Passion Parfums

Avec l’arrivée des beaux jours, je me suis penché sur une autre plante aromatique plus rarement utilisée en majeur en parfumerie mais que je trouve vraiment rafraîchissante. Il s’agit de la menthe. Je me rends compte que je n’ai jamais traité le sujet alors que je connais plusieurs parfums dans lesquels elle est mise en avant. Je suis allé non-seulement en re-sentir certains mais également en essayer et j’en ai retenu quatre que je trouve particulièrement réussis et réalistes. Alors allons prendre une douche de fraîcheur avec ces créations très naturalistes (même si elles ne sont pas 100% naturelles) qui peuvent nous donner envie de changer nos habitudes et de tenter la note de menthe.

Elle n’est pas si facile cette note de menthe en parfumerie. Elle peut vite avoir un côté artificiel et sans nuances. Je trouve que James Heeley, qui a créé « Menthe Fraîche » pour sa marque éponyme en 2006, y a parfaitement réussi. « Une senteur contemporaine, ultra fraîche et naturelle. Quelques feuilles de menthe pilées, un soupçon de bergamote sicilienne, de thé vert et de cèdre blanc. Lumineuse et légère, une fragrance rafraîchissante à porter de jour ». Après une envolée vraiment très réaliste de menthe rehaussée de bergamote, le parfum s’enrichit d’un coeur tout à fait cohérent même s’il est discret, de thé vert et de freesia puis d’un fond de bois de cèdre. Dès la vaporisation, le parfum est une explosion de fraîcheur aromatique. En tout cas, en ce qui me concerne, ce parfum est une véritable pépite parmi les créations très estivales de James Heeley. Il a, sans doute, une prédilection pour ce genre de fragrance car il les réussit systématiquement. Je me souviens de « Sel Marin » qui m’a séduit alors que je n’aime pas les salins en principe. « Menthe Fraîche » fait partie de ces compositions pas forcément faciles à porter pour moi mais que j’adore sentir. En tout cas, les amateurs de cette note doivent impérativement la découvrir.

Je ne connaissais pas le travail de Sylvie Fischer lorsque j’ai découvert « Mantes-La-Jolie » quelle a créé en 2023 pour Astier de Villatte et je dois dire que je suis vraiment bluffé par son côté réaliste. Le départ est hyper aromatique avec des notes de menthe, de basilic et d’eucalyptus qui respirent un peu avec le côté acidulé du citron et de la bergamote. Le coeur de jasmin sambac, de figue fraîche et de cassis accentue vraiment le côté menthe à peine cueillie et je trouve que le fond de maté ne nuit pas du tout au côté épuré de la création. « Par une chaude journée d’été, promenade matinale dans les ruelles chargées d’histoire de la ville. Des étals du marché s’échappe une délicieuse bouffée d’herbes aromatiques fraîchement cueillies : menthe, basilic, feuilles d’eucalyptus et bergamote aux accents franchement citronnés, auxquels se mêlent quelques suaves effluves de gingembre épicé, de jasmin sambac ensoleillé, de maté aux accents herbacés. Sur la peau la trace verte et vivifiante du parfum subsiste longtemps ». J’ai été vraiment impressionné par le réalisme aromatique de cette composition qui me semble un peu difficile à réussir. En tout cas, « Mantes-La-Jolie » est vraiment incroyable. Je me suis fait plaisir à le réessayer pour cet article mais je ne pourrais pas le supporter toute une journée. En revanche, j’adore le sentir.

« Nota di Viaggio 2, c'est un voyage olfactif au cœur du Maroc. Meo Fusciuni nous invite à partager son expérience, à travers un parfum qui évoque les sens. De la menthe fraîche qui nous accueille à l'arrivée, aux notes chaudes et épicées du tabac en passant par les effluves envoûtantes du thé à la menthe, chaque senteur est une invitation au voyage. Une explosion de vivacité, puis un voyage au cœur de traditions ancestrales, pour finir dans une ambiance chaleureuse et enveloppante ». Giuseppe Imprezzabile alias Meo Fuscini nous emmène vraiment dans un thé à la menthe tenace et un peu original avec une envolée de menthe naine marocaine, un coeur de citronnelle et de camomille très présent et un fond de tabac complètement inattendu. Avec cette composition lancée en 2011, il ouvre notre nez à son univers mais aussi aux odeurs d’ailleurs. J’ai une vraie prédilection pour le travail de cet artiste italien mais j’ai un peu de mal à porter ses créations que je trouve quand même assez loin de mes goûts en général. Je sais, imperceptiblement, reconnaitre son talent peu commun et j’aime découvrir ses parfums mais je n’ai pas encore trouvé le mien. « Nota di Viaggio 2 » est un exemple parfait. Je le trouve absolument réussi mais il n’est pas pour moi.

J’ai gardé, pour la fin, le parfum le plus clivant de ma sélection. Il s’agit bien évidement de « Mentha Religiosa », créé en 2016 par Fabrice Pellegrin pour Roos & Ross que je n’ai découvert qu’il y a quelques années lorsque je préparais un article sur les parfums ayant reçu le FIFI Award du meilleur parfum de niche qu’il a obtenu en 2017. « Un clair-obscur hypnotique, entre ombre et lumière. Une menthe fraiche et intense fait son entrée, accompagnée par la bergamote élégante et pétillante. Les notes florales, iris et héliotrope, apportent un coeur unique qui s’épanouit sur un sillage vibrant d’encens et de patchouli ». Après un très joli départ de menthe et de bergamote qui reste assez rond, le coeur, c’est vrai, un peu incongru d’encens et d’iris vient prendre toute la place, adouci par le côté amandé et très rond d’héliotrope puis le fond de muscs blancs et de cèdre se pose pour remettre en lumière la note de menthe. « Mentha Religiosa » ne sera pas, il faut le dire, le parfum de tout le monde. Il est complexe, segmentant, particulièrement bien imaginé mais assez difficile à porter. Au départ, son extrême originalité me séduisait mais, après l’avoir beaucoup essayé, je me dis que j’ai quand même du mal à le supporter sur ma peau. En tout cas, il mérite mille fois sont FIFI Award car, d’un point de vue créatif et artistique, il coche toutes les cases. C’est une vraie curiosité.

Vous l’aurez compris, je n’arrive pas trop à porter les parfums dans lesquels la note de menthe est travaillée vraiment en majeur même si c’est une odeur que j’aime énormément. Ce sont les mystères des goûts olfactifs. En revanche, j’ai pris beaucoup de plaisir à réessayer les quatre parfums que j’avais sélectionné. Je les trouve particulièrement réussis, qu’ils soient réalistes ou plus stylisés. Ce sont des pépites, il faut bien le dire. J’espère que les amoureux de la menthe auront envie d’aller les découvrir. En tout cas, je les trouve vraiment réussis et, que ce soient la réalisation ou la création, m’ont réjoui.