La Private Blend de Tom Ford ou le succès d'une collection privée
Plusieurs d’entre-vous me demandent, depuis quelques semaines, de vous parler voire même de vous donner un avis sur la Private Blend, la collection privée de Tom Ford. Je connais les parfums distribués dans le circuit sélectif mais je supposait qu’il me faudrait attendre un séjour à Paris et un petit détour par le Printemps Haussmann avant d’écrire un premier article or, depuis peu, nous avons accès chez nous à quelques créations. En puisant dans mes souvenirs pour certains, découverts à Paris il y a quelques mois, et d’autres que j’ai pu sentir récemment, j’ai pu me faire une idée et il m’est possible d’écrire cette revue. Attention, les parfums de la Private Blend sont très nombreux et je ne peux parler que de ce que je connais. Globalement, je dirai que j’ai trouvé les parfums que j’ai découvert assez réussis. Je trouve leur prix très élevé et je sais qu’il faut en avoir vraiment envie pour en acquérir un. Je vais essayer d’être objectif et ne ne me montrer ni aveuglément critique ni trop complaisant. Je me suis fait une opinion mais je ne peux que vous parler de mon ressenti. Cet article, comme les autres ne traduit que mes impressions et n’a pas du tout une valeur de critique. J’ai sélectionné quelques parfums. Certains sont emblématiques de la collections et deux autres m’ont plu tout simplement. Allez, c’est parti, plongeons-nous dans l’univers luxueux de la collection privée de Tom Ford.
La marque ne communique pas sur le créateur de « Fucking Fabulous », lancé en 2017 et dont j’ai énormément entendu parler ne serait-ce qu’à cause du côté provocateur de son nom. C’est un oriental vanillé assez étonnant. J’ai jeté un oeil à la pyramide olfactive mais celle que j’ai pu trouver n’est pas forcément en accord avec l’impression que j’ai eue. L’envolée est assez fugace et je n’ai pas réussi à identifier une matière première ou une autre. Le coeur est cuiré et vanillé avec des notes un peu amandées et le fond est résolument boisé et ambré. Certes je l’ai senti lors d’une journée plutôt chaude mais j’avoue que je n’ai pas forcément adhéré. Je le trouve un peu entêtant voire même écoeurant. Je n’ai pas eu envie de le mettre sur la peau. Il ne correspond pas forcément à mes goûts mais c’est vrai qu’il a une certaine originalité et je suis content, après en avoir beaucoup entendu parler, de l’avoir enfin découvert.
« London » est un parfum très épicé lancé en 2013. Je ne l’ai pas senti récemment mais j’avais eu une excellente impression lorsque je l’avais découvert l’an dernier. L’ouverture de café épicé par des notes de safran, de poivre, de cardamome, de coriandre et de cumin très piquante nous emmenait sur un coeur de jasmin et de géranium pour, finalement se poser sur des notes boisées, un peu oud, un peu bouleau mais beaucoup adoucis pas des muscs blancs poudrés et presque frais. « London » est vraiment original. Je n’ai jamais oublié l’impression qu’il m’a laissé et je pense que, si je me décidais à essayer vraiment très précisément un parfum de la Private Blend, il pourrait être l’un de ceux que je choisirai car, vraiment, sur la touche, il m’avait beaucoup plu. Il faut dire que, il y a quelques mois, lorsque je l’ai découvert, j’étais très attiré par les parfumé épicés. Il fait partie des créations que j’ai envie de re-sentir lorsque j’en aurai l’occasion.
Créé en 2007 par Jacques Cavallier et Harry Fremont, « Noir de Noir » est également un parfum dont j’avais beaucoup entendu parler et, sur le papier, il m’avait fait envie. J’aime beaucoup les parfums chyprés et épicés et je dois dire que les notes de tête de safran, le coeur de rose et de truffe et le fond mousse de chêne et patchouli renforcés par une note de oud pouvait me plaire. Je l’ai eu à ma disposition et j’ai donc approfondi les choses mais j’avoue qu’il ne m’a pas forcément séduit. Pour moi, même après un temps d’évolution, le côté chypré ne ressors pas vraiment et je ne retrouve que les notes de rose et de vanille. Du coup, pour moi, « Noir de Noir » est un parfum surtout basé sur cet association de matières premières. La rose, renforcée par la truffe est un peu « velours », opulente, et, pour moi, presque entêtante. Je n’ai pas accroché mais je comprends qu’il plaise. Il était précurseur à sa sortie et il est, du coup, maintenant, dans l’air du temps.
J’en avais déjà parlé mais il faut bien dire que lorsque j’ai découvert « Lost Cherry » créé par Louise Turner en 2018, il avait été mon coup de coeur de la collection. Moi qui n’aime pas forcément les parfums fruités et opulents, j’ai complètement adhéré à ce parfum qui oscille entre amande, notes de cerises et de prune profondes, jasmin et patchouli. Complexe, inédit, c’est un parfum qui m’a immédiatement séduit par ses multiples facettes. Je n’avais jamais oublié l’impression qu’il m’avait laissé sur mon poignet un jour froid d’automne. Lumineux, il m’avait énormément plu et je m’étais dit que je pourrais le porter très facilement. On retrouve la griotte et la cerise à tous les étages de la pyramide olfactive. Les notes de tête sont amandées et liquoreuses mais le coeur de prune, de griotte un peu acidulée et de prune confite est complètement dans ma zone de confort d’autant que le côté jasminé le complète parfaitement. Le fond de clou de girofle, de fève tonka, de patchouli et de vétiver est très délicat et réussi. « Lost Cherry » est vraiment addictif mais il reste parfaitement élégant. J’ai beaucoup aimé ce parfum et mon impression est confirmée.
