Passion Parfums

* Article modifié

 

 

 

En 2019, Anaïs Biguine crée, pour sa maison Jardins d’Écrivains, une collection de trois cuirs qu’elle intitule La Pléiade. J’ai souvent parlé de « Alcools » composé en référence, bien sûr, à Guillaume Apollinaire mais les deux autres parfums sont vraiment très beaux et j’avais envie, en les ayant redécouvert, de vous parler de « Loy » et de « Howl » que je trouve particulièrement réussis. Je les avais découverts à leur sortie et j’ai eu envie de revenir sur cette mini-collection qui s’est intégrée récemment aux classiques de la marque. C’est donc trois déclinaisons du cuir qui me séduisent et peut-être même me charment. Il faut dire que le travail d’Anaïs Biguine est souvent, pour moi, source d’inspiration et de désirs parfumés.

« Mina Loy 1882/1966. Poétesse Anglaise. Ce manifeste olfactif évoque la passion entre Mina Loy et Arthur Cravan. La rose Métisse se baume de Gurjum, Jasmin, Safran, Vetiver et Santal.  For ever and never ». « Loy » est un cuir sans cuir, tout en douceur, tout en finesse avec une pyramide olfactive très bouleversée. En effet, le parfum s’ouvre sur un très beau jasmin soutenu par des notes de vétiver qui donnent effectivement un côté cuir voire même un peu animal. Puis vient un coeur de rose baumée et profonde qui me trouble et me déroute car il ne commence à rien d’autre. Au bout d’une longue évolution, le parfum se pose sur un fond de bois de santal épicé de safran également très surprenant. Parmi les trois créations de cette collection, « Loy » est vraiment la plus étonnante. Elle est même franchement singulière, pas facile, clivante et pourtant je la trouve vraiment très intéressante à porter. Je pourrais parfaitement me l’approprier et me plonger dans l’univers de cette poétesse dont j’avais lu quelques traductions et que j’ai envie de redécouvrir, mais cette fois dans le texte. En tout cas, « Loy » n’est pas le parfum de tout le monde. Il est particulièrement élégant et singulier. C’est tout ce que j’aime !

 

 

« Howl : Allen Ginsberg - 1926/1997/ Poète Américain. Un souffle chaud venu de San Francisco. Un désir fou de liberté, un parfum bohème composé de lavandin, thym, géranium, cannelle, fève tonka, musc, patchouli, ambre » est le second parfum de la collection et je le trouve particulièrement original aussi avec un départ très aromatique de lavande et de thym, un coeur de cannelle poudré par la fève tonka et légèrement mentholé par le géranium. Enfin arrive un fond construit autour d’un accord ambre et musc avec des notes de patchouli. Il y a, dans « Howl », un très joli équilibre et, c’est un peu un cuir sans cuir. Les notes un peu animales sont conférées par le patchouli et cet accord ambré très profond en fond. J’aime l’équilibre entre les notes aromatiques et épicées qui jouent avec la facette cuirée et poudrée de la fève tonka. Anaïs Biguine a réinventé le cuir en lui donnant vraiment des versants aromatiques et épicés qui compensent le côté très rond, musqué et ambré de la fragrance. Là encore, l’originalité est de mise. Je ne connais pas l’oeuvre d’Allen Ginsberg mais il est fort possible que j’aille lire quelques poèmes dans le texte.

 

 

« Alcools : Guillaume Apollinaire - 1880/1918 Poète Français. Élixir de macération cuirée. L’ivresse des sens révèle l’art du choc. Une quintessence composée d’armoise, bouleau, lilas, fève tonka, benjoin, styrax ». « Alcools » a été et demeure mon vrai coup de coeur dans la collection La Pléiade. C’est un cuir liquoreux, très éloigné de mes goûts habituels mais sa profondeur et sa singularité ont créé chez moi un coup de coeur immédiat lorsque je l’avais découvert à Ma Belle Parfumerie à Dijon. Le départ est âpre et sombre avec le côté aromatique de l’armoise et goudronné du bois de bouleau puis arrive un coeur cuiré de fève tonka fleuri par des notes de lilas. Le fond s’avère sombre et baumé avec des notes de styrax et de benjoin. Je trouve qu’avec « Alcools », Anaïs Biguine a réinventé le cuir de Russie en lui donnant un côté presque liqueur voire même whisky. J’ai adoré ce parfum sur ma peau dès que je l’ai posé et je l’ai porté jusqu’à en avoir presque assez. En tout cas, il reviendra dans mes préférences un jour ou l’autre car j’ai un vrai attachement pour cette création singulière et profonde.

 

 

 

Il faut vraiment découvrir Jardins d’Écrivains. C’est une maison qui recèle des merveilles d’inventivité et d’originalité. Une fois de plus, je veux dire mon admiration pour le travail complètement hors-norme d’Anaïs Biguine, produit de son imagination et de son érudition. La Pléiade nous apporte trois parfums parfaitement singuliers à découvrir ou redécouvrir absolument.