L'Orchestre Parfum, une belle démarche artistique
* Article actualisé
Il y avait très longtemps que je voulais découvrir L’Orchestre Parfum et je remercie Daria de la boutique parisienne Sens Unique et Nathalie des Ateliers du Parfumeur à Dijon, d’avoir prit le temps de me présenter la marque. Lancé en 2017, L’Orchestre Parfum compte aujourd’hui neuf créations composées par Pierre-Constantin Guéros, Anne-Sophie Behaghel, Amelie Bourgeois, Nathalie Feisthauer et Jean Jacques. Je les ai toutes découvertes et j’en ai retenu cinq qui sont mes préférées mais surtout que j’ai trouvé très en lien avec le morceau de musique qui les a inspirées. Je dois dire que la correspondance entre les arts est très importante pour moi mais que je vois plutôt les parfums comme des images que comme des sons donc cette nouvelle aventure m’a beaucoup intéressé. Parfois, j’ai été un peu hermétique mais souvent, j’ai retrouvé une correspondance. Voici donc mes fragrances préférées, je vous emmène :
Le premier parfum qui m’a interpellé est « Bouquet Encore » créé par Pierre-Constantin Guéros en 2020 et qui a été inspiré par la musique électronique de Popof avec Animal & Me. Il est décrit ainsi : « Barcelone. Nuit électronique. 3:12 AM. Ondes techno irrésistibles. Rythme fluo dans lumière noire. Adrénaline collective. Un sublime bouquet ultraviolet tubéreuse et jasmin amplifié par un poivre timut explosif. La vanille Madagascar et les muscs somptueux renforcent l’addiction de ce mix euphorisant. Un floral narcotique. Sensuel, charnel et addictif ». J’avoue que, lorsque je découvre ce bouquet floral somme toute extrêmement classique voire vintage, j’ai un peu de mal à le rapprocher du « boum boum » de cette musique électronique qui ne me provoque, au contraire, aucune émotion. L’ouverture poivrée nous emmène sur un coeur très classique de tubéreuse enveloppante soutenue par un jasmin très opulent pour se poser sur un fond vanillé et musqué. Pour. moi, et en dehors de toute considération musicale, c’est un parfum un peu narcotique avec la tubéreuse mais surtout il est l’héritiers des grandes créations de la parfumerie françaises qui mettent cette note à l’honneur, telles « Fracas » créé par Germaine Cellier pour Robert Piguet dans les années 40. Je le trouve délicieusement élégant et un peu suranné. Je suis donc loin du story telling de la marque. Le parfum nous provoque des émotions individuelles et subjectif… C’est ainsi !
Créé par Amélie Bourgeois en 2017 d’après l’inspiration d’une musique de Nicolas Leroy, « Thé Darbouka » est sans doute la fragrance que j’ai trouvé la plus intrigante et je n’en suis pas surpris car elle a été composée par une parfumeuse que je trouve tout à fait avant-gardiste. Le parfum est décrit ainsi : « Sahara. Désert de dunes. Lever du jour rythmé par le claquement nomade d’une darbouka Un thé imaginaire. Insaisissable, gourmand et épicé ». Contrairement à ce que le nom du parfum laisse penser, il ne s’agit pas du tout d’une interprétation de la note de thé mais d’un départ de bergamote et de carvi, d’un coeur de fruits confits et de cacao et d’un fond d’immortelle, de oud et de styrax. Je dois dire que je n’ai pas du tout senti la note d’oud et que c’est sans doute pour cela que j’ai bien aimé ce parfum qui m’a emmené un peu sur les traces des épices et des fruits ronds et gourmands. J’ai beaucoup aimé son évolution sur ma peau curieusement. J’y ai retrouvé l’univers très chaud et brûlant de films des années trente dont l’action se déroule dans l’univers et la musique de Nicolas Leroy s’harmonise, à mon sens et dans mon imaginaire, complètement avec cette fragrance opulente, riche et complexe. Je ne sais pas si j’aimerais le porter mais je crois vraiment que c’est le parfum qui m’a le plus impressionné dans toute la collection. Il ne ressemble à rien d’autre je trouve et j’en ai apprécié la singularité.
