Passion Parfums

Quand je me retourne sur les sorties de cette première partie de 2021, je me rends compte que pas mal de parfums voire de flankers, tournent autour de la tubéreuse, cette fleur blanche capiteuse à l’odeur parfois presque médicinale mais souvent séductrice. Qu’on aime ou non lorsqu’elle est travaillée en majeur, force m’est de constater qu’elle ne laisse pas indifférent. Pour ma part, elle me rebutait un peu lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la parfumerie. Je pense que les premières que j’ai pu sentir (celle de Caron, « Fracas » de Robert Piguet ou encore « Tubéreuse Criminelle » de Serge Lutens) étaient très capiteuses. Je trouve que cette fleur ouvre de nombreuses possibilités et qu’elle peut être très florale comme dans « Trois Fleurs » dans lequel elle est travaillée par Marc-Antoine Corticchiato, pour sa marque Parfum d’Empire, avec la rose et le jasmin, elle devient vite très envahissante. Elle peut aussi se révéler être aromatique comme dans « Royal Mayfair » de Creed ou encore boisée (« Nuit de Bakélite » de Naomi Goodsir et j’en passe) ce qui lui permet d’être très bien utilisée et très largement aimée. Je voudrais revenir sur plusieurs créations sorties cette année et qui lui font la part belle.

C’est solaire que l’a voulue Serge Lutens et, comme souvent, la marque ne communique pas sur la note dans « La Dompteuse Encagée » lancé en début d’année et pourtant, sur ma peau, je sens ses accents profonds, associés à la fleur de frangipanier et à l’ylang-ylang et je trouve que leurs effluves se rejoignent parfaitement. J’aime énormément cette combinaison et je ne l’ai jamais caché, c’est l’un de mes gros coups de coeur de l’année. Ce parfum est vraiment une réussite et Christopher Sheldrake est revenu au style qui m’a tellement fait aimer Serge Lutens il y a une quinzaine d’années quand je portais presque quotidiennement « Datura Noir » (tiens dans celui-ci aussi la tubéreuse était présente) et je suis complètement conquis. Je trouve que c’est un parfum solaire, presque régressif et en tout cas complètement jubilatoire. Je n’ai pas beaucoup hésité avant de me l’approprier et je ne le regrette pas car c’est une création que je porte beaucoup depuis le printemps sans jamais m’en lasser. Je pense que c’est en l’essayant que je me suis rendu compte que j’avais apprivoisé cette note et que je me l’étais finalement facilement appropriée.

 

 

Je vais tricher un peu en évoquant « Pleine Lune » lancé en 2020 et non en 2021 par la maison de parfums eco-responsable Bastille mais ce parfum a été un vrai coup de coeur et je me devais de revenir dessus. La marque, contrairement à Serge Lutens, communique sur la pyramide olfactive et je trouve dès l’envolée de bergamote, de maté, de matcha et de poivre rose je suis happé par le parfums frais, léger, translucide et je suis prêt pour le coeur de tubéreuse un amer avec des notes de fleur d’oranger, de néroli et de jasmin plutôt vert. Sur le fond, le parfum est un peu arrondi par des notes de benjoin et de fève tonka. J’adore ce parfum. Il est mon coup de coeur dans la marque et si je devais en choisir un, ce serait celui-ci. Je lui trouve une énergie et une délicatesse sans vraiment de précédent. C’est comme si les pétales de la tubéreuse avaient été infusée dans un thé vert frais et légèrement amer. Sur ma peau, c’est une vraie réussite. J’ai adoré ce parfum et jamais je n’avais senti une tubéreuse aussi fraîche et « en légèreté ». Je trouve que « Pleine Lune » est le parfum le plus réussi de la marque à ce jour mais sans doute est-ce du au fait qu’il correspond à mes goûts.

 

 

Je trouve qu’il y a quelque chose de très similaire dans le travail et l’ambition de Serge Lutens et de Maison Violet de créer une tubéreuse solaire et pleine d’énergie. Nathalie Lorson a imaginé « Compliment » comme une ode aux fleurs exotiques et capiteuses. Un départ de fleur d’oranger, de palmarosa, une variété indienne de géranium et de freesia, un coeur d’ylang-ylang, de jasmin qui entourent une tubéreuse très profonde et un fond de benjoin et de vanille confèrent à cette création une impression d’invitation au voyage. Pour moi, « Compliment » est un bouquet opulent, intense, addictif et sans doute le parfum de Maison Violet que je préfère à ce jour. Il exhale une force très importante et une douceur absolue comme un foulard de soie. Je trouve que la pointe d’héliotrope très intéressante comme booster de cette tubéreuse formidablement ciselée et travaillée avec brio. Pour moi, c’est une véritable réussite. Il fera sans nul doute partie de mon top 20 de cette année. Je l’ai essayé par l’une des rares chaudes journées de cet été et je l’ai trouvé très facile à porter en dépit de sa complexité.

 

 

Il y a eu beaucoup de sorties, y compris dans le sélectif, dans lesquelles la tubéreuse travaillée en majeur ou tout au moins très présente. J’ai retenue ces trois-là car je les ai beaucoup aimées mais je pense que je pourrais bien aussi citer la nouvelle déclinaison de « J’Adore » de Dior par exemple. La tubéreuse n’est plus une exception, elle est devenue l’une des reines incontournable de la parfumerie.