Passion Parfums

À la demande générale, je suis allé rendre visite à Christine et Pénélope à la boutique Jo Malone London de Lyon et c’est toujours un plaisir tant l’accueil est agréable. J’ai pu ainsi redécouvrir plusieurs parfums sur lesquels j’étais passé peut-être un peu rapidement. Je dois dire que j’ai remarqué plusieurs pépites qui m’avaient pas mal échappées. La marque est suffisamment intéressante et recèle plein de belles fragrances. Jo Malone London, c’est l’élégance dans la simplicité et, parfois, ces formules courtes, épurées, me font plaisir à sentir. Elles sont conçues pour pouvoir être superposées et je pense que le résultat est souvent une réussite mais j’avoue que je ne le fais pas parce que je les aime bien « à l’unité ». Si l’hiver, je porte beaucoup « Orange Bitters » qui ressort en décembre chaque année, j’ai découvert qu’il y avait d’autres créations qui me tenteraient facilement où du moins que j’aimais beaucoup sentir. Voici donc une nouvelle revue Jo Malone London, j’espère qu’elle sera à la hauteur de vos attentes :

Créé en 2010 par Christine Nagel, devenue depuis, nez exclusif de la maison Hermès, « English Pear & Freesia » est un fruité qui m’a beaucoup plu et qui semble être devenu l’un des incontournables de la maison tant il a du succès. Le départ suave de melon et de poire est à la fois rafraîchissant et tout à fait efficace car tout de suite le jus devient addictif et on a envie d’y revenir et, lorsqu’elle évolue sur un coeur de freesia (une note que j’aime beaucoup) et de rose, elle se fait classique mais c’est fugace car le fond légèrement ambré et musqué recèle un « socle » de patchouli et de rhubarbe que Christine Nagel travaille avec toujours beaucoup de goût. Si j’aime sentir « English Pear & Freesia », j’avoue qu’il n’est pas forcément pour moi. Je le trouve un peu trop doux peut-être mais il ne faut jamais dire jamais.

 

 

J’étais complètement passé à côté de « Poppy & Barley » lancé d’abord dans une collection éphémère puis intégré à la collection en 2019 et créé par Mathilde Bijaoui. C’est un parfum vraiment étonnant. Le départ de figue, de cassis et de violette me gêne un peu mais quand arrive le coeur de blé et de pavot, je suis beaucoup plus séduit. C’est, aussi étrange que ça puisse paraitre, un « parfum céréale » car le fond musquée s’appuie sur des notes d’orge et de son de blé. Il est particulièrement original il faut bien le dire. La marque le classe dans les floraux mais pour moi, c’est un vrai ovni dans la parfumerie d’aujourd’hui. J’ai vraiment accroché mais, comme pour le précédent, je préfère le sentir que le porter. Je ne sais pas si la bougie existe mais elle me semblerait comme on dit « de bon aloi ».

 

 

Je ne pouvais qu’être séduit par « Honeysuckle & Davana » créé par Anne Flipo en 2018 car il a tout ce que j’aime. Je suis complètement envoûté par les effluves du chèvrefeuille travaillée en quasi solinote après un départ de davana, cette plante qui commence à bien séduire les parfumeurs. Au coeur on retrouve donc le chèvrefeuille délicatement poudrée par des notes de de rose et un fond de mousse. Il est typiquement le style de fleuris que j’aime, très simple, à la fois transparent et tenace. J’aime beaucoup « Honeysuckle & Davana » et il est fort probable que je me penche dessus un peu plus lorsque les beaux jours reviendront. Floral et légèrement poudré dans son évolution, c’est un petit bijou tout à fait dans l’esprit Jo Malone.

Avec « Mimosa & Cardamom » créé en 2015 par Marie Salamagne, je suis, une nouvelle fois, au coeur de ma zone de confort. Poudré, épicé, il coche toutes les cases. Le départ à la fois doux et épicé, le coeur poudré et le fond rond de fève tonka, tout y est. C’est vraiment un coup de coeur mais je n’en suis pas surpris. Je remarque toujours que j’aime beaucoup l’odeur du mimosa travaillé en parfumerie alors que celle de la fleur dans la nature me dérange et m’entête. Ce sont les mystères de l’olfaction. En tout cas, je le redis, « Mimosa & Cardamom » m’a séduit complètement. C’est un coup de coeur.

J’avais beaucoup entendu Delphine, de la chaîne YouTube « Parfum » parler de « Peony & Blush Suede » qu’elle aime beaucoup. Comme je sais qu’elle connait bien la marque, je lui ai fait confiance et j’ai eu envie de le découvrir. Très honnêtement, il n’est pas pour moi mais je le trouve absolument réussi. Créé par Christine Nagel en 2013, c’est un floral fruité particulièrement original. Le départ d’oeillet et de jasmin m’a un peu surpris mais le coeur de rose et de pivoine construit autour d’une délicate note de pomme rouge est absolument parfait. Le fond de daim soutient discrètement l’ensemble. C’est une création vraiment lumineuse. J’ai adoré mais, sur moi, je ne pense pas en avoir envie. J’aimerais vraiment par contre, le sentir autour de moi dans une pièce au printemps ou en automne. Délicat et profond, « Peony & Blush Suede » est, pour moi, la quintessence de la marque.

