Passion Parfums

 

 

 

 

Julie Dunkley a débuté chez FD&O dans le cadre d'un apprentissage en laboratoire en juin 1988 après avoir quitté l'école et y est restée jusqu'en 1991, date à laquelle Givaudan a acquis l'entreprise. Elle a ensuite rejoint Belmay Fragrances en tant que technicienne de laboratoire en juin 1991. C'est là que son amour de la parfumerie a vraiment commencé, travaillant aux côtés de Lisa Hipgrave, elle a progressé pour devenir parfumeur stagiaire et finalement, après 6 ans, parfumeur. Belmay a été revendue à Symrise en 2013 et Julie Dunkley est restée comme parfumeur. En 2014, un poste de parfumeur senior est devenu disponible chez Phoenix Fragrances, pour lequel elle a postulé et obtenu et y est maintenant depuis 9 ans. Pourquoi je vous parle de cette parfumeuse britannique ? Tout simplement parce qu’elle est, depuis 2015, avec Julie Marlowe, l’une des créatrices attirée de Beaufort London, la marque créée par Leo Crabtree. Il s’agit, pour moi, d’une maison vraiment atypique, rare, et qui a su, malgré des créations particulièrement clivantes, me séduire complètement. J’avais donc très envie de parler de Julie Dunkley car c’est elle qui se trouve derrière l’un des parfums de la marque que je préfère et sans doute pour moi, de l’une des plus belles roses du marché. Mais n’anticipons pas, essayons de suivre le fil des créations de cette compositrice de fragrances pas comme les autres, tentons de nous laisser bercer par son univers si particulier, parfois clivant, toujours original.

Je vais donc revenir sur les trois parfums que Julie Dunkley a signé seule, sans son binôme, pour la marque et je vais le faire par ordre chronologique. C’est donc en 2017 que nait, dans la Revenants Collection, « Iron Duke », littéralement « Le Duc de Fer ». Il s’agit du volume 1 de la série et, le moins que l’on puisse dire est qu’il s’avère atypique ! En le redécouvrant, je me dis qu’il n’est vraiment pas facile à porter. « Iron Duke est un hommage à Arthur Wellesley, duc de Wellington (1769-1852). Ici, parfumeur Julie Dunkley a créé un parfum étonnamment puissant avec des profondeurs de notes animales - une apparition du célèbre cavalier, homme politique, guerrier et pionnier de la mode de l’époque ». Après une envolée absolument bluffante de tabac, de notes liquoreuses, de oud cambodgien et d’anis étoilé le parfum se développe sur un coeur composé de notes animales reconstitué, d’un accord de savon glycériné comme celui que l’on utilise pour entretenir la briderie et la sellerie en équitation, de cuir et de bois brûlés puis le parfum se pose, si l’on peut dire, sur un fond de poudre à canon, de foin, de muscs sombres enveloppés d’un accord bourbon. Lorsque j’avais découvert ce parfum à la parfumerie Sens Unique à Paris il y a quelques années, il ne faisait pas partie de ceux qui avaient retenu mon attention. Je ne peux pas dire qu’il m’avait déplu pourtant. Aujourd’hui, lorsque j’utilise la dose d’essai sur ma peau, je me dis qu’il est vraiment dingue. Je ne peux absolument pas le comparer à autre chose. Difficile à porter, très fumé, il ne m’enveloppe pas vraiment comme je le voudrais mais, artistiquement, c’est un travail absolument incroyable. Il faut absolument découvrir ce « Duc de Fer ». Il est incroyable !

 

 

 

