La collection Trades Routes de Penhaligon's
Si l’on partait sur la route commerciale du XIXème siècle, de la Chine à Londres et vice-versa ? « Oui, Penhaligon’s aime raconter des histoires. Tiré de notre livre de contes, le chapitre que vous découvrirez aujourd’hui revient sur la création de la collection Trade Routes. Inspirés des marchandises de luxe qui s’échangeaient sur les docks londoniens à l’aube du XIXe siècle, ces trésors parfumés renferment la promesse d’un voyage olfactif dans le temps. Quels cadeaux arriveront à bord du prochain navire ? Aventurez-vous dans une ère révolue d’exploration et d’audacieuses découvertes avec ces parfums exotiques. Trade Routes est infusée des mille ingrédients opulents qui ont débarqué sur les quais londoniens à la fin du 19e siècle ». Huit parfums pour embarquer sur les bateaux, sentir le monde, profiter de cette « malle des Indes » en passant en Égypte et en Turquie… Nous ne sommes pas dans l’Orient-Express mais plutôt dans ces navires de transport de marchandises au-delà des mers. J’ai décidé, une fois n’est pas coutume, de vous parler de toute la collection. Huit créations très différentes, huit univers orientaux qui vraiment me plaisent énormément même s’ils ne sont pas nécessairement pour moi.
Créé par Christian Provenzano pour la collection Trades Routes en 2014, « Empressa » est sans aucun doute l’un des floraux fruités que je préfère sur le marché car il ne cède ni à la facilité ni au manque d’élégance comme tant d’autres. La touche « so british », la modernité de la signature du parfumeur et la qualité des matières premières en font sans aucun doute un bijou olfactif. Je remercie d’ailleurs Léa, qui se reconnaitra, pour m’avoir fait redécouvrir cette composition complexe et d’une grande finesse. « Une découverte unique ! Empressa de Penhaligon’s se présente telle une rose précieuse du Moyen-Orient, originaire de Damas, sublime la délicatesse de la fragrance ; le géranium et le poivre déploient leur vivacité. La trilogie d’ouverture, composée d’orange sanguine, de bergamote et de mandarine, laisse deviner un sourire accueillant et radieux. Mais, Empressa se distingue particulièrement par ses notes intenses sensuelles de cacao, d’ambre, de patchouli, d’encens et des bois les plus précieux ». Pour moi, « Empressa » est comme un collier de perles, chic, intemporel (bon certes un peu rendu contemporain par les épices) je le redécouvre et me dis que je pourrais peut-être même le porter comme presque toute la collection des British Tales. Il y a quelque chose de très étonnant à redécouvrir ce genre de parfum à côté j’étais peut-être un peu passé. Dès la vaporisation, je suis séduit par l’envolée de bergamote, de mandarine et d’orange sanguine rendue « pep’s » par le poivre rose. Le coeur est celui d’un floral fruité avec des accents de pêche, de cassis mais aussi de rose, de néroli et de géranium rehaussés de noix de muscade et de cardamome. Le fond demeure original avec la vanille, l’encens, les muscs blancs, le bois de santal et des touches de cacao. Il y a quelque chose de vraiment très délicat dans le développement de ce parfum. On est loins des grosses machines de la parfumerie grand public ou de certaines marques de niche. J’aime beaucoup le côté très ciselé de ce parfum « à l’anglaise ». Je me demande si je pourrais porter « Empressa ». Je vais le réessayer un peu plus autour de moi après les fêtes et je vous en reparlerai peut-être.
« Halfeti est un parfum riche et captivant qui mélange des fruits, des épices et des notes profondes avec du jasmin crémeux et de la rose mystérieuse, pour créer un parfum adapté aux hommes et aux femmes. C'est donc l'amour. Une fragrance enivrante et mystérieuse : pamplemousse vigoureux, épice levantine et rose s'enchevêtrent au clair de lune. Mais qu'y a-t-il au bord de la rivière ? Serait-ce la légendaire rose noire ? ». Créé en 2015 par Christian Provenzano également, « Halfeti » est le premier parfum d’une trilogie. Son départ est résolument cuir et épices mais on retrouve tout de même des notes hespéridées telles que, je pense, la bergamote mais je crois déceler de la cannelle également. Très vite, l’ambre, le safran et des notes florales l’adoucissent pour laisser, sur la peau, une sensation très agréable, jamais entêtante. Le fond est plus résineux, je crois percevoir, mais d’une manière délicate « à l’anglaise », un peu d’oud et de patchouli. Je pense également qu’il y a des notes de vanilles ou d’ambre qui viennent arrondir l’ensemble. Ce que m’évoque « Halfeti » est aussi complexe que le parfum en lui-même.
