Passion Parfums

 

Plusieurs d’entre-vous me demandaient depuis déjà quelques temps de faire une revue de la marque Kilian. J’ai évoqué plusieurs fragrances au fil des articles mais il m’a fallu vraiment me pencher dans les doses d’essai que j’ai glané ci et là pour vous sélectionner quatre parfums qui pour moi, sortent du lot. Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas tellement attiré par cette maison qui sent plus l’argent que le parfum à mon sens. Jus convenus, packagings bling bling, prix exorbitant, je partais avec un à-priori franchement négatif dont j’ai essayé de me départir pour sentir voire essayer une dizaine de créations avant de me mettre à écrire. Je dois dire que je n’ai pas forcément été séduit en général mais quelques exceptions m’ont rendu plus indulgent en ce qui concerne la marque.

Qu’est-ce que Kilian ?

Créée par Kilian Hennessy, héritier des alcools du même nom et qui est l’une des sociétés fondatrices du groupe LVMH (Louis Vuitton, Moët, Hennessy), c’est une maison de parfum lancée en 2007 qui se veut extrêmement luxueuse, inspirée de divers univers artistiques. Après une rapide formation, Kilian Hennessy s’est adjoint la collaboration de plusieurs parfumeurs, les uns confirmés, les autres moins connus tels Calice Becker, Sidonie Lancesseur, Alberto Morillas, Christian Provenzano, Pascal Gaurin, Fabrice Pellegrin, Honorine Blanc, Dorothee Piot, Benoist Lapouza et Frank Voelkl. Il en a résultés la sortie de 76 parfums sortis entre 2007 et 2020 ce qui est considérable. La maison se démarque par ses flacons souvent ressourçables et au look la plupart du temps très ostentatoires (j’avais trouvé que certains, notamment ceux dont les écrins étaient entourés d’un serpent doré étaient particulièrement too much) mais très bien réalisés. Je suis loin de connaitre tout ce que la marque a lancé mais j’ai essayé de me recentrer sur les parfums qui correspondaient à le plus à mes goûts. J’en ai donc retenu quatre en faisant abstraction des deux derniers dont je vous ai déjà parlé dans un précédent article. J’ai également essayé de ne pas me laisser influencer par la popularité de telle ou telle création et de ne me fier qu’à mon nez pour acquérir un peu d’objectivité. Au fil des années, j’avais glané, un peu par hasard, des doses d’essai que j’ai redécouvert et dont j’ai essayé le contenu avant de me décider à en parler.

Kilian Hennessy

Quelques parfums

J’avais déjà évoqué « Liaisons Dangereuses » créé en 2007 par Calice Becker et au nom délicieusement inspiré par le titre du roman épistolaire de Choderlos de Laclos dans mon article sur la note de prune il me semble et il est, aujourd’hui encore, sans aucun doute, le parfum que je préfère entre tous. C’est un parfum complexe avec une ouverture de pêche fugace, de cassis et de prune un peu confite, un coeur construit autour de la rose avec des accents de géranium, d’ambrette et de cannelle et un fond de mousse de chêne et vétiver un peu « orientalisé » par des notes de vanille et de bois de santal. J’ai retrouvé dans cette création un certain côté chypré fruité à l’ancienne comme j’aime même si la bergamote et le patchouli semblent absents de la formule. C’est un très joli parfum, sensuel et élégant à la fois. Sur ma peau, son développement est particulièrement beau. Je suis tout à fait conquis. J’ai utilisé la totalité de la dose d’essai et j’ai été séduit.

 

Également créé par Calice Becker et lancé dans la collection In The Garden of Good & Evil en 2012, « Forbidden Games » m’a plu contre toute attente car sur le papier, il avait tout pour me rebuter. On y retrouve une envolée de pêche, de pomme verte, de prune et de cannelle, un coeur de rose, de jasmin et de géranium bourbon qui est assez finement travaillé et un fond très oriental miellé et vanillé construit autour de l’opoponax. Certes, il est un peu sucré pour mon goût mais je lui trouve une certaine subtilité. La note de pomme verte assez présente sur ma peau au cours de l’évolution de la fragrance contrebalance l’overdose de miel et de vanille des notes de fond qui pourraient m’entêter. Je ne dis pas que c’est un parfum pour moi. Il est un peu trop opulent et son sillage est par trop envahissant. Il faut sans doute y aller avec parcimonie. De plus, sur ma peau, une note curieuse, un peu aigrelette, se développe en toute fin d’évolution. Je dois dire que ça m’a légèrement dérangé.

 

 

Sorti dans la collection Asian Tales en 2014, « Imperial Tea » a également été imaginé par Calice Becker et je dois dire que j’ai tout de suite aimé son côté un peu duel. C’est un parfum frais, assez linéaire sans vraiment de notes de tête ni de coeur. C’est un travail autour de différents thés avec un côté jasminé très agréable. Je sens le thé vert, blanc et noir en alternance et le côté fleur blanche s’harmonise délicatement avec celles-ci. Pour moi, il est un parfum très ciselé et très facile à porter. Je le trouve très réussi à défaut d’être vraiment original. J’ai déjà senti d’autres créations assez proches dans d’autres marques et qui sont vendues à un prix plus abordables. Ceci dit, je le porte au moment où j’écris et j’en éprouve un certain plaisir. J’aime bien l’utilisation du thé en parfumerie tout comme j’aime le boire très infusé aussi ne pouvais-je qu’être attiré par cette création. C’est un très beau parfum. Encore une fois, je ne sais pas s’il est encore disponible car il me semble que je n’ai pas revu la collection Asian Tales sur nos stands mais je l’aime bien.

 

 

Lancé en 2007 et créé par Sidonie Lancesseur, « Cruel Intention » est le tout premier parfum que j’ai senti. C’est un oriental boisé que je trouve assez bien travaillé même s’il n’est résolument pas pour moi. Le départ est à la fois frais avec des notes de bergamote et poudré avec une rose et une violette très présentes. La fleur d’oranger d’Afrique utilisée également est assez singulière. Je ne sens pas trop la note de oud mais plutôt le papyrus au coeur qui me fait penser à une ou deux créations que j’ai déjà senti ailleurs. Le fond est construit autour du styrax et des muscs blancs tout en gardant un côté boisé, animal et légèrement vanillé. C’est un beau parfum je l’admets mais il est un peu entêtant pour moi. Je lui préfère des créations moins « corsées ». En revanche, je lui reconnais une très longue tenue et une certaine originalité.

Pour résumer, je dirai que, hormis, « Roses on the Rocks » dont j’ai déjà parlé et qui vient de sortir et « Liaisons Dangereuses », les créations de Kilian ne sont pas nécessairement pour moi et je dirais que j’en suis presque soulagé car leur prix est très élevé. Je reconnais que l’univers est attractif quoiqu’un peu artificiel pour mon goût. Un peu plus de simplicité dans le packaging m’aurait suffit. Je pense tout de même qu’il faut aller découvrir les parfums de la maison ne serait-ce que par curiosité visuelle autant qu’olfactive.