Passion Parfums

Entre « L’Île au Thé » d’Annick Goutal et « Tea & Rock’N Roll » de Voyages Imaginaires, tous les deux composés par Isabelle Doyen et Camille Goutal mon coeur balance. Je les aime tous les deux. Si je porte le premier, le second me fait envie. Ils sont très différents et pourtant, ils ont une colonne vertébrale commune et, si je suis raisonnable, il me faut en choisir un sur les deux et ne me laisser influencer par mon goût pour la signature des créatrices ni par mon attirance sur les parfums qui contiennent la note de thé au risque d’en avoir trop. C’est pour cette raison que j’ai renoncé en son temps à « Thé Pour Un Été » de L’Artisan Parfumeur (qui de toute manière n’existe plus) et « Matcha Méditation » de la collection Réplica de Martin Margiela. Mais revenons aux deux qui m’occupent l’esprit. J’aime l’un et l’autre et je suis toujours content de les sentir sur ma peau. Je vais essayer de vous donner mon ressenti de mon mieux.

« Cette mer, d'un bleu profond, est sublime; le volcan Hallasan est imposant, le vert tendre des plantations de thé se dessine à l'horizon, nous sommes sur l'île coréenne de Jeju. À chaque instant, c'est une invitation à la contemplation. L’Île au Thé a ce parfum rare qui diffuse dans un toute l'île une senteur apaisante de bien-être et de sérénité », tels sont les mots de Goutal Paris pour évoquer « L’Île au Thé » créé par Isabelle Doyen et Camille Goutal en 2015 et sur lequel j’avais absolument craqué dès sa sortie. Mon engouement ne s’est jamais démenti car je le porte toujours et vraiment beaucoup durant le printemps et l’été. Pour moi, il est réjouissant et réunit tout ce que j’aime dans un parfum. Après une envolée vraiment très belle de bergamote et d’essence de mandarine, il nous conduit sur un magnifique absolu d’osmanthus travaillé sur ses facettes abricotées et florales sans aucun côté cuir. Le fond de thé noir et de maté légèrement torréfié s’harmonise parfaitement avec la note légèrement poudrée du cèdre de Virginie et est rafraichi par les muscs blancs. Pour moi, c’est l’équilibre parfait. Il est présent tout en restant discret et, étant donné qu’il est vendu en concentration eau de toilette, la dilution lui assure une multitudes de facettes. Vraiment je l’aime énormément et je ne me vois pas m’en passer. Il fait partie de mes signatures olfactives.

 

« Né d’une fascination pour l’Angleterre, Tea & Rock'n Roll est l’évocation olfactive d’un dandy des temps modernes, entre chapeau melon et guitare électrique. So British: furieusement chic et fantasque ! Il passe ses nuits dehors puis, dans un sursaut d’élégance débridée se parfume avec la tasse de thé qu’il sirote au retour, à 5 h du matin ». Avec « Tea & Rock’n Roll », Isabelle Doyen et Camille Goutal ont vraiment su renouveler le genre et j’ai adoré ce parfum dès que je l’ai senti. Il a été mon premier coup de coeur dans la marque 100% naturelles qu’elles ont créé. En 2020, quand je l’ai senti pour la première fois chez Nose à Paris, j’ai eu vraiment le coup de coeur pour cette évolution absolument compatible avec ma peau. Il s’ouvre avec une note de bergamote renforcée par un maté plutôt vert que torréfié puis, au coeur, le citron vert m’a fait penser à un cocktail dans un bar branché de Londres mais j’étais influencé par son nom. Le fond, plus rond, de cuir et de fève tonka est une petite merveille de singularité. Une fois de plus, je me demande comment, avec une palette privée de molécules de synthèse, Isabelle Doyen a réussi à créer un parfum aussi facetté et aussi délicat. Je suis dithyrambique mais je pense ce que j’écris. Je suis en train de le laisser évoluer sur ma peau et je l’aime énormément également d’autant que le sillage et la tenue ne sont pas mal du tout sur moi. Peut-être me laisserais-je tenter en été…

 

Vous l’aurez compris, je ne suis pas plus avancé. J’aime autant l’un que l’autre et, si je ne risque pas de me passer de « L’Île au Thé », je louche du côté de « Tea & Rock’N Roll » et je continue de me dire que j’adhère vraiment à Voyages Imaginaires. Goutal Paris, malgré la politique désastreuse du groupe coréen qui détient la marque, reste, pour moi, l’une des plus belles maisons de niche que je connaisse. Pionnière contre novatrice ? Mon coeur balance toujours.