Lancé en 2007 et créé par Olivier Gillotin, « Tobacco Vanille » est également un parfum dont j’avais toujours entendu parler. Je l’avais découvert à l’automne et beaucoup aimé et j’ai confirmé mon impression en le re-sentant. À la fois oriental et épicé, ce parfum est un duo entre la vanille et le tabac comme son nom l’indique. L’ouverture de tabac blond associé aux notes épicées est absolument addictive et la dualité entre la fève de cacao, la fève tonka et la fleur de tabac en coeur reposant sur un fond boisé est du plus bel effet, je dois l’admettre. Opulent, dense, parfois sombre mais jamais trop « goudronné », « Tobacco Vanille » est l’archétype même du parfum que j’aime sentir mais que je ne pourrais pas porter. Il est trop oriental pour moi, trop puissant, son sillage est trop important. Pourtant il est beau c’est indéniable et je comprends son succès. Il est sans doute, pour moi, l’un des plus réussis de la collection.
Parmi les parfums de la Private Blend devenus des classiques, il y a évidemment « Tuscan Leather » qui est si prisé par les amateurs que la marque en a sorti une version intense. Créé en 2007, c’est un cuir, un vrai, dense profond presque rêche. L’ouverture de framboise est très fugace autant que l’est le coeur de résine oliban et de jasmin. Ce sont les notes de fond avec un accord cuir, daim, légèrement adoucis par une ambre sèche qui lui donne son identité. Pour moi, « Tuscan Leather » est un peu abrupte. Je lui préfèrerai « Ombré Leather » dans la collection Signatures que je trouve plus facile à porter. Ceci dit, pour les amateurs de cuir profond et très « maroquinerie », il est vraiment parfait. Je pense que son sillage et sa tenue doivent être impressionnantes. Je comprends son succès. Je l’imagine en plein hiver dans une écharpe en cachemire et je pense qu’il doit tout de même, malgré son côté ultra sec, être très agréable à porter. Là, encore, il n’est pas forcément pour moi mais je sais reconnaitre que c’est un beau parfum.
Lancé en 2009, « White Suede » a été la bonne surprise de ma découverte. L’envolée de thé noir et de sauge, le coeur de rose, de safran et de muguet et le fond à la fois poudré par les muscs blancs et lacté, presque crémeux apporté par le santal s’harmonisent parfaitement. Je le trouve vraiment très agréable, très original. Il m’a beaucoup plu. Je trouve que c’est un parfum cocon qui doit être vraiment très agréable à porter. Il me plait, c’est indéniable. Est-ce que j’aimerais le porter ? Je ne sais pas. J’ignore si je pourrais aller au-delà de ma limite de prix pour ce parfum-ci. Il est beau, je pense un peu addictif mais je ne suis pas tout à fait certain qu’il soit pour moi. En tout cas, je le trouve très réussi, atypique et élégant à la fois. Je suis beaucoup revenu dessus et, s’il est assez linéaire, il m’a paru particulièrement réussi. « White Suede » est une très jolie surprise et j’espère le re-sentir prochainement.
Vous connaissez mon attirance pour la note de prune et pour l’immortelle et il était donc logique que je tente de sentir « Plum Japonais » créé en 2013 par Yann Vasnier. L’ouverture est épicée avec des notes de safran et de cannelle, le coeur de prune du Japon, légèrement acidulé est associé à la fleur de l’arbre qui la produit et à l’immortelle et le fond est ambré et vanillé. J’avais noté qu’il avait une parenté avec le « 401 » de Bon Parfumeur qui est l’un de mes récents coups de coeur et c’est vrai qu’il y a de ça. Le sillage a l’air très important et je pense que la tenue l’est aussi. J’avoue que je suis un peu dérangé, à un moment de l’évolution, par la note d’oud en fond et que j’aurais préféré un bois plus neutre. Si je dois aller plus loin en le comparant au « 401 » je dirai que ce dernier me convient mieux. Il a aussi un côté prune confite et vanille mais je trouve que sa formule plus courte et épurée est plus proche des mes goûts. Ceci dit, « Plum Japonais » est un très beau parfum et sans doute l’un des plus atypique des créations que je connais désormais de la Private Blend. Si je devais choisir, je pense que je lui préfèrerai « Lost Cherry ».
Je ne reviendrai pas sur « Shangaï Lily » créé en 2013 par Antoine Maisondieu mais je vous renvoie à mon article sur ce parfumeur car cette création fait également partie de mes coups de coeur de la Private Blend. J’ai également fait l’impasse sur les hespéridés qui sont nombreux et dont certains sont des bests sellers car, pour moi, dans cette famille olfactive, on peut trouver un équivalent avec la même qualité, une tenue plus longue et un prix plus bas relativement facilement. Je suis loin de connaitre toute la collection (ou plutôt toutes les collections car il y a des subdivisions mais je ne m’étendrai pas là-dessus) mais mes récentes découvertes confirment mon impression. La Private Blend de Tom Ford est une collection très onéreuse qui comporte de belles choses. Ceci dit, franchir le pas n’est pas, pour moi et pour l’instant, à l’ordre du jour même s’il y a au moins deux parfums parmi ceux que j’ai senti et même essayé qui m’ont séduit. C’est une collection à découvrir et, si vous arrivez à y avoir accès car elle est peu diffusée, n’hésitez pas à vous y pencher.
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