L'Atelier Parfum Opus 1
J’avais déjà vaguement senti les sept créations de L’Atelier Parfum un peu avant la fondation de la marque en 2021 mais l’ouverture de la boutique, rue de la République dans le deuxième arrondissement de Lyon ces jours derniers m’a donné envie de vraiment me pencher sur la marque et ses quatre Opus qui sont autant d’univers différents mais avec, il faut le dire, un fil conducteur très net. J’ai fait une découverte globale ce qui m’a permis de vraiment me faire une idée de l’esprit de cette maison qui tranche assez singulièrement avec les autres marques qui composent l’offre de la parfumerie dite de niche aujourd’hui pour plein de raisons. Il faudra, bien sûr, que je réessaye encore. Il faut dire que la marque travaille avec Robertet et a donc accès à de très belles matières premières naturelles mais aussi à des molécules de synthèse très bien réalises et que les parfumeurs qui ont composé les créations ne sont pas les moins talentueux. Il s’agit de lice Le Berre, Dorothée Piot, Sidonie Lancesseur, Karine Vinchon Spehner, Alexis Dadier, Michel Almairac et Serge de Oliveira. J’ai sélectionné mes quatre préférés et je vais tenter de vous donner envie de les tester également et peut-être de vous laisser convaincre. Je vais donc vous parler de l’Opus 1, Jardin Secret, qui est une promenade toute en fraîcheur et en élégance. Elle se compose de sept créations et j’en ai choisi quatre qui m’ont beaucoup séduit. Je vous emmène donc dans cette balade parfumée e et je remercie Jonathan qui s’est occupé de l’ouverture de la boutique ainsi qu’Andrea, que nous connaissons bien à Lyon pour sa bienveillance et sa compétence, de cette découverte très complexe qui donnera lieu à quatre articles très « immersifs » dans les univers de L’Atelier Parfum.
« Imprévisible et insouciante. La vie est courte, passons au dessert ! Un cocktail de fraîcheur hespéridée racontée par les essences acidulées et amères des agrumes » tels sont les mots de la marque pour décrire « Verte Euphorie » qui, c’est vrai, me plait beaucoup. Composé par Alexis Dadier dont, décidément, j’aime de plus en plus de travail, c’est un parfum vert sans galbanum. Il s’ouvre sur des notes d’orange sanguine juteuse, de pamplemousse amer et de petitgrain. Dès la vaporisation, l’explosion de fraîcheur. Le coeur de gentiane et de graine de carotte surprend, entre amertume et douceur et le fond musqué avec des notes boisée de cèdre blanc est seulement présent pour soutenir la fragrance et lui assurer une tenue plus que correct. C’est un parfum pour soi. La diffusion est discrète mais je ne suis pas du tout déçu car, sur ma peau, il est exactement comme j’aime. Il y a quelque chose d’élégant, de rafraîchissant et de réconfortant à la fois. Pour moi, « Verte Euphorie » réinvente le genre. Il est étonnant et fait un pont entre les hespéridés est les notes d’herbe coupée. Vraiment, il me plait beaucoup.
« Douce Insomnie » est vraiment le parfum de la collection qui m’a le plus surpris car, je ne suis absolument pas fan des notes de café en parfumerie et il est présenté ainsi : « Le capuccino fût le point de départ de cette création. On y retrouve tous ses aspects : mousse de lait, poudre de cacao et café arabica. Associé à un héliotrope narcotique et à des essences de bois et d’iris, le café gagne alors en richesse, en profondeur et en raffinement ». Sur le papier, il avait donc tout pour me déplaire et pourtant, j’ai adoré. Je trouve qu’il a un développement hyper chic sur ma peau. Il s’ouvre sur des notes de baies roses et de fleur d’oranger puis aboutit sur un coeur de café, de jasmin et d’héliotrope ce qui lui confère quelque chose de vraiment très original. J’aime beaucoup le côté très inédit de ces notes qui mêlées, deviennent à la fois cohérentes et originales. Le fond de bois, d’iris, de vanille, de santal et de patchouli est riche, profond étonnant, très original également. Il serait peut-être, d’une courte tête, mon préféré de par sa complexité et la beauté de son développement.
« Le chypre se modernise, faisant vibrer cet intemporel à notre époque. Un soupçon de gingembre vient dynamiser l’accord traditionnel, tandis que la framboise et la tonka bousculent les codes en lui apportant rondeur et jeunesse. Moins animal, le sillage se mêle à la peau grâce à des muscs modernes ». Il était logique que je m’intéresse à « Belle Joueuse » étant donné que c’est ma famille olfactive de prédilection. Le départ est vraiment moderne avec des notes de pêche, de framboise (heureusement pas trop présente) et de gingembre, un coeur de rose, de jasmin et de patchouli et un fond poudré de fève tonka arrondi encore par l’ambre et soutenu par le vétiver. J’ai senti vraiment le côté très rond directement. Pour moi, Michel Almairac, qui a composé ce parfum, a voulu un chypre revisité, moderne, assez peu évolutif. Je reconnais que la construction est intéressante mais, s’il m’est agréable à sentir, je le trouve difficile à porter pour moi. Il a quelque chose de presque trop fruité. Il ravira, je pense, les amateurs d’originalité et de modernité et qui sont amateurs de cette famille olfactive.
Je suis parfois un peu réfractaire aux parfums mettant en avant la rose mais, avec "Rose Coup de Foudre", Sidonie Lancesseur a réussi à faire en sorte que ce parfum entre dans ma sélection. J’aime sa singularité, sa fraîcheur. « La rose, intemporelle et classique, se réinvente dans une extrême fraîcheur. Elle se retrouve presque givrée dans cette fragrance, chaque pétale se plongeant dans un accord boisé puissant et élégant ». L’envolée de cassis, de bergamote et de notes verte est vraiment séduisante. Elle a quelque chose de tonique et de rafraîchissant qui se confirme avec un coeur composé de rose naturelle, probablement bulgare et d’un accord de rose givrée rendu aquatique pas une note de magnolia. Le fond ambré et musqué enveloppent un patchouli très bien utilisé qui rajoute une facette très profonde. Vraiment cette rose un peu fraîche et chyprée me séduit. J’aime beaucoup la toute fin du parfum, lorsque les notes de fond ont pris leur place. C’est un très beau parfum vraiment.
Globalement, j’ai bien aimé cette première collection. J’ai voulu en choisir quatre mais je pense que j’ai trouvé de l’intérêt au sept créations. J’espère que cette maison va remporter le succès qu’elle mérite. Je veux aussi signaler que la marque propose différents formats à des prix vraiment raisonnables compte-tenu de la qualité des compositions et qu’il est, ma foi, bien agréable de découvrir, et dans mon cas, de redécouvrir des univers parfumés dont le coût du flacon reste abordable. Ce n’est absolument pas négligeable. L’Atelier Parfum est vraiment une marque qualitative, qui plaira ou non, mais c’est l’apanage de la parfumerie d’auteurs et je trouve cela tout à fait normal. En tout cas, globalement, je suis plutôt séduit car tout me semble bien pensé, bien réussi, agréable à porter tout en gardant, du moins dans cette collection, une identité très notable. Pour moi, Opus 1 est une jolie réussite à découvrir surtout durant le printemps et l’été.
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