L'ylang-ylang, l'une de mes notes préférées
Je crois qu’avant d’être envoûté par son odeur, c’est le nom de l’ylang-ylang qui m’a fasciné. Je me souviens que j’avais lu, aux premières heures de l’adolescence, une aventure de Bob Morane, écrite par Henri Vernes et dont le titre, était « Un Parfum d’Ylang-Ylang » et, pour moi, cela signifiait mystère et exotisme. Cette fleur jaune, très odorante n’est pas une matière première onéreuse et pourtant je la trouve luxueuse. Elle apporte quelque chose d’à la fois solaire et très addictive au parfum. J’aime beaucoup l’odeur de son huile essentielle et la note en parfumerie. J’avais déjà, au début de ce blog, largement évoqué l’ylang-ylang mais le temps a passé et j’ai eu envie d’évoquer cinq parfums dans lesquels cette note est travaillée en majeur et que j’aime particulièrement. Je ne sais pas dans quelle création je l’ai sentie pour la première fois mais ce que je sais c’est que je porte facilement des compositions dans lesquelles elle est très présente comme, par exemple, « Cornaline » d’Anatole Lebreton qui va être hélas discontinué et qui m’a beaucoup accompagné ces derniers mois. J’ai choisi cinq parfums que j’aime particulièrement, que je porte ou que j’ai porté et de développer un peu mes impressions.
Je ne pouvais pas commencer par autre chose que « Ylang-Ylang Nosy Be » lancé en 2014 par Perris Monte Carlo. Je le porte en eau de parfum et en extrait. Je dois dire que je l’aime vraiment beaucoup et que je ne m’en lasse absolument pas même s’il est vrai qu’il fait un peu moins partie de ma signature ces derniers temps. Je l’aime autant l’hiver que lors des soirée d’été un peu plus fraîches. C’est une véritable invitation au voyage et il m’a toujours évoqué « Les Marquises », la chanson de Jacques Brel. J’imagine une île polynésienne sur laquelle les pétales des fleurs sont alourdies par la pluie sous un soleil changeant. Je ne sais pas pourquoi mais c’est vraiment ce que je ressens en le sentant. « Situé dans les îles exotiques de Madagascar, Ylang Ylang Nosy Be vous fait voyager à travers des champs luxuriants. Ce parfum est un floral oriental exotique qui révèle des couches infinies de notes riches et sensuelles ». Il s’ouvre avec un départ de poire très douce associée à l’amertume du pamplemousse et à une élégante cardamome puis arrive le coeur d’ylang-ylang, très solaire et enrichi d’une très belle rose turque, de jasmin opulent et de la fraîcheur de la fleur d’oranger qui rappelle un peu le côté juteux sans sucre des notes de tête puis les notes de fond viennent enrichir la fragrance, avec la vanille très naturelle, le côté cuir du vétiver et du labdnanum et cocon des muscs blancs. Pour moi, ce parfum est un bonheur de chaque instant et il s’avère tout aussi facetté en extrait qu’en eau de parfum même si cette seconde version est, finalement, plus vanillée et opulente. En tout cas, j’aime les deux est c’est l’un de mes parfums favoris depuis que je l’ai découvert.
C’est grâce à Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures que j’ai découvert « Eau Moheli » créé par Olivier Pescheux en 2013 pour Diptyque et franchement, c’est une trouvaille ! « L’ylang-ylang se montre ici « grandeur nature », telle qu’elle vit et fleurit sur l’île de Moheli dans l’archipel des Comores: solaire, avec ses pétales jaunes, nichée au coeur d'une végétation luxuriante. On ne l’a jamais sentie ainsi, verte, épicée, à peine boisée, sans langueur ni opulence ». Je dois dire que je l’aime vraiment pour son naturalisme, sa délicatesse et toute la dualité entre la restitution de l’odeur de l’huile essentielle dans une concentration eau de toilette plus facile à aborder mais « Eau Moheli », ce n’est pas que ça. En effet, le départ poivre rose et gingembre nous appelle, le coeur d’ylang-ylang nous rassure et le fond de vétiver apporte un côté vraiment ultra-végétal à la composition. Olivier Pescheux a su restituer la fleur d’ylang, ses pétales avec un côté vert mais pas trop botanique, une facette joyeuse et exotique mais pas extravagante. Cette création est un vrai coup de coeur et je pense qu’il va intégrer facilement ma wishlist. Il pourrait bien être l’un des mes parfums de cet été. En tout cas, j’y pense. Je ne suis pas forcément très attiré par l’univers de Diptyque mais il y a quelques parfums qui font exception à la règle.
