Passion Parfums

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L'opoponax, une résine facettée et pleine de possibilités

* Article modifié

 

« L’opoponax (aussi orthographié "opopanax" ou "oppoponax") est une résine issue de l’écorce d’un arbuste que l’on trouve essentiellement au Moyen-Orient ou en Afrique, notamment en Somalie. Son odeur évoque celle de la myrrhe, une autre gomme résineuse produite par le balsamier, ou arbre à myrrhe, dont le parfum est beaucoup plus intense. L’opoponax est d’ailleurs souvent surnommé "myrrhe douce". On l’utilise traditionnellement comme encens, pour purifier l’air, mais aussi pour ses vertus relaxantes ou stimulantes. L’opoponax, un ingrédient incontournable des parfums orientaux Avec ses effluves chauds et veloutés, cette résine balsamique et terreuse est principalement utilisée comme note de fond, principalement dans les parfums orientaux. Tous les grands noms de la parfumerie l’utilisent dans leurs créations, notamment Guerlain dans "Shalimar", où elle se retrouve aux côtés de la vanille, du benjoin, de la fève tonka et de l’iris. Dans "Miss Me" de Stella Cadente, l’opoponax construit l’esprit oriental de la fragrance, en association avec le baume du Pérou, le baume Tolu et le benjoin. On le retrouve aussi dans quelques autres illustres créations, comme "Poison" de Dior, "Coco" de Chanel ou encore "Flower by Kenzo" de Kenzo. Cette matière première tient même la vedette d’une eau de parfum qui porte son nom : "Opoponax", par la marque Les Néréides. Résultat : une fragrance très résineuse et ultra-suave avec une touche d’agrumes (orange, bergamote), sur un fond boisé, ambré et vanillé » (Source Internet). Après l’encens (souvent résine oliban), la myrrhe, il m’a semblé que l’opoponax était tellement présent dans beaucoup de parfum qu’il méritait d’être chroniqué à travers quatre créations dans lesquelles on reconnait bien cette note plus douce, presque suave et peut-être un peu moins baumée. Je vais essayer d’illustrer mon propos et, comme à chaque fois que je traite une matière première, vous donner envie d’aller l’identifier.

 

Construit comme un solinote, le très ancien « Opoponax » de Santa Maria Novella est, il me semble toujours référencé par la marque. Je l’ai senti lorsque j’ai découvert la boutique lyonnaise il y a déjà longtemps et j’avais été frappé par la dualité entre des notes résineuses presque âpres et d’autres au contraire très douces presque trop pour mon nez. La marque en parle par ses mots : « L’ opoponax est une résine originaire de Somalie. Les égyptiens et les Babyloniens s’en servaient pour parfumer le vin au temps de Cléopatre. Semblable à la myrrhe, il était régulièrement utilisé en fumigation afin de réaliser des offrandes aux dieux ». Après une envolée et un coeur résineux, le parfum se fait plus terreux avec un fond de patchouli. Je dois dire que je le trouve assez déroutant. Avec lui, c’est un peu « je t’aime, moi non plus ». Je trouve que c’est une composition unique, très loin de l’encens d’église que j’attendais ou chamanique mais plus comme un parfum de peau, un habit de soie et velours très agréable. Je suis un peu dérouté par les accents presque terreux. Pour écrire cet article, je suis allé me faire parfumer avec et j’en ai profité un temps assez long. Il m’a plu longtemps puis, à la toute fin de l’évolution, j’ai eu cette sensation, vous savez, d’en avoir assez de l’avoir sur moi même s’il ne me dérangeait pas vraiment. La concentration eau de toilette est complètement suffisante car je trouve qu’il a une ténacité assez sidérante. Je pense que « Opoponax » est vraiment la création avec laquelle commencer si on veut se familiariser avec cette odeur très présente dans beaucoup de parfums orientaux.

 

Opoponax Santa Maria Novella Cologne - un parfum pour homme

 

 

Très présent dans les orientaux, enfin les ambrés fleuris, l’opoponax est identifiable avec sa facette suave dans « Kismet » créé par Thomas Fontaine pour Lubin que je connais bien, et pour cause. L’envolée est « très Guerlain » avec une bergamote très présente mais aussi des accents de petitgrain et de citron et elle nous conduit sur un magnifique duo de rose : rose de mai et rose de Bulgarie soutenues par un patchouli ciselé comme il l’était dans beaucoup de parfum des années 20. Le fond est légèrement cuiré par le ciste labdanum mais il est surtout un duo de vanille Bourbon et d’opoponax qui donne quelque chose d’ambré mais de très translucide. « La belle espionne ottomane avait ri du petit flacon de parfum en cristal imaginé à son intention. Il figurait un éléphant chamarré, allusion aux vers de Valmiki, le poète du Ramayana, car on la croyait princesse indienne. Spirituelle et polyglotte, Kismet cultivait le mystère sur ses origines. Elle régna quelques temps sur les soirées parisiennes des Années Folles, puis s’éclipsa un jour pour ne plus reparaître. On ne conserva que le souvenir de son sillage enivrant, celui du parfum que Lubin avait créé pour elle ». Je connais très bien cette re-création et je trouve que c’est une utilisation magistrale de l’opoponax et de la vanille « à l’ancienne ». Il me transporte dans les années 20 et aurait pu être porté par Louise Brooks ou Pola Negri les stars du cinéma muet. Il aurait séduit toutes les élégantes fascinées par les Indes et ce côté à la fois oriental et exotique. J’aime énormément « Kismet » qui est l’un des rares orientaux que j’ai porté ces dernières années. Je n’ai fait que terminer un flacon mais j’ai beaucoup aimé. C’est un bijou d’élégance dans la plus grande tradition du parfum à la française et on y retrouve tout l’art de Thomas Fontaine qui excelle vraiment dans ce genre de création.

