La collection 777 de Stéphane Humbert Lucas
Je me suis enfin décidé à aller découvrir la collection 777 de Stéphane Humbert Lucas. Elle est assez importante et très différente de celle consacrée au Serpent. « Lancée par Stéphane Humbert Lucas en 2012, s'inspire de ses voyages au Moyen-Orient et de son amour pour cette région, qu'il considère comme le berceau de l'univers. Évoquant luxe et raffinement, cette collection intègre des éléments spirituels et philosophiques, enrichis par la signification du chiffre sept, symbole de perfection et de sagesse ». Elle se compose de subdivision comme celle inspirée par sa création « Soleil de Jeddah » sortie en 2016 qui est devenue une trilogie ainsi que d’autres compositions, tout en gardant un thème central, celui des parfums plutôt ambrés, est assez hétéroclite ou tout du moins éclectique. J’ai quasiment tout senti, j’en ai essayé quelques uns que j’ai un peu porté. Bien sûr, il y a mes préférences personnelles mais je veux aussi parler de parfums que je trouve qualitatifs même s’ils ne me plaisent pas forcément. J’ai donc décidé de diviser cet article en deux partie. La première traitera de « Soleil de Jeddah » et de ses deux déclinaisons tandis que la seconde mettra en exergue trois autres parfums que je trouve soit à mon goût soit emblématique de cette collection. L’article sera donc un peu plus long que d’ordinaire, j’espère tout de même que vous le lirez jusqu’au bout.
« Les » « Soleil de Jeddah »
Je le disais en introduction, « Soleil de Jeddah », lancé à 2013, est un parfum emblématique de la marque. L’inspiration est ainsi décrite : « Au cœur du désert, les dunes ocre et dorées scintillent sous le soleil à son zénith. Le ciel se pare d’or et de paillettes. La chaleur intense et écrasante enveloppe les âmes aventureuses et les transcende pour ne faire qu’une. Un instant suspendu au cœur de l’Orient. Un parfum aussi lumineux que le soleil qui lui a donné son nom. Un départ intense et vertical aux éclats de citron d’Italie, traversant un cœur exotique de vanille et d’osmanthus. Amber se pare d’un sublime iris de Florence aux facettes poudrées et révèle son caractère affirmé avec des notes de cuir profond. Un parfum qui procure la sensation divine d'une aura radieuse au sillage puissant et sophistiqué ». Il s’agit-là d’un parfum ambré très élégant et complexe qui s’ouvre sur des notes d’huile essentielle de citron associées à la camomille sauvage et à l’osmanthus qui confère déjà à la composition un côté cuir très prononcé même s’il s’avère un peu caché. Le coeur d’iris et de notes terreuses se pare d’un accord d’ambre que je trouve tout à fait moderne puis le beurre d’iris revient en fond avec un duo basé sur l’accord cuir de Russie et la vanille de Madagascar. Ce parfum a déjà quelques années et il oscille entre un parfum oriental vanillé et un cuir de Russie sombre et goudronné. Je l’ai trouvé relativement original mais surtout il m’a semblé très qualitatif. Sans vraiment l’expliquer, je comprends son succès. Avec « Soleil de Jeddah », Stéphane Humbert Lucas brouille les cartes et nous entraine dans un univers singulier qui est le sien et qu’il ne faut pas forcément chercher à décortiquer.
En 2022, Stéphane Humbert Lucas propose deux déclinaisons de « Soleil de Jeddah ». Le premier est aussi, je crois, devenu un best seller de la collection et s’appelle simplement « Mango Kiss ». Comme son nom l’indique, Il reprend les notes originales notamment en tête avec l’huile de camomille sauvage, qui est cette fois associée à la fleur d’oranger et à un accord mangue. Le coeur est plus solaire car il est construit autour de l’ylang-ylang et de la noix de coco construit avec un accord ambre classique. « Au cœur de la palmeraie, les parasols sont alignés au bord de l'eau turquoise. Le soleil du matin, encore doux et caressant, est divin. Quelques longueurs dans la piscine et déjà les délicieux cocktails de fruits frais se préparent. Une journée au paradis. Soleil de Jeddah Mango Kiss est une version audacieuse et vitaminée de Soleil de Jeddah.Les notes acidulées de Mandarine et de Mangue pétillent dès l'ouverture. La fraîcheur d'un sorbet Coco contraste avec les facettes sucrées de l'Ylang Ylang tandis qu'une douceur addictive d'Ambre Solaire et d'absolu de Vanille sublime les gourmandises facétieuses ». J’ai un peu plus de feeling avec ce parfum-ci. Je considère qu’il s’agit-là du parfum le plus facile à porter de la trilogie. Je le trouve très séduisant, je ne dirai pas le contraire. Je pourrais même sans doute le porter même s’il est assez éloigné de mes goûts.
La même année, la marque lance « Soleil de Jeddah Afterglow » qui est peut-être celui qui m’a le moins attiré. « Le soleil vient de se coucher à l'horizon. Le ciel est en feu. La mer aux reflets éphémères est sublime. Le bruit des vagues accompagne les amoureux au bord de l'eau et les pensées se perdent dans des rêves d’éternité. Soleil de Jeddah Afterglow est une version sensuelle et voluptueuse de Soleil de Jeddah. Un départ original de fumées de mandarine et d’encens virevolte avant de se poser sur une Vanille cuirée. Au cœur du spectacle, l’Orchidée tisse de fines lianes autour du mythique Iris dans le secret espoir de l’apprivoiser. Devant la beauté du Benjoin de Sumatra, l’Ambre flamboie majestueusement et souffle ses dernières lueurs dorées jusqu’à la nuit ». Si le départ compte toujours dans ses rang l’huile de camomille, elle est, ici, associée à la bergamote et à un huile d’encens qui nous emmène sur un curieux coeur de cuir, d’orchidée et d’ambre puis sur un fond légèrement poudré d’iris associé au styrax, au benjoin e Sumatra, au vétiver et à la vanille de Madagascar. Plus sombre que les précédents, il est aussi plutôt froid. Je le trouve également peut-être plus original mais il y a certaines notes qui me dérangent un peu. Je ne pourrais pas le porter. Il n’empêche qu’il trouve apparemment facilement sa clientèle.
