Passion Parfums

Parmi les parfumeurs dont j’ai découvert le travail en peu plus en détail ces derniers mois, il y a Karine Dubreuil Sereni et je dois dire que je peux assez facilement identifier sa signature, toute en transparence, en légèreté mais avec un soucis de la tenue. Elle a travaillé pour plusieurs marques et j’ai pris beaucoup de plaisir à chercher et mettre mon nez dans plusieurs parfums pour pouvoir écrire ce portrait. J’en ai sélectionné quatre et j’espère que ça va vous donner envie de les découvrir et d’aller les sentir en parfumerie.

Le premier parfum sur lequel j’avais envie de revenir est « Jasmin Satin » que Karine Dubreuil Sereni a créé en 2019 pour Maison Rebatchi car j’avais, à l’époque, eu la chance de le découvrir en avant-première et je l’avais beaucoup aimé. Elle l’a décrit par ces mots : « Jasmin Satin est un exercice figuratif mettant en jeu deux variétés de jasmin provenant d'Inde et d'Égypte. Tels des peintres mélangeant les couleurs, Mohamed et moi avons mélangé nos plus fabuleux souvenirs de la Méditerranée pour créer ce parfum. Les deux jasmins ont une fraîcheur nocturne très délicate qui s'anime avec la touche de gardénia et de bois voluptueux. Pour nous, Jasmin Satin évoque ce moment magique où le bleu de la mer scintille et brille, pénétrant l'ombre des grands cèdres dans une explosion de senteurs ». J’ai un goût pour le jasmin et j’aime particulièrement les facettes qu’offrent les différentes variétés. Avec ce parfum, la parfumeure a donné une interprétation résolument transparente et florale que je trouve vraiment séduisante. L’envolée de feuilles de gardénia et de bois de rose donne un côté très délicat qui préfigure parfaitement l’évolution et nous entraine sur un coeur regroupant deux variétés de jasmin venus d’’Inde et d’Égypte. Le premier est très opulent et le second presque fumé. Ces notes sont associés à un accord lys, à la fleur d’oranger et à la pêche de vigne avant de se poser sur un fond de cèdre de Virginie, d’ambre blanc, de musc et d’un accord de sable. Sur ma peau, « Jasmin Satin » porte très bien son nom. Je le trouve un peu moins lumineux que sur le papier mais il a quelque chose d’élégant, de discret et de suave. Je l’aime vraiment beaucoup. Ça avait été le cas à sa sortie mais je pense toujours la même chose.

En 2020, Karine Dubreuil Sereni a créé pour la collection Noir Premier de Lalique un parfum précieux qui m’avait beaucoup impressionné. Il s’agit de « Plume Blanche 1901 » dans lequel je retrouve la délicatesse de cette signature qui vraiment me plait bien. « Scintillant comme une gemme. Léger comme une plume. Soyeux comme une brise. Plume Blanche transforme l’élégance sinueuse de la traîne d’un paon blanc en fragrance ». Après un départ de mandarine très douce et de feuille de violette, le parfum se fait suave et encore plus doux avec un coeur de feuilles d’amandier, de cardamome et de jasmin légèrement animal épicé de poivre rose puis nous arrivons aux notes de fond profondes et élégantes de benjoin, de muscs blancs, de patchouli, de fève tonka, d’héliotrope et de cèdre blanc. « Plume Blanche 1901 » est résolument amandé et donc il correspond parfaitement à mes goûts. Je pourrais très bien le porter mais il faut vraiment être sûr car il fait partie de la collection privée vraiment très onéreuse de Lalique et il dépasse pas mal les limites de prix que je me fixe en permanence. Ceci dit, il est doté d’une excellente tenue et d’un sillage juste comme j’aime et il est contenu dans un magnifique flacon art déco qui est, en lui-même un objet typique de ce verrier emblématique de l’art de vivre à la française. Vraiment, c’est un parfum luxueux et très délicat qui mérite, à défaut d’être adopté, au moins d’être essayé.

Alors là, je sors de mes goûts avec « L’Eau d’Ambre » créé par Karine Dubreuil Sereni en 1993 pour L’Artisan Parfumeur et qui doit, être, si je ne m’abuse, l’un de ses premiers parfums. Il faut le dire, pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître puisqu’il est devenu un succès très important dans la marque avant, d’être supprimé récemment. Je dois dire que je ne comprends pas vraiment le choix de la marque car il me semblait qu’il avait vraiment un public puisque une déclinaison, « L’Eau d’Ambre Extrême » avait été lancée quelques temps après. J’avais des échantillons alors j’ai pu le réessayer et j’espère qu’il renaitra de ses cendres car, c’est un parfum, notamment dans sa version eau de toilette, qui était devenu un classique. Je le trouve simple, efficace, délicat et délicieux même si j’avoue qu’il manque peut-être un peu de caractère pour mon goût. Serait-il trop classique ? Peut-être mais en tout cas, c’est tout de même un beau parfum que je préfère vraiment à sa version extrême car aucune note n’est forcée et qu’il garde une belle tenue tout en restant très discret et très bien fait. Je pense qu’il est dommage qu’une telle ambre soit supprimée mais avec L’Artisan Parfumeur sait-on jamais, peut-être réapparaitra-t-il un de ces jours.

Karine Dubreuil Sereni a pas mal collaboré avec Bon Parfumeur et a signé pas moins de huit parfums pour cette maison qui doit avoir un cahier des charges très précis. J’ai pas mal hésité car il y en a plusieurs que j’aime bien notamment « 2019 Vodka Tobacco Juniper » j’aime bien aussi le « 801 Sea Spray Cedar Grapefruit », le « 902 Armagnac Blond Tobacco Cinnamon » mais j’ai finalement opté pour le « 802 Pivoine Lotus Bambou » que je trouve vraiment très original. Il est décrit ainsi par la marque « Entre terre et eau, le 802 célèbre l'évolution de la pivoine. D'abord fraîche et verte, elle fleurit sous la rosée du matin, puis - poudreuse et onctueuse - la senteur devient crémeuse. Enfin, elle révèle ses notes florales vibrantes, réchauffées par le coucher du soleil. Le 802 rappelle la rosée infusée par la pluie, la mer, les fleurs et le musc blanc et cotonneux. Un floral aquatique évoquant la rencontre fortuite des fleurs et de la rosée entre des notes fraîches et capiteuses ». La pivoine aquatique est soutenue par les notes vertes du bambou et je dois dire que j’aime bien cette association en parfumerie. Il en résulte une pivoine travaillée comme une rose avec des notes de galbanum très vertes et d’autres plus aquatiques et florales. C’est un compagnon d’été fort agréable et assez original car la pivoine, prépondérante, prend le pas sur la fleur de lotus plus aquatique par moment et que le duel entre les deux en fait un parfum évolutif et très délicat.

Karine Dubreuil travaille tout en délicatesse et en réconfort. J’aime vraiment beaucoup cette signature car les parfums ne sont jamais ni too much ni trop chimiques. Il y a toujours comme un naturalisme agréable, original et très reconnaissable. En tout cas, j’aime beaucoup chacun des parfums que j’ai pu réessayer en écrivant cet article.