 

Kismet Lubin parfum - un parfum pour femme 2016

 

 

Dans le même esprit, je peux bien évidemment citer « Or des Indes » créé en 1988 par Jean-Paul Millet-Lage pour Maître Parfumeur et Gantier qui est également une ode aux influence indiennes des parfums des années 20. « Or des Indes est comme le froissement des soieries tissées de fils d’or dans les palais des Maharajas. Opulent et brillant, il laisse une empreinte indéniablement majestueuse. Une fragrance puissante qui allie épices et baumes exquis. Le parfum poudré de l'opoponax est rehaussé par des notes de bergamote et de citron ». Tout d’abord sorti comme une création pour les hommes, « Or des Indes » est, je pense, aujourd’hui porté par des hommes comme par des femmes qui veulent retrouver le chic des parfums un peu vintage. Cet exercice de style est magnifiquement mis en senteurs par un parfumeur dont je regrette qu’il ait arrêté d’inventer des fragrances tant j’aime cette signature à la fois classique et toujours avec un twist inattendu. Le départ de bergamote et de citron s’enrichit de bergamote, de géranium et de lavande pour arriver sur un coeur baumé et profond construit autour de l’opoponax avec des notes de benjoin, d’encens, de jasmin et de rose rendues poudrées et amandées parce qu’elles sont associées à la fleur d’héliotrope. Le fond de santal et de myrrhe se pose sur des notes rondes de vanilles et profonde de vétiver. « Or des Indes » est beaucoup trop oriental pour moi mais j’adore le sentir. Je trouve qu’il est une illustration parfaite qu’un parfum dit vintage peut être vraiment très apprécié par les jeunes générations car je crois qu’il est, avec « Bois de Turquie », l’une des meilleures ventes de la maison.

 

Or des Indes Maitre Parfumeur et Gantier parfum - un parfum pour femme 1988

 

Le quatrième parfum qui me vient naturellement à l’esprit est le très singulier et précieux « Wazamba » créé par Marc-Antoine Corticchiato en 2009 pour sa marque Parfum d’Empire et dont il parle ainsi : « Un boisé résineux où vibrent les mystères du sacré. De toute éternité, les hommes ont envoyé des messages parfumés aux dieux… Wazamba concentre, dans ses notes empreintes de spiritualité, les résines et les bois précieux brûlés dans les rituels de différentes cultures : l’encens de Somalie aux profondes vibrations, la myrrhe du Kenya, l’opoponax d’Ethiopie, le santal d’Inde et le cyprès du Maroc… Wazamba invite à un parcours initiatique hors du temps… pour se réconcilier avec soi-même ». Je dois dire qu’il ne me séduit pas tant que ça même si je reconnais qu’il est particulièrement bien imaginé. Construit autour de l’encens mais travaillé de manière très facetté. On retrouve un départ de cyprès et d’aldéhydes, un coeur de myrrhe, de ciste et de prune ce qui est une association qui, sur le papier, pourrait paraître périlleuse. Le fond de résines diverses et d’opoponax (très profond) est particulièrement puissant. Pour écrire cet article, j’ai réessayé « Wazamba » et j’y ai pris un certain plaisir mais je reconnais que j’aurais du mal à me l’approprier. Il est vraiment très dense, un peu liquoreux et je pense que c’est la présence très encens qui me dérange au bout du compte. Ceci dit, je comprends qu’il plaise aux amateurs du genre car il est remarquablement construit, en outre, son sillage et sa tenue sont absolument impeccables. Pour les amateurs du travail de Marc-Antoine Corticchiato dont je fais partie, il est un peu déroutant. Je n’ai pas réussi encore à me l’approprier.

Wazamba Parfum d'Empire parfum - un parfum pour homme et femme 2009

 

 

 

L’opoponax est une matière première très intéressante car elle offre beaucoup de facette différentes et permet de complexifier des formules simples pour leur donner toujours un twist oriental et « bipolaire ». J’aime beaucoup les parfums que j’ai cité même si je ne les porterai pas forcément. En tout cas je me suis fait plaisir à les re-sentir pour écrire car je me suis baladé dans un siècle et demi de créations parfumées.

 



13/03/2025
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