Trois autres 777
« Khol de Barheïn », lancé en 2013, est également un emblématique de la marque. À mon sens, c’est un ambré que l’on peut rapprocher de compositions très classiques comme « Grand Soir » de Maison Francis Kurkdjian par exemple peut-être dans une version un peu plus contemporaine. « Khôl de Bahreïn est un parfum glamour qui fait référence au Khôl, un ancien cosmétique pour les yeux utilisé par les pharaons et les reines égyptiennes et toujours porté par les femmes au Moyen-Orient. Une sensation de maquillage fantastique pour ce parfum séduisant, aux notes poudrées de Violette et d'un splendide Iris de Florence. Un hommage à l'élégance soulignée par les notes chaleureuses de l'Ambre et du Nougat onctueux. Un parfum ambré subtil et intime, une gracieuse arme de séduction ». Lorsque je l’ai découvert, le mot qui m’est venu est « qualitatif ». En effet, les matières premières sont belles, la composition est adroite et je comprends le côté « valeur sûre ». Le départ est très rond et poudré avec des notes de violette mais aussi de gommes peut-être un peu comme la guimauve et de nougat délicatement miellé. Le coeur, un accord ambre adouci par le bois de santal, fait très bien l’affaire comme on dit et il n’évolue que peu avec un côté benjoin un peu résineux. C’est un succès indéniable et cela ne m’a pas du tout échappé. Pourtant, il n’est pas mon préféré. Je le trouve certes assez moderne mais les parfums ambrés ne sont que rarement ma tasse de thé. Il n’en demeure pas moins une très belle alternative à ce qui existe sur le marché. Il faut l’essayer, je pense, pour se l’approprier vraiment.
Je ne pensais pas avoir de coup de coeur dans cette collection mais c’était sans compter sur « Un Nuit à Doha » qui date de 2014. Dès l’ouverture, je suis accroché par des notes, certes fugaces mais quand même, d’anis étoilé, de mandarine cristallisée et confite et de gingembre puis le parfum évolue vers un superbe coeur d’immortelle corse (l’un de mes péchés mignons je l’avoue) et de vétiver d’Haïti puis le tout se corse en se posant sur un fond de tabac brun très sombre un peu arroni par des touches de vanilles. Original, élégant, « Une Nuit à Doha » est vraiment mon préféré. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Inspiré des nuits d'été dans la capitale du Qatar, Une Nuit à Doha est un parfum chaleureux et gourmand mais innocent, au crépuscule où la nuit commence à tomber. Une explosion d'agrumes gingembre et caramélisés rappelant les marchés voisins remplis de douceurs et d'épices orientales. Une Immortelle onctueuse, douce et raffinée qui se mêle à des notes de Vanille et de Tabac aussi chaudes que les vents du désert où la ville a été construite. Une belle promenade à travers la ville lorsque la nuit commence et que les rues prennent vie ». Voilà enfin un parfum oriental qui sort des sentiers battus. Je suis sous le charme de cette mille-et-unième nuit en clair obscur entre notes chaudes et sombres. C’est un parfum vraiment singulier, qui ne ressemble à rien d’autre et je le trouve parfaitement addictif.
Le clou de la collection est le très onéreux « Ô Hira », également lancé en 2014, et qui fait la part belle aux matières premières très précieuses et notamment à une concentration incroyable d’ambre gris fossilisé. « Ô Hira, évoque l'histoire du prophète Mahomet cherchant refuge dans une grotte sur le mont Hira au sommet de la Mecque. Utilisant les ingrédients les plus précieux, le «diamant de la collection» comme l'appelle l'auteur, est le résultat d'années de travail acharné. Stéphane Humbert Lucas présente le parfum comme un Ambre fossilisé et vise à exprimer une odeur primitive et noble. La composition est basée sur une construction ton sur ton, une superposition de notes d'Ambre, de Cuir et de bois, dirigée par un superbe Styrax pyrogéné. Le parfum, à la fois fort et doux, dévoile rapidement des impressions de terre, de salpêtre, d'ambre et de cannelle. Le noyau est solide et basé sur la fève Tonka, la vanille torréfiée et le musc ». Lorsque la marque décrit le parfum, on remarque, la construction très classique qui, met en valeur des facettes à la fois douces et ambrées, salines, végétales, minérales mais aussi animales. Attention, ce parfum n’est pas celui de tout le monde. Il a une diffusion et, j’imagine, une tenue très importantes. Je ne peux pas dire que je l’ai tellement apprécié car il n’entre pas du tout dans mes goûts mais je dois bien reconnaitre son extrême qualité. Je suis très content de l’avoir senti même si je n’ai pas osé le poser sur ma peau.
Voilà pour cette longue sélection. J’ai trouvé la collection 777 de Stéphane Humbert Lucas beaucoup plus complexe et luxueuse que la collection Serpent. Je pense qu’elle s’adresse surtout à des amateurs de parfums ambrés et orientaux très qualitatifs. Pour ce qui est du flacon, il me rebute aussi un peu moins, il faut le dire. Je n’en raffole pas mais il est « supportable ». Il est vrai que je préfère quand même un contenant plus sobre… Les goûts et les dorures…
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