J’ai beaucoup porté « Ylang-Ylang » créé par Lorenzo Villoresi pour sa collection vintage en 2014, malgré sa concentration eau de toilette, son opulence et sa tenue m’ont toujours vraiment surpris. Le parfumeur florentin décrit ainsi sa création : « Le parfum intense de l'Ylang Ylang, la "fleur des fleurs" aux longues feuilles effilées : douce, poudrée, florale, forte, éclatante et incomparable, entourée d'un chœur de fleurs de Frangipanier, Jasmin, Fleurs d'Oranger et Tiaré ». Je trouve que ce parfum est moins exotique et plus botanique que les précédents mais il revêt tout autant quelque chose d’addictif. Si je dois le décrire en deux mots antinomiques, je dirais que c’est un mélange de notes vertes et solaires. En effet, avec son départ très fleur d’oranger, jasmin et néroli associée au géranium bourbon, il s’ouvre sur une envolée presque mentholée puis le parfum s’arrondit avec un coeur d’ylang-ylang, de rose, de jasmin sambac très opulent et de fleur de tiaré. En fond, l’ylang-ylang est renforcé et se pare des notes poudrées de la fève tonka et de la vanille. Lorenzo Villoresi travaille beaucoup sur les huiles essentielles et cette création, à l’instar des autres, n’est pas forcément facile à aborder. C’est vraiment un parfum « très niche » pour des nez curieux et avertis. Je l’ai énormément porté et j’y ai renoncé peut-être pour des créations qui me conviennent mieux mais force m’est de constater que je l’ai toujours quelque part dans un coin de la tête et que je le redécouvre toujours avec beaucoup de plaisir et de jubilation.
Il m’est désormais impossible de parler d’ylang-ylang sans évoquer « Songes » créé en 2006 par Camille Goutal et Isabelle Doyen pour Goutal Paris et qui est, également, l’un de mes parfums préférés de tous les temps il faut bien le dire. C’est un vrai floral solaire, lumineux et incroyablement addictif. Camille Goutal parle de son « obsession » pour l’ylang-ylang et comme je la comprends ! Elle a co-signé sans doute l’une des plus belles créations du genre que je connaisse. La marque explique : « Je suis à l'île Maurice, sur la plage et la nuit vient tout juste de tomber sur les fleurs de frangipanier. Je ferme les yeux et je suis comme transportée par leurs effluves délicieusement solaires… Ce moment, Camille Goutal l'a d'abord vécu avant de le voir et le revoir, encore et encore. Elle l'a alors immortalisé en créant son tout premier parfum : Songes ». Dès la vaporisation les notes solaire de fleur de frangipanier et de tiaré viennent nous chercher avec cette élégance suave et exotique que j’aime tellement puis, le coeur d’ylang-ylang et de jasmin sambac se fait épicé avec des notes de poivre, de cardamome et de cumin puis le fond se pose sur des bois discrets qui ne viennent jamais alourdir la fragrance. J’adore « Songes ». Pour moi, c’est un peu un parfum idéal mais je mettrai un petit bémol tout de même. J’ai toujours eu une préférence pour la version eau de toilette voire eau sans alcool car je les trouvais plus facettées, moins « d’un bloc » et je regrette que la marque ait décidé de ne conserver que l’eau de parfum qui me plait un peu moins mais qui est, tout de même très belle il faut le dire. « Songes » est l’un de mes parfums préférés depuis que je l’ai découvert, il n’y a pas si longtemps que ça d’ailleurs et je trouve que c’est une interprétation ultra-chic de l’ylang-ylang.
L'eau sans alcool
Mon dernier choix est, sans surprise aucune, « Obscuratio » créée par Daphné Bugey pour la collection La Botanique de L’Artisan Parfumeur en 2021 et que je décrirai comme la croisée des chemins entre le floral, le chypre et le parfum ambré. Pour moi, il représente l’équilibre parfait. Je me souviens que, quand je l’avais découvert en avant première, j’avais eu un coup de coeur immédiat. Ce parfum, c’est tout ce que j’aime. À l’envolée, l’ylang-ylang des Comores est une explosion de lumière olfactive. L’image est bizarre mais je l’assume puis arrive un coeur de vanille qui n’annule pas du tout la première impression mais, au-contraire, la renforce. Pour finir, le fond de patchouli et de mousse soutient la fragrance et lui apporte une profondeur boisée vraiment original. « Obscuratio » n’est jamais sombre curieusement. Il n’est jamais lourd et pourtant sa puissance est tout à fait notable. « L'appât odorant de l'ylang-ylang sous la voûte de la canopée ». Soleil d’hiver par excellence, quand il se niche dans mes écharpes et les cols de mes pulls, je ne peux qu’être vraiment addict. En tout cas, c’est un merveille et il a tout à fait sa place dans cette sélection. Je pense qu’il fait partie des belles ventes de la collection et je me suis laissé dire qu’il était tellement réussi qu’il n’était presque pas nécessaire de le conseiller. Pour moi, c’est carton plein… En tout cas, il faut absolument le découvrir. C’est une merveille intemporelle.
Je pourrais continuer longtemps en citant, par exemple, « La Dompteuse Encagée » créée par Christopher Sheldrake pour Serge Lutens que je porte pas mal ou encore « La Route d’Émeraude » d’Isabey voire même « Ceci N’Est Pas Un Flacon Bleu 1.2 » d’Histoires de Parfums mais la liste serait trop longue. J’ai du faire un choix et le réduire. Je n’ai pas trouvé cela facile mais l’exercice est intéressant. En tout cas, je me suis fait plaisir à re-sentir ces parfums que j’avais tous à ma disposition chez moi. C’était un excellent moment que je suis content de partager avec vous.
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