« Babylon » a été lancé en 2019 et je dois dire qu’il me déroute un peu. La marque le décrit ainsi : « Lieu de perdition ou merveille majestueuse du monde antique ? Peu importe - Babylon est un parfum tout simplement divin. Vanille chaude, cèdre distingué et safran opulent. Après tout, pourquoi réveiller l’eau qui dort ? » ce qui résume assez bien l’impression que l’on peut avoir lorsque l’on sent ce parfum atypique et tendre. Pour moi, il ressemble à un voyage onirique en Orient mais aussi à une certaine idée que je me fais des salons un peu élégants des quelques grands hôtels d’Istanbul plutôt dans les années trente côté européens à mi-chemin entre Orient et Occident. En tête, le safran est vraiment très envahissant et pourrait me gêner pourtant il n’en n’est rien. Je le trouve tout à fait bien dosé et il se marie bien avec le coeur végétal de cypriol et le fond un peu doux et profond du santal. C’est une promenade, quelque chose de très doux, de très agréable et profond. Je me plais à penser que « Babylon » est un parfum qui rencontre un certain succès car il propose une alternative vraiment originale aux orientaux classiques. Pour ma part, je ne pourrais pas forcément le porter mais c’est vrai que je l’ai réessayé avec plaisir pour écrire mon article. Pour moi, c’est un parfum un peu décalé dans la collection tout comme, finalement, « Empressa » qui fut curieusement le premier.
J’ai toujours aimé les diverses civilisations qui ont fait l’Égypte et, en 2019, lorsque est sorti « Cairo », j’étais à Paris et je l’ai découvert sur le stand du Printemps Haussmann. Je dois dire que je ne l’avais pas vraiment remarqué à l’époque. J’avais même été un peu déçu hors j’ai eu l’occasion de le remettre sur ma peau et, vraiment, je l’aime bien. « Le soleil se levant sur Le Caire apporte une chaude épice de safran. Bientôt, tout devient vie. La rose de Damas et le labdanum s’épanouissent au-dessus du patchouli sensuel. L’eau de parfum de cette ville est ancienne, mais renaît chaque jour ». Tels sont les mots de la marque pour en décrire l’inspiration. Je dois dire qu’entre cuir et rose, les notes épicées jouent un peu la surprise. Le safran en tête est un peu envahissant mais, très vite, avec l’arrivée d’une rose en coeur, il se fait plus rond, moins « rêche » si j’ose dire et le fond santal et vanille soutenus par le labdanum est du plus bel effet. Il est un peu moins, pour moi, une invitation au voyage que je l’aurais souhaité mais, quand même, c’est un beau parfum qui se fait de plus en plus classique lorsqu’il se développe. Parfois, j’ai envie de respirer ce que je considère pouvoir être un bel intemporel sans trop de risque. « Cairo » est de ceux-là. Il est impeccablement réalisé, il revêt une belle élégance mais ne devient jamais banal même si sa structure est complètement habituelle. J’espère que mon explication n’est pas trop incohérente mais c’est ce que je ressens en le sentant sur ma peau.
En 2020, Christian Provenzano a créé des variantes à « Halfeti » et je vais commencer par « Halfeti Cedar » qui, comme son nom l’indique, fait la part belle au cèdre. « Les collines de Halfeti restent inexplorées... jusqu'à présent. Les fruits secs et les épices cascadent à travers la haute canopée du cèdre dans une rivière de rhum, de minéraux et de vanille. Un nouvel amour prend racine dans ce parfum ambré ». Plus ronde, plus liquoreuse mais aussi plus boisée, cette variation autour du même thème m’a un peu moins séduit que l’original. En effet, malgré les notes de fruits confits et notamment de pêche en tête et le côté rhum, je trouve l’accord minéral au coeur est un peu froid et le fond, overdosé en cèdre de l’Atlas revêt presque un côté poudré sur ma peau qui me dérange un peu. En effet, je le trouve un peu étouffant et je le préfèrerais plus nuancé. Ce parfum s’adressera vraiment aux amateurs de cette note dont le succès, depuis « Féminité du Bois » de Serge Lutens, ne s’est jamais démenti et s’adresse aux deux sexes, vont aimer ce parfum et je pense bien qu’il est une réussite. Je suggères à ceux qui, depuis qu’il est sorti, sont des adeptes de « Légende du Cèdre », de s’y pencher car il complète magnifiquement l’offre.