« Rose Trombone », créé par Anne-Sophie Behaghel en 2017 n’est pas forcément le parfum que j’ai préféré mais lorsque j’en lis la description : « Harlem. Club de jazz. Échange de regards magnétiques sur un solo torride de trombone Une rose insolente. Sensuelle, propre et aldéhydée », je me dis que, lorsque je le sens et que j’écoute la musique de Nicolas Benedetti qui l’a inspiré, j’éprouve exactement la sensation voulue. C’est en effet une rose à la fois fascinante et très métallique comme le parfum d’une femme dans un club du début des années 20 mêlé au cuivre des trombones et aux verres d’alcools forts consommés. Il est construit autour d’une rose très opulente mais aldéhydée (ce qui lui donne des accents métalliques) arrondie par des notes de rhum, de vanille et de poire. J’ai beaucoup aimé le côté très facetté de ce parfum mais je pense qu’il n’est pas pour moi car son opulence, même si je n’aime pas genrer les parfums, me le rend plus féminin. Je dois dire qu’il est, à mon sens, la quintessence d’une féminité à la fois glamour et intemporelle. Je l’ai bien aimé. Ma première impression s’est confirmée. Je crois vraiment que c’est un parfum qui peut rencontrer un grand succès chez les amateurs de belles roses.
Lancé en 2017, « Cuir Kora » est le parfum de la collection qui m’a le plus séduit. Il a été créé par Amélie Bourgeois et Anne-Sophie Behaghel. C’est un cuir extraordinaire, pur, intense et élégant. Il a été inspiré par un magnifique morceau d’un musicien appelé Cheikh Diallo et je dois dire que, quand je l’ai senti, je me suis laissé transporter par les accords à la fois musicaux et olfactif. Il est vraiment formidable dans son développement. La marque je décrit ainsi : « Casamance. Savane paisible. Début de cérémonie bercé par l’harmonie magique d’une kora Un cuir mirage. Sauvage, boisé et épicé ». L’envolée de mangue et de prune est pleine d’épices et prépare au coeur très cuiré et safrané pour se poser sur un fond résineux de benjoin et de bois de palissandre. Je n’ai pas vraiment identifié la résine l’élémi mais elle doit donner, combinée avec le labdanum ce côté ultra cuiré, profond et tout à fait brut. J’ai énormément aimé ce parfum. Il est intense et délicat à la fois. Je le trouve tout à fait magnifique sur ma peau. Je crois que je pourrais me l’approprier très facilement.
J’avais pas mal entendu parler de « Mono Cachemire », la nouvelle création de Nathalie Feisthauer pour L’Orchestre Parfum mais je n’avais pas eu encore eu l’occasion de le sentir et encore moins de l’essayer. « Vérone. 10 : 42 PM Déambulation nocturne dans le joyeux tumulte de la ville. Kick Lo-Fi planant dans les écouteurs. Voile de musc cachemire comme seconde peau. Un murmure enivrant guide mes pas dans la rumeur du soir. Une caresse envoûtante, onirique et exquise ». Très franchement, j’ai bien accroché avec la création de ce floral musqué, très stylisé qui s’ouvre avec des notes poudrées de muscs blancs, d’iris et de cashmeran qui vont vraiment donner le ton de l’évolution. Cette envolée très « cocon » vient se parer, au coeur, d’une bergamote très douce enveloppée de jasmin et de traces d’aldéhydes qui accentuent encore le côté très doux tout en gardant une certaine fraîcheur. Le fond est construit autour de la graine d’ambrette et de la poire avec des notes de cèdre et d’ambroxan. Vraiment, la composition m’a séduit mais, et je le regrette un peu, ma peau n’accroche pas très bien ce parfum qui reste vraiment ultra léger. Je l’ai un peu regretté car vraiment le rendu est un joli coup de coeur qui me sort un peu de mes goûts habituels. Si, un jour, je devais « l’adopter », j’ai conscience qu’il faudrait que je force la dose à la vaporisation voire que je fasse suivre le flacon pour pouvoir me reparfumer durant la journée. Je pense que j'ai vraiment un coup de coeur pour cette sortie de 2024. Il est vraiment addictif et réussi. Il me plait vraiment beaucoup.

J’ai globalement beaucoup aimé les créations et surtout la démarche artistique. Je ne sais pas si je pourrais porter l’un ou l’autre des parfums mais « Mono Cachemire » est sans doute mon préféré. En tout cas, c’est une belle maison, un beau travail et je comprends l’engouement de la blogosphère pour ces fragrances. Pour l’amateur de l’instrument que je suis, j’étais étonné de ne pas accrocher sur « Piano Santal » mais vraiment, je l’ai trouvé un peu entêtant et voire même dérangeant. Il est sans doute celui que j’ai le moins aimé. Dommage car du coup, il correspond à mon instrument de prédilection. Pour les autres, je suis bien séduit et je pense que vous le serez aussi.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 220 autres membres