Passion Parfums

 

J’ai écrit, il y a quelques temps un article sur l’association iris/violette mais je n’avais pas laissé de place à l’iris en tant que tel alors qu’il peut-être travaillé d’une manière tout à fait différente et qu’il me plait énormément également comme ça. Facettes d’iris, iris à facette, naturel ou recréé par de savantes et coûteuses manipulations, il est l’une des matières premières les plus aimée de la parfumerie. Je vous propose donc une petite promenade au coeur de certains parfums à bas d’iris qui me plaisent et me plaisent encore.

On ne présente plus Jean-Claude Ellena aux amateurs de parfums. Ses belles créations sont nombreuses et, encore dernièrement, son talent m'a ravi lorsque j'ai découvert "Rose de Mai" et "Jasmin de Pays" pour la maison Perris. Il est une de ses création que j'ai énormément portée, c'est "Bois d'Iris" pour The Different Company lancé en 2000. Ici, l’iris n’est pas du tout travaillé de manière poudrée il s’appuie sur des notes de cèdre, de géranium et de vétiver. Il a le charme discret et l’élégance « aquarelle » de beaucoup de créations de Jean-Claude Ellena et je trouve que c’est un composite de toute cette partie de son talent. J’avais découvert ce parfum il y a bien longtemps dans un magasin que je ne nommerai pas sur les Champs Élysées et j'avais vraiment accroché mais, sur le moment, je ne l'avais ni acheté ni même essayé. Plusieurs années après, à Lyon, je suis tombé, dans la parfumerie dont je suis client, sur un testeur et j'ai demandé à l'essayer tandis que je recherchais un parfum à dominante d'iris. Je l'ai tout de suite adoré et adopté. Comment décrire "Bois d'Iris" sinon en parlant de pureté des matières premières et de transparence. Tout est dans son nom. Il y a comme quelque chose de simple et d'élégant qui se dégage de ce parfum et, si je le préfère l'été, je trouve qu'il est vraiment l'une des plus belles créations de la marque encore aujourd'hui. Je porte beaucoup de choses et je l'ai un peu laissé de côté mais j'y reviendrai c'est certain car "Bois d'Iris" est une merveille c'est indéniable ! En tout cas, moi je l'aime et il est, pour moi, une complète réussite.

 

 

Avant les trois nouveaux parfums de la collection corse sortis en 2019, c’est l'un des derniers nés de Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d’Empire sorti en 2017, j'ai nommé "le Cri de la Lumière". Je l'ai déjà évoqué souvent tant la délicatesse, l'originalité et l'impression de transparence de ce parfum m'a plu. L'idée de marier la graine d'ambrette et l'iris au patchouli et à la rose pour en faire une création lumineuse, profonde mais toute en clarté, il fallait oser, il fallait y penser. Attention, comme bien souvent Marc-Antoine Corticchiato a les moyens de nous faire rêver. Et si c'était avec "le Cri de la Lumière" ? C'est typiquement le genre de parfum qu'il faut essayer sur soi et avec lequel il faut vivre pour en apprécier toutes les facettes. Il est un peu comme le diamant, il brille de tout côtés. Je ne l'ai jamais porté mais j'ai, heureusement, l'occasion de le sentir très régulièrement et je l'aime vraiment. Sur un plan plus terre à terre, c'est un parfum à sillage et doté d'une excellente tenue. Il ne faut pas s'arrêter à sa première impression. Il est tenace et la finesse et l'élégance qu'il déploie en fait un parfum à porter à n'importe quel saison, par n'importe quel temps. Il faut découvrir ou redécouvrir "le Cri de la Lumière". Ce chypré moderne et brillant pourrait bien devenir un classique. Au départ, je le sentais porté et je l’adorais mais je ne me l’étais pas vraiment approprié et, comme je pouvais m’y replonger facilement, un jour l’idée m’a pris de l’essayer car je savais qu’il avait tout pour me plaire. Et c’est chose faite, transparent, éclairant, « le Cri de la Lumière » est, pour moi, l’un des plus beaux parfums de la marque.

 

 

 

Créé par Pierre Bourdon à qui nous devons le célèbre « Cool Water » de Davidoff, « Iris Poudre » a été lancé en 2000 aux éditions Frédéric Malle. Il porte bien son nom car le rhizome d’iris est ici travaillé ostensiblement de manière sèche et aldéhydée et s’appuie sur des bois doux ou plus « durs » comme le santal, le vétiver et l’ébène. Les muscs blancs, rendent encore plus poudré l’ensemble de ce ce bouquet floral qui peut sembler classique, voire un peu suranné. Si j’aime énormément le départ de cet « Iris Poudre » intriguant, je suis un peu plus dubitatif sur son évolution et sur sa tenue qui est, sur moi, quand même insuffisante. Le côté « cocon » s’en va vite pour faire place à un parfum dans lequel les aldéhydes sont vraiment très présente et renforcent une facette florale qui tire un peu sur le « N°5 » de Chanel ou « Fleurs de Rocaille » de Caron première version. J’admets que j’ai été un peu déçu par l’actuelle version de ce parfum alors que j’avais beaucoup aimé la première mouture que j’ai eu le privilège d’essayer sur une journée. La tenue et même la facette iris en était différente. Si je reconnais que j’aime, dans l’idée, cette manière de travailler cette matière première intéressante en diable, je suis ne pourrais pas me l’approprier.

