L'Art et La Matière : Les extraits
Delphine Jelk et Thierry Wasser lancent une nouvelle collection précieuse de L’Art et La Matière. Il s’agit de six extraits de parfums qui reprennent les composantes de la célèbre guerlinade : « Les Extraits Signature. Haute préciosité, haute concentration, la signature Guerlain se fait or. Revisitant l’art de la Guerlinade - la signature olfactive emblématique de la Maison – Les Extraits Signature mettent en lumière chacune des six matières premières qui la composent – la rose, l’iris, la bergamote, la vanille, le jasmin et la fève tonka – et en révèlent le nombre d’or ». Je les ai découverts sur le stand de la marque au Printemps de Lyon et je vais essayer de vous donner mon ressenti sur chacune de ces créations très onéreuses puisqu’il sont vendus 550 euros les 50 ml et sont présenté dans le flacon de L’Art et la Matière revisité.
« Iris Pallida Extrait 6 révèle l’iris dans son expression olfactive la plus parfaite chez Guerlain et en dévoile une signature des plus sophistiquées. Surdosé du précieux beurre d’iris au poudré exceptionnel, son enveloppante douceur se fait intense, dans une concentration ultime de 30%. Les Parfumeurs Guerlain enrichissent la facette poudrée caractéristique de l’iris de notes amandées et musquées. Cette douceur poudrée s’enveloppe ensuite du velouté d’une note cuirée façon daim blanc, renforcée en son cœur d’un bois de santal à la texture crémeuse ». « Iris Pallida » est la première création que j’ai pu sentir et je dois dire que j’ai été emballé par l’envolée que j’ai trouvée hyper qualitative et un peu originale. La marque ne communique pas sur les pyramides olfactives et je vais essayer de décrire uniquement ce que je sens sans aucune indication auxquelles me raccrocher. Le départ est très poudré, presque cosmétique puis des notes un peu torréfiées apparaissent, je pense qu’il y a un côté amande et un fond un peu suédine. Très honnêtement, je suis un peu déçu par le développement que je trouve, finalement, très convenu. La tenue et le sillage sont impeccables mais le parfum dans son ensemble, finalement, ne m’accroche pas du tout. Il y a même un moment dans l’évolution où je rencontre une note qui me dérange.
« Vanille Planifolia Extrait 21 révèle la vanille dans son expression olfactive la plus parfaite chez Guerlain et en dévoile une signature des plus délicieuses. Poussée à son paroxysme, la surdose de vanille se teinte de ce je-ne-sais-quoi de Guerlain qui en fait un grand parfum, dans une concentration ultime de 30%. Les Parfumeurs Guerlain décuplent l’ivresse de la vanille en la ponctuant de notes épicées. En fond, elle s’enveloppe de notes musquées et de la fameuse opopanine, accord ambré mythique de Guerlain ». « Vanille Planifolia Extrait 21 » est sûrement le parfum de la collection que j’ai le moins aimé. Très honnêtement, je n’en vois pas l’intérêt. C’est une vanille sentie et re-sentie, très concentrée, très musquée, qui, et je suis désolé de le dire, « sonne » pour moi très synthétique. Le parfum, sur ma peau, est très linéaire, écoeurant et pas du tout agréable à porter. J’ai beau le sentir et le re-sentir, l’avoir posé sur ma peau, je ne lui trouve vraiment pas la moindre accroche. Je crois que je n’aime pas ce traitement de la vanille et je n’arrive absolument pas à discerner la qualité des matières premières qui pourtant, si on en croit la communication de la marque, doit être exceptionnelle. Sans doute que je passe à côté de quelque chose mais c’est ainsi.
« Tonka Sarrapia Extrait 75 révèle la fève tonka dans son expression olfactive la plus parfaite chez Guerlain et en dévoile une signature des plus addictives. Surdosée en tonka naturelle et d’un soupçon de coumarine, la gourmandise de la fève tonka se fait enivrante, dans une concentration ultime de 30%. Les Parfumeurs Guerlain subliment la facette amandée de la fève tonka en l’enrichissant d’essence d’amande amère et d’une microdose de coumarine. Poussant l’addiction à son paroxysme, la fève tonka devient brûlante au contact de la vanille, du cacao et des épices chaudes ». J’aime bien « Tonka Sarrapia ». Je lui trouve vraiment beaucoup de qualité et je trouve que Thierry Wasser et Delphine Jelk ont vraiment su retrouver le travail des anciens parfumeurs de la maison Guerlain. Il faut expliquer qu’Aimé Guerlain, au XIXème siècle, avait été le premier à utiliser la fève tonka en parfumerie et j’aime beaucoup le côté très profond et légèrement poudré et amandé de ce travail très fin. En revanche, sur ma peau, « Tonka Sarrapia » a un peu tendance à devenir très rond et vanillé tout en faisant ressortir le côté poudré du cacao. Je ne suis pas certain de pouvoir le supporter toute une journée d’autant que la tenue est « atomique ». Pourtant, il faut le dire, « Tonka Sarrapia » est l’un des trois parfums que je préfère dans cette collection d’extraits.
