Passion Parfums

Je n’aime pas tellement le goût de la noix de coco et, en parfumerie, je ne suis pas forcément amateur de cette note, pourtant exotique. En revanche, en découvrant, il y a quelques semaines, « Borabora » de Giardini di Toscana, je me suis rendu compte que, dans certaines compositions, elle me plait plus que je ne pouvais le supposer. J’ai chois quatre parfums dans lesquels elle est travaillée de telle manière que cela me plait beaucoup. Je trouve qu’il y a, dans ces créations, un air de vacances au bout du monde qui peut me faire voyager olfactivement. Je vous emmène donc avec moi et vous n’aurez pas besoin de passer des heures dans un long courrier.

Je l’ai dit souvent mais j’aime beaucoup « Le Grand Jeu » créé par Camille Goutal et Isabelle Doyen 2020 pour leur marque 100% naturelle Voyages Imaginaires. Je le porte pas mal et le connais bien. « Voilà un parfum qui a du sex-appeal à revendre et qui assume sa folle sensualité. On se retournerai sur son passage avec ses effluves de corps mouillé, bronzé, chauffé à blanc au soleil. Il donne le charisme insensé d'une James Bond Girl ... ou même de Bond lui-même! On s'imagine en robe longue du soir audacieusement décolletée ... ou en smoking à une table de jeu, aimanté, captivé. On s'imagine même que l'été peut se prolonger à longueur d'année... ». L’entrée en matière de la marque pour décrire ce parfum me donne déjà envie. Je ne suis pas James Bond, bien loin de là mais « Le Grand Jeu » me provoque une addiction depuis que je l’ai senti à sa sortie. Pour moi, il est « le » parfum solaire par excellence. L’envolée d’eau de coco, toute en finesse et en légèreté, me donne déjà l’impression d’une île paradisiaque ou des tréfonds des lieux inconnus de la Polynésie. Le coeur, floral, intensément rond de gardénia et de tubéreuse confirme cette impression. Enfin, en fond, la qualité de vanille utilisée, la même que dans « Comme Un Gant » je pense, m’envelopper sans jamais alourdir le côté très exotique de la noix de coco et légèrement animal de la tubéreuse. « Le Grand Jeu » est vraiment devenu, pour moi, un incontournable. Je le trouve absolument irrésistible.

 

J’ai un peu le même sentiment, dans un esprit qui s’en rapproche, pour le très beau « Caribe Kiss » créé en 2024 par Anatole Lebreton pour sa marque éponyme. « Un parfum festif et désinhibé qui respire les vacances : Caribe Kiss évoque les fiesta débridées, une pool party retentissante à l’hôtel Caribe Hilton, à San Juan, où fut inventée la Piña Colada. Un parfum d’enthousiasme, de métissage, de pride et de carnaval. Un ‘kiss’ de transgression par la fête, qui s’éternise jusqu’aux derniers rayons de soleil ». J’avais eu la chance de rencontrer le parfumeur à la parfumerie lyonnaise Odorem qui distribue la marque et de découvrir cette création alors qu’elle était encore loin de sortir. Je l’avais vraiment aimée et ça ne s’est jamais démenti. Voilà encore un parfum solaire que je trouve envoûtant sans trop le côté monoï mais avec une certaine élégance qui perdure tout au long d’une évolution un peu longue. Le départ d’ananas, de mandarine verte et de noix de coco me plonge, c’est vrai, dans un bain de pina colada très glacée mais réchauffée par un coeur de tubéreuse et de jasmin associées à un absolu de petit grain. Le fond de maté et de fève tonka se fait discret et n’apporte pas de côté poudré qui pourrait être un peu too. much. En résumé, « Caribe Kiss » est un vrai beau travail autour de la note de noix de coco et je trouve qu’il est peut-être l’un des plus réussis.

Avec « Charming Tuberose » créé par Rémi Barbier pour Majouri en 2019, on se dirige vers une variation autour du même thème mais dans une version plus chaude et épicée avec des notes de tête de noix de coco et de cannelle qui pourraient sembler écoeurantes mais sont travaillées de telle manière qu’il y a déjà une certaine élégance. Le coeur de tubéreuse, de jasmin et de gardénia aussi bien que le fond de vanille et de vétiver peuvent paraître classiques et le sont sans doute mais quelle réussite ! « Elle débute sur une note sucrée, s’achève dans la douceur mais c’est au cœur de sa mélodie que brillent la lumière et le drame. Indéniablement féminine, Charming Tuberose s'ouvre en douceur sur des notes suaves de coco et cannelle. Ensuite, un duo réconfortant de jasmin et gardénia s’enveloppe d’un vétiver boisé frais et d’une douceur vanillée qui confère au parfum un sillage terriblement envoûtant. Réconfortante, elle disparaît aussi délicatement qu’elle est apparue ». Ce parfum, que j’ai porté pourtant avec plaisir, est peut-être plus féminin que les deux premiers car sa rondeur, son côté charnel avec l’association de le noix de coco, de la cannelle et de la tubéreuse, lui confèrent une rondeur très sensuelle. Ceci dit, je l’aime beaucoup et je pourrais tout à fait la porter. J’ai plusieurs parfums sur ce thème et je l’ai un peu écarté mais pourquoi pas, dans l’avenir, m’y pencher à nouveau.

Il est impossible d’évoquer la note de noix de coco, à mon sens, sans vous parler de « Palm » (ex « Cocobello »), créé par James Heeley pour sa marque éponyme en 2013. Je sais que je vous en ai parlé récemment mais c’est une telle réussite qu’il faut y revenir. « Un sillage de gardénia de Tahiti s’enroule au rythme d’une mer silencieuse et transparente sur la peau salée, sublimée par le soleil. Des notes de noix de coco et de bois de cèdre de Virginie étendent leur ombre sur une plage de sable blanc ». L’envolée de feuille de palmier très verte et un peu résineuse se fait plus suave avec le gardénia puis, au coeur, la noix de coco mêlée au sel de mer et à la vanille est du plus bel effet et garde une certaine légèreté presque aérienne qui n’est nullement altérée par le fond de cèdre, de santal et de benjoin que je trouve difficilement perceptible. « Palm » est un parfum de la collection classique de la marque que je ne connaissais que de non et, grâce à l’une d’entre-vous, j’ai eu envie de l’essayer vraiment et je me suis laissé séduire. Encore une fois, et c’est souvent le cas dans la marque, c’est un parfum que je pourrais m’approprier. Il est joyeux, très agréable à porter et vraiment élégant, comme « à l’anglaise ». C’est une vraie réussite.

Je vous l’ai dit en introduction mais la noix de coco en parfumerie, ça passe ou ça casse. Certes, la note peut faire cheap dans certaines compositions mais quand elle est bien travaillée, je la trouve « jubilatoire », exotique et qualitative. Je me suis laissé dire par un parfumeur indépendant qui lit ce blog, qu’elle pouvait prendre plein d’aspects et de textures différentes. Je trouve l’idée intéressante. En tout cas, ces quatre parfums sont, à mon sens, quatre réussites. J’espère vous avoir donné envie de les découvrir.