 

 

 

« Dessiné » par Alberto Morillas et lancé en 2013, « Iris Prima » de Penhaligon’s est un peu, pour moi, le parfum idéal réalisé avec cette matière première si complexe. C’est un iris cuiré, boisé, ambré et d’une délicatesse absolue. Il a a été l’un de mes grands coups de coeur lorsque je l’ai découvert à l’époque, lors d’un séjour à Paris, au BHV Marais. Tous les jours, je suis allé l’essayer et le réessayer pour finir par me l’offrir, c’était fatal ! Le départ bergamote et poivre rose, l’iris boisé et rond, tout cela ne pouvait que me plaire. Alberto Morillas a su recréer l’ambiance délicieusement démodée des parfums de cour à l’anglaise avec cet iris cuiré d’une subtilité incroyable. Quand je pense à « Iris Prima », je trouve qu’il est et demeure un fleuron de la collection des eaux de parfum de Penhaligon’s et qu’il allie modernité et classicisme avec brio. Parfums de lady ? Parfum de dandy ? Je ne saurai pas le dire mais réussite parfaitement équilibrée, C’est un fait avéré. Un seul bémol (il en faut bien un) sa tenue. Comme souvent les parfums à dominante d’iris, il a du mal à résister sur ma peau et c’est pour ça que, pour l’instant, je ne l’ai pas racheté mais qui sait, dans l’avenir…

 

 

C'est grâce à David de Blitz à Lyon que j'ai découvert, en avant-première "She Was an Anomaly", le tout nouveau parfum d'État Libre d'Orange. Le nom de ce parfum vient d’une réflexion que la fille de Nina Simone a fait sur sa mère et que je trouve à la fois tendre et vraie :  My mother ? My mother ? She was an Anomaly, she was loved, she was brilliant… ». C’est à Daniela Andrier qu'Étienne de Swardt a confié le soin de trouver cette "anomalie". J'ai publié, il y a quelques jours, une vidéo où il explique comment il a eu envie de ce parfum et d'où lui est venue l'idée. Bon d'accord, il y a toujours un petit côté un peu too much dans les noms des parfums d'État Libre d'Orange qui se veulent soit vraiment originaux, soit un peu provoc mais attention, ce sont parfois les parfums aux noms les plus extravagants qui recèlent les jus les plus sages (et dans mon esprit, c'est plutôt un compliment) et je trouve que "She Was an Anomaly" est vraiment d'une belle simplicité. La note dominante est sans aucun doute l'iris associés aux muscs blancs, il est à la fois poudré et révèle une certaine sobriété, une certaine pureté. Il est très éloigné des créations très (parfois trop) sophistiquées d'État Libre d'Orange pour renouer avec une certaine élégance tendre et réconfortante. J'ai bien aimé car je lui trouve une certaine pureté et une « classe folle » !

 

 

 

« Condottiere », l'une des créations de la collection Aristia, qui vient de sortir pour la maison Lubin et j'ai peu en profiter toute la soirée. J'ai vraiment aimé la délicatesse de l'iris, de la mûre et de la feuille de violette avec un fond boisé très discret. La tenue est impeccable et je trouve qu'il est tout en finesse et en élégance. Les cinq premiers parfums de cette collection sont très beaux et on remarque vraiment la qualité des matières utilisées mais celui-ci est, pour le moment, mon préféré. Je le trouve vraiment très très beau. Je ne sais pas si je le porterai car il est peut-être un peu trop rond pour moi mais je l’aime beaucoup. Il a « beaucoup d’allure ». Je suis très content d’avoir finalement oublié mes préjugés sur les parfums orientaux pour découvrir cette collection. Ceci dit, « Condottiere » est vraiment celui qui me parle le plus.

 

 

Pour terminer, je veux revenir sur une création de Marc-Antoine Corticchiato pour sa marque Parfum d’Empire. Bien avant « le Cri de la Lumière », j’avais essayé « Equistrius ». C’est un iris également mais travaillé de manière ronde et ambrée avec un fond cuiré. Je lui trouve même une facette un peu gourmande. Le fond ambré lui donne un côté enveloppant et, déjà, l’ambrette était conjuguée avec l’iris. Pourtant, ce n’est pas du tout un parfum accord chypre et il est donc résolument différent. Je sui trouve une élégance très « à l’ancienne » et pourtant il porte la signature baroque et moderne de Marc-Antoine Corticchiato indéniablement. J’ai beaucoup tourné autour de ce parfum mais je n’ai sans doute jamais réussi à me l’approprier pour l’instant. Je pense que ce n’était pas vraiment le moment mais il faut que je l’essaye à nouveau car, je suis, et j’ai toujours été convaincu, qu’il m’irait bien.

Il y a bien évidemment d’autres parfums qui ont cette note comme dominante comme « Infusion d’Iris » de Prada ou encore « Hiris » d’Hermès mais je les connais moins. Je trouve que l’iris offre vraiment des possibilités à l’infini et cela justifiera, peut-être, d’autres articles… qui peut le dire !