques jours. Je trouve qu’il y a un côté eau de toilette du XXème siècle épurée, qui n’a aucune prétention sans pour autant être conçue de manière simpliste. Anaïs Biguine a, je trouve, été très inspirée en créant ce parfum plein de charme et, j’ose le dire, de jeunesse. C’est un dépoussiérage de cette partie de la famille olfactive des floraux indéniable tout en lui conservant un petit charme suranné tout à fait délicieux. J’ai été séduit par ce parfum très agréable, peut-être plus léger et plus frais que les autres créations de ma sélection.

Gigi Jardins d’Ecrivains pour femme

 

Il était évident que j’allais revenir sur « Le Grand Jeu », créé par Isabelle Doyen et Camille Goutal pour leur marque 100% naturelle Voyages Imaginaires en 2020. C’est un parfum dont j’ai parlé souvent mais je le porte tellement que je ne pouvais absolument pas passer à côté. Ça n’aurait pas été honnête. « Le grand jeu est un blanc éblouissant sous un soleil aveuglant, symbolisé par le lait de coco, la tubéreuse et le gardenia réunis à la vanille. De jour, la fragrance rappelle les effluves d’un corps bronzé et mouillé au soleil : intensément sensuel et séduisant. Puis, une fois la nuit tombée, elle suggère une chaude soirée d’été autour d’une table de jeu, dans une élégante robe du soir. Comme les autres créations de la maison, ce parfum est 100% naturel et a pour base un alcool de blé bio ». C’est un travail très différent des deux premières compositions que j’ai choisi car la tubéreuse est au coeur d’une composition très solaire qui s’ouvre avec des notes de noix de coco très originales car fraîches et même « lumineuses » si j’ose dire. Le coeur de gardénia et de tubéreuse vient apporter des notes animales mais aussi très solaire, presque « plage » que je trouve particulièrement addictives. Sur ma peau, se développe même un côté très exotique qui se confirme avec un fond dans lequel la plus belle des qualités de vanille (que j’aime beaucoup également dans « Comme Un Gant » de la même maison) qui donne quelque chose de profond et de tendre à la fois. « Le Grand Jeu » est vraiment « comme fait pour moi » et je le sais depuis que je l’ai découvert. Vraiment, je l’aime et je n’arrête pas de le porter.

Le Grand Jeu Voyages Imaginaires pour femme

 

« Une fragrance obsédante, annonciatrice d'une femme dans toute sa séduction. Une tubéreuse verte dans un écrin végétal ». Il m’est impossible de ne pas parler de la plus clivante, de la plus incroyable des tubéreuses que je possède. Bien sûr, il s’agit de « Nuit de Bakélite » créée également par Isabelle Doyen, mais cette fois pour Naomi Goodsir en 2017. Je l’ai raconté maintes fois, j’ai eu beaucoup de mal avec les notes de tête que je trouve un peu difficile. L’angélique, la feuille de tomate, la feuille de violette et le galbanum donnent à l’envolée quelque chose d’incisif, de vert et de presque « plastique ». J’avoue que ça m’a dérouté. Vient le coeur de tubéreuse, certes un peu fantômatique, qui se charge de notes terreuses d’iris et de Karo karounde. Le bois de gaïac, légèrement plus rond, se mêle à des versants cuir, labdnanum, styrax mais aussi tabac et davana. Sophistiqué en diable, ce parfum est vraiment très impressionnant. Il ne ressemble à rien d’autre. Il s’agit d’une tubéreuse très verte, boisée, même cuirée que je peux peux porter toute l’année car jamais il ne m’entête en dépit d’une tenue indestructible et d’un sillage extrêmement persistant. Pour la petite histoire, si je ne remets pas le flacon dans sa boite, le parfum embaume mon placard même s’il est fermé. « Nuit de Bakélite » est une merveille d’inventivité et de créativité. Pour moi, il s’agit d’un parfum hors-norme dont j’ai beaucoup de mal à me passer.

Nuit de Bakélite Naomi Goodsir pour homme et femme

 

Ouf, je m’en suis tiré ! Bien sûr, j’aurais pu citer plein d’autres parfums dans lesquels la tubéreuse est travaillée en majeur et que j’aime particulièrement comme « 1992 Purple Night » des Bains Guerbois que j’aime particulièrement, « Shangaï 1930 » d’Astrophil & Stella que j’ai énormément porté cette année, « Carnal Flower » des Éditions de Parfums Frédéric Malle, que je considère comme incontournable ou encore, « Charming Tuberose » de Majouri, « Aldébaran » de Marc-Antoine Barros ou encore « Charade » de Sarah Baker que je viens de découvrir. La liste est interminable et j’en oublie pas mal. Je suis devenu un inconditionnel de la tubéreuse et je crois que j’en porte beaucoup de très différentes. Pour cet article, j’ai eu envie d’explorer des parfums très différents les uns des autres. J’espère que je vous aurais donné envie d’aller explorer cette note fascinante, narcotique ou animale, florale ou franchement verte. Les manières de la travailler sont inépuisables.

 



15/08/2025
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