Passion Parfums

Passionné de mode et de parfumerie depuis son plus jeune âge, Laurent Mazzone a lancé en 2011, il y a déjà dix ans, sa maison de parfumerie en faisant appel, excusez du peu, à des parfumeurs tels que Jérôme Épinette ou Richard Ibanez entre autres. La marque se décline en plusieurs collections et compte, à ce jour, 33 créations originales. Je dois dire que je ne la connaissais pas du tout et que je dois cette découverte à Jessica, fidèle lectrice de ce blog avec qui j’échange beaucoup depuis plusieurs mois. J’ai pu sentir plusieurs parfums et j’ai été séduit par la créativité déployée par les parfumeurs et également par la qualité évidente des matières premières utilisées. J’en ai sélectionné six qui m’ont vraiment bien plu et dont j’avais envie de parler et je vais essayer de décrire le plus fidèlement possible mes impressions afin peut-être de vous donner envie d’aller mettre votre nez dessus. Je crois que c’est la boutique grenobloise Première Avenue qui possède, pour l’instant, l’exclusivité de la distribution de ces parfums.

Une fois n’est pas coutume, c’est par la nouveauté que j’ai eu envie de commencer cette revue. Elle et sortie donc en 2021, s’appelle « Kingkydise » et, malgré son flacon rose, elle fait partie de la collection Black Label. C’est un floral fruité très profond avec une envolée de pamplemousse rose que je ne sens pas trop mais surtout de lychee et d’une très belle qualité de poivre de Sichuan qui lui donne, d’entrée de jeu, un côté complètement addictif et qui perdure en s’enrichissant d’un coeur construit autour d’une essence de rose très délicate auquel le parfumeur a ajouté des notes de thé matcha un peu amères et d’un iris légèrement poudré. Très vite, le parfum se fait complexe, un peu déroutant et le fond de santal, d’ambre et de muscs blancs est, pour moi, juste un soutien qui et en valeur ce coeur très étonnant et très séduisant. La marque le décrit avec ces mots : « Une fragrance aussi joyeuse que charnelle. Sexy comme un sourire espiègle, elle joue d’une apparente fraîcheur pour mieux vous attirer dans ses filets.  Un festin des sens, ourlé des courbes pulpeuses de la rose et du lychee. L’évolution ardente,  teintée de muscs et de bois, invite à une étreinte voluptueuse. Résolument mixte, un parfum libertin qui bouscule les genres pour nous plonger dans une intimité grisante.  L’envolée fusante, relevée des notes épicées du Poivre Sichuan,  laisse entrevoir les rondeurs charnues, cachées sous la fraîcheur amère du pamplemousse. En cœur, l’essence de rose déploie ses nuances pleines, un brin métalliques, le lychee attise le désir de ses accents fruités. Le thé matcha étire l’amertume des débuts,  l’iris caresse l’ensemble d’une touche veloutée.  En fond, la plénitude sensuelle se révèle autour du santal et de muscs, avec un soupçon de gourmandise ». Pour ma part, je n’ai pas vraiment trouvé de note gourmande mais plutôt une dualité entre le côté épicé et presque pétillant du poivre et l’association harmonieuse de la rose et du lychee. Je trouve vraiment ce parfum très équilibré et original. Vraiment c’est un premier coup de coeur.

 

 

 

Lancé en 2017 et créé par Jérôme Épinette, « Arsenic Osman » est vraiment mon coup de coeur toutes catégories confondues. Il fait également partie de la collection Black Label et il est s’inscrit absolument dans ma zone de confort tout en apportant à mon nez quelque chose de vraiment nouveau. Je retrouve, quand je le sens, l’impression d’exception que j’ai pu noter lorsque j’ai découvert des parfums que j’aime particulièrement comme « L’Eau de Circé » de Pierre Guillaume ou encore « Mon Parfum Chéri » d’Annick Goutal. La marque le décrit ainsi : « L’osmanthus, petite fleur de Chine au souffle fruité, miellé et animal, est ce doux poison qui vient nourrir l’abîme, combler le manque. Un fruit défendu souligné de prune, habillé de nuances de cuir suédé et de vanille. Un sillage aussi envoûtant que vénéneux ». Il s’ouvre avec une envolée de cannelle et de prune qui est déjà complètement séductrice pour moi puis nous arrivons sur un coeur de jasmin indien très opulent et d’osmanthus à mi-chemin entre sa facette abricotée et une pointe de cuir légèrement poudrée par une violette très présente et qui est arrondie par la prune. Le fond est cuiré et enrichi d’une très belle qualité de patchouli indonésien et d’une vanille aromatique de Madagascar. Je ne l’ai pas essayé autour de moi pour l’instant mais j’ai bien su identifier plusieurs des notes avant de découvrir la pyramide olfactive tant elles me sont familières et me font me sentir bien. Je trouve que le nom du parfum et l’adjectif « vénéneux » employé par Laurent Mazzone sont particulièrement bien trouvés car c’est un parfum qui m’attire comme un aimant. Il a tout ce que j’aime : une formule plutôt courte et pourtant il dégage une impression de complexité facettée et fascinante. C’est indéniablement celui que je pourrais m’approprier le plus facilement.