En 2018, vraiment en collaboration avec Leo Crabtree comme directeur artistique, Julie Dunkley invente un autre parfum totalement inédit et baroque. Il fera aussi partie de la Revenant’s Collection et s’appellera « Rake & Ruin » (littéralement « Ratisser et Ruiner »)… « Inspirés par ces scènes de décadence dans la capitale du roi George, Beaufort London ravive leur esprit dans Rake & Ruin - un parfum qui capture une soirée dans une taverne où le gin coule à flot, les habitués passent un bon moment et la chut commence… Cette puissante eau de parfum (concentration de 30%) présente les ingrédients botaniques des boissons qui autrefois remplissaient les verres, les bois sombres des planchers sur lesquels elles ont été renversées et des allusions animales aux actes débauchés qui ont eu lieu ». Je ne sais pas pourquoi, ce parfum ne m’a pas fait penser à « La Folie du Roi George » mais plutôt à un épisode de la série « Chapeau Melon et Bottes de Cuir » avec Patrick McNee et Diana Rigg et qui s’intitule « Le club de l’Enfer ». L’imagination olfactive est parfois quelque chose de vraiment étonnant. Pour transcrire cette atmosphère en parfum à porter, Julie Dunkley y est allée fort en travaillant les notes fumées mais aussi très alcoolisées dans une eau de parfum concentrée à 30%, donc avec une tenue très longue et un sillage imposant. Après une envolée d’orange, de coriandre, de baies et de bois de genévrier enveloppés d’un accord fumée et gin, le coeur d’aiguilles de pin, de ciste, de racine d’iris et d’huile de bois de cade avec, en traces, un accord castoreum, donne une profondeur incroyable au parfum qui ne se pose qu’au bout d’un long moment sur un fond de muscs blancs et sombres, de notes boisées et d’un accord fumée. Tout comme « Iron Duke », ce parfum n’est pas facile à porter mais je le trouve quand même moins délicat à aborder. Sur ma peau, il est très animal mais jamais too much. Il faut y aller avec parcimonie car vraiment la tenue est atomique mais, s’il reste difficile à porter, j’ai du plaisir à le sentir autour de moi. Pourrais-je le porter ? Je ne sais pas mais il est suffisamment intrigant pour que m’y remette.

 

Toujours dans la Revenants Collection, en 2022, Julie Dunkley a composé toute seule l’un de mes parfums préférés de la marque et peut-être de toute la parfumerie. Il s’agit de « Acrasia ». « Dans une forêt enchantée vit Gloriana, reine des fées, qui fait perdre cœur à tout mortel qui la croise et qui ose la conquérir. Un jour, elle envoie son jeune héros combattre la vilaine sorcière Acrasia, incarnation de la convoitise et du dépit. Mais Acrasia, belle et maligne, a fait de son château un véritable paradis terrestre où il est impossible de la conquérir devant ses charmes indomptables. Ce parfum, inspiré d’un poème d’Edmund Spencer, allie enchantement et fougue dans de fabuleux accords de citron et de vin, de cannelle, d’encens, de patchouli et de jasmin. Un véritable parfum ensorceleur ». Tout comme « Fathom V », issu de la collection Come Hell or High Water, ce parfum a été, pour moi, un coup de coeur immédiat. Il est sans doute, à mon sens, la plus belle rose que je possède et également la plus atypique. Après un départ très fusant de bergamote et de citron arrondi par un accord vin rouge et cannelle, le coeur de géranium bourbon prend toute sa place et se même aux nottes de jasmin et d’encens pour facetter une rose absolument splendide qui ira se poser sur un fond de cèdre, d’ambre, de mucs blancs, de vanille, de patchouli, de vanille et de vétiver. Ce parfum, c’est tout ce que j’aime. Il est totalement singulier, alternant notes poudrées, sombres et florales, sa tenue est excellente et son sillage modéré. Surtout, quand je le porte, il ne disparait à aucun moment et pourtant il ne me lasse pas. Pour moi, il est plus envisageable l’hiver mais je pense que je pourrais aussi le porter aux inter-saisons. Je rachèterai un flacon quand j’aurais fini le mien. Je refuse de m’en priver. Il me plait infiniment. En plus, depuis que je l’ai, il s’est renforcé et la note de rose est encore plus présente. C’est une merveille.

 

 

 

Julie Dunkley a aussi, pour Beaufort London, créé des merveilles avec Julie Marlowe et cette dernière s’est aussi illustrée seule. Je lui consacrerai un article bientôt également mais il n’est pas facile de trouver des infos. Mais j’en reviens à mon sujet, je suppose que Julie Dunkley a créé d’autres parfums pour des maison anglaises mais je n’ai pas trouvé lesquels. Je le regrette car sa signature dans sa collaboration avec Leo Crabtree m’impressionne vraiment. J’espère que cet article, sur un univers ultra-segmentant, vous aura plu et que je vous aurai donner envie. Je précise que, à ce jour, la marque n’est distribuée en France que chez Sens Unique à Paris et à la Parfumerie Bordelaise. Elle n’est donc pas facile à découvrir mais vraiment je la trouve incroyable et je suis heureux de la connaitre et de porter plusieurs créations de Julie Dunkley, entre-autres.