Passion Parfums

C’est avec la sortie de « Mandi Rhubi », le nouveau parfum d’Isabelle Larignon qui, une fois sur peau, me plait beaucoup que j’ai décidé de me pencher sur la note de rhubarbe que j’aime bien en parfumerie. Je me suis rendu compte que, depuis longtemps, les parfumeur ont utilisé ce côté acidulé et très particulier que ce soit en majeur ou pour compléter une composition. Je suis allé découvrir ou redécouvrir certains parfums qui contiennent un accord rhubarbe et je trouve qu’il apporte vraiment quelque chose de particulier à la création. Attention, il y a des parfums dans lesquels la note de rhubarbe est très présente. J’en ai sélectionné trois que j’aime beaucoup et j’espère vous donner envie, à l’approche de l’été, d’aller sentir des parfums qui mettent cette note en avant car elle est très intéressante.

Le premier parfum qui comportait cette note et que j’ai essayé à sa sortie « Eau de Rhubarbe Écarlate » créé, pour Hermès, par Christine Nagel en 2016 et je l’ai toujours aimé. En effet, j’ai eu vraiment un coup de coeur pour cette composition élégante et réjouissante. Je crois n’en n’avoir jamais parlé. « Fragrance fruitée et hespéridée, la cologne Eau de rhubarbe écarlate exprime la fraîcheur d'une rhubarbe croquante et d'un lantana acidulé, associés aux notes élégantes de muscs ». Christine Nagel évoque des notes, outre la rhubarbe, de muscs blancs et de lantana, une matière première que je ne connaissais pas. Il m’a donc fallu faire des recherches. Il s’agit de la fleur d’une plante pantropicale originaire d’Amérique du Sud et qui peut pousser autour de la Méditerranée. Je ne sais pas du tout identifier son utilisation en parfumerie et je me contenterai de dire que « Eau de Rhubarbe Écarlate » est assez épuré et qu’il y a quelque chose de très élégant et également acidulé presque pétillant dans cette composition. Je l’ai toujours aimée mais il y a un bémol : pour obtenir toutes les facettes de cette création, il a fallu une dilution importante et, de ce fait, au moins sur ma peau, la tenue est éphémère. Cela ne m’empêche pas d’aller y remettre mon nez à chaque fois que j’en ai l’occasion.

Pour expliquer son inspiration lorsqu’il a créé, pour Jorum Studio dans la Scottish Odyssee, « Pony Boy », Euan McCall évoque un kelpie le « cheval ondin », créature métamorphe mentionnée dans plusieurs mythes et légendes du folklore écossais qui pourrait se balader le long des lochs au point du jour ou à la tombée de la nuit. Il invente donc un parfum vraiment atypique, très singulier et pourtant, on peut le porter comme une seconde peau. Sa concentration extrait de parfum lui confèrent une évolution très longue et une très bonne. On peut y retrouver de la rhubarbe, des graines de coriandre, de la figue, du pamplemousse rose, un très bel absolu de champaca, du poivre rose et même un accord de betterave rouge puis vient un absolu de lotus rose, de la gaine d’ambrette, du cèdre et de la feuille de framboisier ainsi que nombre d’ingrédients à la fois épicés et aromatiques qui le rendent complètement unique. C’est un parfum à la fois doté d’une grande singularité et qui reste profondément élégant. J’ai beaucoup aimé toute cette collection de la maison et je pourrais presque toutes les porter y compris « Pony Boy » que je trouve réjouissant et vraiment agréable.

Créé par Sven Pritzkoleit en 2022, « Cockatiel » est supposé recréer l’habitat de la très belle perruche calopsitte. Il en résulte un parfum doux, agréable très élégant qui, après une envolée pétillante de champagne et de rhubarbe très présente nous emmène sur un coeur poudré et enveloppant de bois de cachemire, d’acacia et d’un accord poudre de riz très « blanc » puis sur un fond de bois de gaïac, de patchouli, de vanille très présente et de muscs blancs. « Cockatiel » est un peu gourmand car la note très vanillée en fond en fait un cocon enveloppant, presque amandé comme si on était caressé par le bec d’un oiseau plein de plumes. Caressant est d’ailleurs le mot qui convient. C’est un doux parfum qui, au plus froid de l’hiver comme au printemps ou à l’automne, peut être choisi, aimé et renouvelé. « Cockatiel » est original mais il réussit le tour de force d’être facile à porter malgré tout.

« Signature » a été créé en 2012 par Bertrand Duchaufour pout Aedes de Venustas. La marque « rend hommage au passé, au présent et au futur de la parfumerie avec son parfum signature, judicieusement nommé Signature Eau de Parfum. Le premier parfum issu de la marque Aedes de Venustas en 2012 s'affranchit des structures traditionnelles de la parfumerie pour offrir un reflet olfactif qui incarne l'esprit de la célèbre boutique qui l'a vu naître ». Entre fraîcheur et densité, il est très emblématique voire même symptomatique du style Duchaufour. Il s’ouvre sur des notes magnifiques de pomme et de feuille de tomate. Le coeur, construit autour de la rhubarbe avec des notes de noisette torréfiée, de chèvrefeuille et de baies roses est vraiment original et le fond d’encens et de vétiver le rend très imposant. Je vais être honnête : j’aime beaucoup l’évolution du parfum jusqu’au coeur et je le trouve vraiment très bien construit et surtout complètement singulier, doté d’une vraie personnalité. Malheureusement, les notes de fond sont un peu décevantes pour moi et je les trouve plus convenues. Je suis moins sous le charme. Le sillage est sans doute assez léger mais la tenue m’a parue très bonne. Je ne pourrais pas porter ce parfum mais, d’un point de vue olfactif, il est vraiment très intéressant.

J’ai aimé aller à la rencontre de la note de rhubarbe. Elle me plait. Je la trouve « joyeuse » et, franchement, je me suis fait plaisir à fouiller dans mes échantillons pour retrouver quelques gouttes de ces quatre créations très différents mais toujours sur le thème de la rhubarbe. Je crois d’ailleurs que je vais en étudier d’autres. En effet, je me rends compte, à toutes fins utiles, que j’aime bien la n note de rhubarbe en parfumerie comme j’aime son goût dans la pâtisserie. Son côté vert et acidulé avec des accents rouges me donne toujours envie.