« Bergamote Fantastico Extrait 11 révèle la bergamote dans son expression olfactive la plus parfaite chez Guerlain et en dévoile une signature des plus intenses. Note de tête par essence, la bergamote exhale une fraîcheur intense et la puissance d’un sillage ambré, celle d’un grand parfum Guerlain, dans une concentration ultime de 30%. Les Parfumeurs Guerlain surdosent la bergamote et renforcent son amertume verte de petit grain, l’essence même de la feuille du bergamotier. Prolongeant cette intensité, un accord ambré signature de Guerlain – l’opopanine de Shalimar – dévoile un sillage aussi puissant qu’une note de fond, porté par les facettes boisées et fumées de l’essence de bois de Gaïac ». Résolument, j’aime la bergamote en parfumerie et j’attendais beaucoup de « Bergamote Fantastico ». Thierry Wasser et Delphine Jelk sortent un peu des sentiers battus avec cette bergamote ambrée et un peu amère qui évite, c’est vrai, l’écueil de l’agrume doux et légèrement poudré dont nous avons l’habitude. En tout cas, « Bergamote Fantastico » a au moins le mérite d’être très élégant et un peu original ce qui n’est pas toujours le cas avec les hespéridés même ambrés. Après l’avoir essayé et réessayé, je confirme ce que je pensais au départ. Il est mon préféré de la collection.
« Jasmin Grandiflorum Extrait 30 révèle le jasmin dans son expression olfactive la plus parfaite chez Guerlain et en dévoile une signature des plus rayonnantes. Poussée à son paroxysme, la floralité du jasmin éblouit de lumière et enivre de délice, dans une concentration ultime de 30%. Les Parfumeurs dévoilent un jasmin intensément Guerlain. Surdosée, la communelle de jasmin Grandiflorum se pare de notes confites de fraise, sublimées par l’onctuosité lactée du bois de santal. Pour la première fois chez Guerlain, ce cœur de jasmin met en lumière deux procédés innovants : l’extraction CO2 et l’extraction « micro liquide ». » tels sont les mots de Guerlain pour décrire cette interprétation du jasmin. Je vais être honnête, je n’ai pas aimé du tout ce parfum. C’est un jasmin très solinote, banal, pas forcément agréable à sentir. Je ne l’ai pas posé sur ma peau car, déjà sur la touche, il me dérangeait. J’aime beaucoup les différents jasmins utilisés en parfumerie mais vraiment je n’adhère pas avec cette lecture. C’est très personnel. Je trouve que « Jasmin Grandiflorum » est qualitatif mais je n’aime pas du tout le sentir. Je passe donc mon tour mais je ne doute pas qu’il rencontrera sa « clientèle ».
« Rose Centifolia révèle la rose dans son expression olfactive la plus parfaite chez Guerlain et en dévoile une signature des plus puissantes. Surdosée en précieux absolu de grasse, la rose transcende son pouvoir d’attraction, par-delà son extraordinaire floralité, dans une concentration ultime de 30%. Les Parfumeurs Guerlain mettent en lumière l’intensité de la reine des fleurs sublimant les facettes épicées et miellées propres à l’absolu de Rose, tout en les renforçant de volutes d’encens et d’un patchouli intense ». Je ne suis pas toujours fan de la rose mais je dois bien avouer que « Rose Centifolia » est le seul parfum de cette collection d’extrait que j’ai aimé sans aucune restriction. Tout est beau, le départ, le développement et les notes de fonds épicées. La qualité de rose est exceptionnelle et, très franchement l’oscillation entre une construction purement florale et chyprée est du plus bel effet. C’est un parfum poudré, profond, avec des notes de patchouli très délicates. Vraiment, je suis très séduit par cette rose complexe, facettée et d’une grande élégance.
Vous l’aurez compris, je suis très mitigé en ce qui concerne ces six extraits. Je trouve la collection très déséquilibrée. Si j’aime beaucoup « Bergamote Fantastico » et « Rose Centifolia », je n’adhère pas complètement avec les autres et je me rends compte que je ne mettrai jamais un prix pareil pour l’une de ces créations. Il existe en parfumerie, y compris dans des collections d’extraits, des parfums tout aussi bien voire même mieux travaillés, à des prix beaucoup plus raisonnables. 550 euros les 50 ml c’est une somme importante et ceux-de cette série ne correspondent pas à mon attente. Cet avis n’a pas valeur de critique, ce n’est que mon avis mais, honnêtement, je suis un peu déçu par une partie de collection.
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