Toujours créé par Jérôme Épinette, « Sensual Orchid » a été lancé en 2012 et je dois dire que, de ceux que j’ai découvert, il est sans doute celui qui m’a le moins surpris car il m’a pas mal rappelé l’univers des féminins de Tom Ford. Opulent, luxueux, très élégant et peut-être un rien trop féminin pour moi même si je n’aime pas trop genrer les parfums, il est tout de même de très belle qualité et c’est pour ça que je l’ai gardé sans hésiter dans cette sélection. « Tout juste rafraîchie d’agrumes en tête, cette partition solaire et chaleureuse joue des fleurs blanches et de notes amandées pour enivrer nos sens. La vanille, le benjoin et les muscs achèvent de souligner les courbes de cet élixir sexy en diable ». Une envolée de mandarine et de néroli très présent associée à la douceur de l’amande, un coeur floral et poudré d’orchidée, de jasmin sambac, de pivoine et de lysiana, une fleur qui pousse sur un petit arbuste très présent en Australie et dont je ne connais pas vraiment la senteur, et amandé une fois encore par la présence de la fleur d’héliotrope et un fond vanillé, musqué, avec des notes de labdanum et de benjoin un peu résineux soutenu par le cèdre blanc donnent à ce parfum une très grande opulence. Sur le papier, il aurait pu me plaire et c’est vrai que je le trouve joli mais, pour moi, il est un peu entêtant et je ne pourrais clairement pas le porter. Il n’en reste pas moins que c’est une belle création dans laquelle j’ai tout de même du mal à reconnaitre la signature de Jérôme Épinette tant je la trouve complexe et envahissante. Pour moi, il s’adresse à celles et ceux qui veulent laisser un sillage et une empreinte derrière-eux et il demeure un peu loin de ma zone de confort même si je lui reconnais une très belle qualité.

 

 

« Radikal Iris » est le premier que j’ai découvert dans cette seconde collection. La marque le décrit ainsi : « Les fleurs ont plus d’un tour dans leur sac. Comme l’iris, dont la racine offre une odeur terreuse et poudrée. Le cèdre et le patchouli soulignent ses nuances boisées, la fève de tonka exalte sa douceur. En tête, le galbanum souffle un vent de fraîcheur sur cette élégante partition ». Lancé en 2018, ce parfum m’a surpris et quand même pas mal séduit car je lui trouve vraiment une originalité étonnante car deux des matières premières utilisées s’entrelacent pour donner une fragrance finalement très duelle et pourtant complètement cohérente. Je m’explique : À l’envolée, le beurre d’iris très rhizome, presque terreux, prend immédiatement le pas sur la bergamote et les baies roses et vient s’associer à un coeur de cèdre et surtout de patchouli extrêmement bien travaillé. Le fond musqué, ambré et fève tonka arrondit seulement légèrement la fragrance. Pendant tout le développement, l’iris et le patchouli vont se « renvoyer la balle » pour créer une impression à la fois dense, un peu poudrée et extrêmement intéressante. Vraiment, je sens beaucoup ces deux notes qui se répondent sans cesse lors du développement du parfum et je crois que je n’avais que très rarement senti un duo de note aussi franc. J’ai beaucoup aimé l’idée. Je ne sais pas si c’est un parfum pour moi mais je l’ai senti et re-senti avec vraiment l’envie d’y revenir tant je l’ai trouvé réussi et intéressant. Pour moi, « Radikal Iris » est un vrai parti pris de parfumerie de niche comme j’aimerais en sentir plus souvent.

« Un coeur tissé d’absolue de rose et de jasmin, rafraîchi d’une touche aqueuse en tête, celle du freesia, portée par le souffle épicé du safran. En fond, les flammes charnelles du patchouli, de l’ambre et de la vanille de Madagascar embrasent l’ensemble avec volupté » tel est décrit « Radikal Lotus » toujours issu de la même collection. Je dois dire que ce parfum, également lancé en 2018, m’a un peu dérouté car je ne m’attendais pas du tout à ça lorsque j’ai lu son nom. Le départ est, pour moi indéfinissable. La marque de rose, de freesia et de safran associés à une note de goyave que je n’ai jamais sentie en parfumerie et le coeur se compose d’un absolu de rose, de lotus et de jasmin indien. La fragrance se pose sur des notes de patchouli de vanille en gousse et d’ambre noir. Pour moi, le lotus est vraiment anecdotique dans la composition (en tout cas de ce que j’en ai découvert) mais j’ai plutôt la sensation de sentir un floral fruité légèrement orientalisé par l’ambre noir et un peu aromatique. Je dois dire que je l’ai trouvé vraiment original et très étonnant. Ma première impression est un peu « Je t’aime, moi non plus ». Je ne sais vraiment pas quoi en penser. Entre attraction et presque un peu de répulsion, je n’ai pu m’empêcher de le sentir et le re-sentir. Par moment, je me disais que je pouvais le porter et à l’instant suivant, que ce n’était pas possible. Il est très intéressant, très clivant et original. Il est également très éloigné des parfums où le lotus est travaillé en majeur et que je connais. Je pense qu’il mérite vraiment d’être découvert ne serait-ce que pour l’expérience olfactive

 

 

 

Je suis loin de connaître tous les parfums de Laurent Mazzone mais ceux que j’ai découvert m’ont vraiment intrigué. Je trouve qu’avec les parfumeurs qui travaillent sur les création, il a su vraiment s’inscrire dans l’originale lignée des maison de niche au bon sens du terme qui proposent des jus qui sortent des sentiers battus. La plupart des créations sont proposées en concentration extrait, ce qui leur confère une longue tenue mais c’est vrai que les grands conditionnements sont un peu dans une fourchette haute de prix ce qui est normal. Il faut vraiment trouver le sien et être totalement convaincu avant de passer à l’achat à mon sens. Il serait dommage d’être déçu ou dérouté. Vraiment, j’insiste mais il faut absolument éviter l’achat à l’aveugle. J’ai bien aimé ce que j’ai découvert et j’espère revenir vous parler prochainement d’autres créations.