« Même nous, les Britanniques si stoïques, ne pouvons pas résister aux délices exotiques que l'on trouve ici à Halfeti. La bergamote audacieuse anime le cuir et le oud dans la brume du bazar. Le parfum iconique - mais pas tel qu'on le connaît ». Vous le savez, si vous suivez mon blog, je ne suis pas un adepte des parfums orientaux mais « Halfeti Leather », également créé en 2020 par Christian Provenzano est une bombe, il n’y a pas d’autres mots. Plus je l’essaye, plus je l’aime et pourtant, il est vraiment très éloigné de mes goûts comme quoi, il ne faut jamais dire jamais. Alors vous me direz, il y a cette note de prune confite en tête qui m’attire comme un aimant et qui joue avec la douceur de la bergamote mais les fruits confits, les épices, le oud et les petites touches d’encens sont vraiment du plus bel effet sur ma peau. Je tourne autour encore et encore et, vraiment, je finirai par passer un hiver avec ce parfum. Il est vraiment magnifique, je ne peux pas dire plus. C’est l’oriental oud élégant par excellence et il rejoint les rares parfums qui recèlent cette note et que j’aime comme « Honey Oud » et « Leather Oud » de Floris (encore des marques anglaises) et je dois dire qu’il est peut-être même mon préféré. C’est un parfum qui a bousculé ce que je croyais savoir de mes goûts.
À sa sortie en 2021, « Constantinople » m’avait bien plu : « Le parfum d’une ville de légende. Les notes florales émergent de la terre ; les univers sont chamboulés. Le parfum d’une ville de légende. Mêlé à des notes telluriques de mousse, le précieux iris infuse les berges avoisinantes de son arôme. C’est alors que la nuit tombe. Exhalant une délicieuse bouffée de vanille. Entre audace et sensualité, deux mondes s’entremêlent intimement ». Je dirai que c’est l’une des créations les plus intéressantes de la collection si on se place sur le plan de l’originalité. Il fait la part belle à la vanille et je ne le trouve pas forcément comme une promenade à Istanbul mais finalement, pourquoi pas ? On peut imaginer se promener sur le Bosphore, visiter Sainte-Sophie et se plonger dans un univers très ottoman. Pour moi, « Constantinople » est quand même surprenant. Il s’ouvre avec des notes très incisives et pétillantes de poivre rose qui nous emmène sur un coeur poudré d’iris, voire même de racine d’iris que je trouve légèrement terreux. Je n’aime pas dire ça d’un parfum mais le fond est vraiment très sensuel avec cette vanille enveloppante et, finalement assez animale. En tout cas, « Constantinople » est un parfum déroutant. Je ne peux pas dire que ce soit le coup de foudre mais je le trouve très réussi tout de même. Je pense qu’il plaira peut-être un peu plus aux femmes… Quoi qu’il n’y ait aucune règle en parfumerie.
En 2022, est sorti « Legacy of Petra » et il est, à ce jour, la dernière création lancée par Penhaligon’s pour la collection des Trades Routes. Il a été composé par Nathalie Gracia-Cetto et il est, pour moi, un coup de coeur. « Une fragrance sucrée et épicée, balayée par les vents du désert. La myrrhe appartient aux villes où la chaleur règne. Le vent brûlant du désert. Une rafale de bergamote et de résine. Un tourbillon de sable accueille un convoi d’ambre boisé et parfumé, juste à temps pour le thé. La myrrhe chaleureuse invite à prolonger le séjour. Mais ne serait-ce qu’une aimable façade ? Sûrement pas ». Sur le papier, ce parfum, un peu gourmand, n’avait pas grand chose pour me plaire et pourtant, sur ma peau, il est vraiment superbe, il faut bien le dire. Après un départ de graine de fenouil légèrement anisé qui donne presque un côté réglisse, le coeur de myrrhe est vraiment original et il s’arrondit encore avec le fond vanillé. Et si « Legacy of Petra » était l’oriental parfait ? Je ne sais pas mais j’ai l’impression de me retrouver dans l’un des romans « en voyage » d’Agatha Christie. Il y a du mystère là-dessous. Je pourrais parfaitement m’approprier ce parfum que je trouve vraiment unique. Il me plait énormément. C’est sans doute vers lui que m’emmènent mes préférences. Il faut absolument de le découvrir. Il est très singulier. On l’aimera ou pas mais moi, franchement, je suis très séduit.
Voilà, j’ai passé en revue les Trades Routes actuels. J’aurais pu revenir aussi sur « Agarbathi » qui avait été créé par Alex Lee et qui, malheureusement, a été supprimé. Je l’aimais beaucoup, j’en parlerai sans doute dans une autre rubrique. Pour l’instant, j’ai un vrai coup de coeur pour « Halfeti Leather » et « Legacy of Petra » mais je pense que les amateurs d’orientaux pourront facilement voyager au grés des navires de commerce de la compagnie Penhaligon. En tout cas, cette collection résolument moderne, est une vraie réussite de par la diversité des créations et de la qualité des matières premières. Si vous croisez les Trades Routes, n’hésitez pas à y mettre votre nez. Vous pourriez être très séduits.
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