 

Je ne suis pas forcément fan des parfums boisés donc il faut bien le dire, « English Oak & Hazelnut » créé par Yann Vasnier en 2017 a été la bonne surprise de ces découvertes ! Il y a quelque chose de frais dans la note de tête et très vite, le cèdre et la noisette, travaillés très finement se posent sur un fond de chêne. Je re-sens ce parfum sur ma peau en écrivant et je suis séduit et re-séduit. Je découvre des notes épicées, profondes, entre simplicité et élégance à l’anglaise. C’est une promenade dans les bois du sud de l’Angleterre, c’est très net. Je porte très rarement des parfums boisés mais celui-ci, c’est évident, me séduit et je pourrais très facilement me l’approprier. C’est une véritable réussite. J’aurai plaisir à porter la miniature qui m’a été offerte avant de me décider à me l’offrir. Il est l’un de mes grands coups de coeur de cette découverte. Je suis complètement fan.

 

Mon coup de foudre de cette sélection est indéniablement « Black Cedarwood & Juniper » créé par Christine Nagel en 2014 et inspiré par les rues de Londres après la pluie. (D’ailleurs son nom original était « London Black Cedarwood & Juniper ») et j’ai été absolument sous le charme dès que je l’ai senti. C’est une merveille ! Plus qu’un boisé, c’est un parfum épicé sans aucun doute. Le départ de bergamote et de cumin, le coeur de genévrier et le fond très « crayon à papier » du cèdre se marient parfaitement pour donner, sur ma peau, un parfum épicé, profond, à la fois chaud et froid. Son originalité dans la simplicité m’a immédiatement séduit. Je suis complètement sous le charme. Je sens aussi une note de piment. C’est une très belle création. Un seul regret, c’est un parfum qui va être supprimé du catalogue. Je l’ai découvert un peu tard.

Il y a quelques jours, j’avais réessayé « Bronze Wood & Leather » dans la collection des intenses. J’avais beaucoup tourné autour quand je l’ai découvert à sa sortie en 2019. Il est dans la mouvance de ces parfums cuirés sec comme « Ombré Leather » de Tom Ford ou encore « Leather » chez Acqua di Parma et j’avoue que j’avais eu envie de le porter car je le trouvais plus « facile » que ceux que j’avais découvert dans le même esprit. Le départ de pamplemousse et le coeur de genévrier sont très fugaces et le fond de cuir et de vétiver arrivent assez vite. Je trouve ce parfum à la fois très fumé et linéaire. Je l’aime bien. Il est très réussi mais il ne doit pas être pour moi car son intensité a tendance à être un peu trop importante pour moi et son évolution sur ma peau tend plus vers un côté boisé que réellement cuiré. J’ai bien fait de l’essayer à nouveau. Je pense qu’il est de ces parfums que j’aime sur les autres mais pas sur moi.

Si je dois choisir un intense, il me semble que « Dark Amber & Ginger Lily » créé en 2008 pourrait être celui-ci. Le départ de gingembre, de cardamome et de poivre rose, le coeur floral d’orchidée, de nénuphar, de jasmin et de rose et fond d’ambre noir, de cuir et d’encens japonais soutenu par le patchouli lui donne une grande originalité. Il y a quelque chose de doux, de profond et d’intense à la fois dans ce parfum qui garde tout de même une certaine fraicheur. J’avais demandé à le porter sur mon poignet et j’ai été complètement séduit. Je pense qu’il sera le prochain Jo Malone London car, vraiment, c’est une merveille ! Son étrangeté m’avait d’abord un peu rebuté mais cette fois j’ai beaucoup aimé l’osmose avec ma peau. C’est une pépite !

Entre « Tuberose Angelica » et moi, c’est toujours la même chose. C’est un peu, « je t’aime, moi non plus ». Créé par Marie Salamagne en 2014, ce duo de tubéreuse et d’angélique me séduit, me repousse, me re-séduit… Dans ce parfum, il n’y a pas de note de tête, on entre directement dans ce coeur duel du côté presque médicinal de la tubéreuse qui s’harmonise avec le coeur « croquant » et vert de l’angélique. C’est un fruit confit, une véritable addiction puis un léger entêtement. Je trouve la création vraiment magique mais je ne suis pas du tout certain de pouvoir la porter. Le côté un peu ambré du fond arrondit peut-être trop la fragrance pour moi je ne sais pas. Je la trouve super délicieuse à sentir, elle me fait envie puis je me dis que je ne pourrais pas la porter. « Tuberose Angelica » est typiquement le genre de parfum que j’aime sur les autres, que je voudrais m’approprier mais qui n’est pas pour moi. Il me faut l’accepter. Ceci dit, c’est sans doute l’un des bijoux de la collection des intenses.

« Amber & Lavender », « Earl Grey & Cucumber », « Orange Bitters », « Waterlily » et j’en passe, que ce soit dans les collections permanentes ou dans celles qui sont (hélas) éphémères, je me rends compte que j’ai, au cours de ces dix dernières années, beaucoup porté de parfums Jo Malone London. J’aime vraiment l’esprit très simple sans jamais être ordinaire voulue par la marque et je trouve qu’il s’en dégage une élégance épurée qui, alors que j’aime aussi les parfums sophistiqués, me plait et me séduit complètement. Je m’aperçois aussi que je pourrais porter de nombreuses créations de la marque et que celles qui ne sont pas pour moi, j’aime quand même les sentir. Oui, je pense que c’est une maison de parfums qui me convient bien. Merci aux lecteurs qui m’ont demandé cette revue. J’ai pris énormément de plaisir à la préparer et à l’écrire.