Le bambou, vert et un peu terreux
La note de bambou est verte, boisée, très étonnante et elle semble assez peu utilisée en parfumerie. Je me rends compte que je réussis à bien l’identifier quand je sens un parfum. J’aime vraiment beaucoup les effluves très étonnants de cette plante plurielle aux multiples variétés. C’est en portant « Balinesque » d’Olibere que j’ai eu envie de parler du bambou comme matière première et je dois dire que j’ai bien retrouver les parfums que je connais et dans lesquels il est utilisé en majeur ou en mineur. J’en ai choisi quatre que je trouve particulièrement significatifs de l’odeur de cette plante si particulière. Je précise que j’ai pu sentir, il y a quelques années, un accord iris bambou lors d’une conférence et que j’ai beaucoup aimé.
« Berlin, une ville qui vit avec la même énergie cinétique et magnétique qui a attiré David Bowie pendant quelques années de formation, de récupération et de prolifération dans les années soixante-dix. Le mouvement créatif perpétuel s'incarne dans une collision audacieuse de myrtille, de citron, de bambou, d'orris sauvage vert et de vétiver haïtien », tels sont les mots deVilhelm pour décrire « Poets of Berlin » créé en 2018 par Jérôme Epinette. Quand j’ai découvert la marque, je n’ai pas vraiment adhéré à cette composition que je trouvais par trop gourmande. Ce n’est qu’en le réessayant sur ma peau que j’ai appris à l’apprécier. Après une envolée de myrtille et de citron assez fusante, le coeur de vanille, de beurre d’iris et de bambou se fait vraiment très original et perdure jusqu’aux notes de fond de bois de santal et de vétiver ne vienne lui servir de socle. Curieusement, sur ma peau, la note de myrtille rendue verte par le bambou se développe plus que la facette vanillée ce qui n’est pas plus mal. Je n’aime pas du tout « Poets of Berlin » sur la touche alors que, sur ma peau, il faut le dire, il évolue bien justement parce que cette note de bambou se développe et contrebalance le côté un peu trop « orchidée » qui pourrait m’écoeurer. Il n’est pas vraiment pour moi mais je comprends parfaitement l’engouement des amateurs pour ce parfum absolument unique et très original.

« J'ai voulu retranscrire l'ambiance d'une bambouseraie, les innombrables teintes de vert et le lent va-et-vient des bambous caressant les rayons du soleil comme une respiration » tels sont les mots de Sonia Constant pour décrire « Poème de Sagano » qu’elle a créé pour sa marque Ella K en 2018. Voilà un parfum, certes très onéreux mais extrêmement bien réalisé également qui s’ouvre sur des notes fusanes de yuzu, de bergamote et de pamplemousse puis nous emmène sur un coeur de menthe et de bambou à la fois vert, frais et quand même un peu terreux qui se confirme avec un fond de thé vert et d’eucalyptus. Sonia Constant a bouleversé les codes de la parfumerie avec ce parfum dans lequel la note de bambou et le thé vert dominent vraiment. « Conciliabule entre Ciel et Terre. Une palette de verts comme la retranscription d'une somptueuse végétation. Une explosion céleste et solaire de citrons, bergamote, pamplemousse et yuzu dévoile, au sein de ce labyrinthe de bambous, une luxuriante association de menthe, d'eucalyptus et de thé matcha. Survivance d'une fraîcheur tournée vers l’Infini ». Pour moi, « Poème de Sagano » est une création destinée à l’été, au soleil car elle est rafraîchissante sans vraiment s’avérer hespéridée. C’est une alternative luxueuse car les matières premières, notamment naturelles, sont superbes il faut bien le dire. Comme les deux premiers parfums, la tenue est excellente et le sillage modéré. J’aime beaucoup ce parfum même s’il n’est pas forcément mon coup de coeur de la sélection. Il fait tout de même partie de mes Ella K préférés.
« Panorama » créé par Clément Gavarry en 2014 pour la collection classique d’Olfactive Studio est également un coup de coeur. Je l’ai redécouvert pour cet article et il m’a énormément plu. « Vert et sauvage, Panorama est le parfum d’une jungle urbaine. Un jeu d’alliances inédites dont un surprenant accord wasabi, piquant et épicé. Quand surgit la myrrhe, parmi d’autres notes résinées chaleureuses et envoûtantes, un contraste incroyable s’invite avec raffinement. Composition ample, généreuse et inattendue, Panorama ouvre l’imaginaire olfactif ». Clément Gavarry a élaboré une fragrance vraiment très étonnante, verte et particulièrement originale. L’envolée déjà est tout à fait incroyable avec des notes de wasabi, de citron, de bambou et de feuille de figuier. Il y a presque quelque chose de piquant dans ce départ et cela va se transformer avec un coeur de galbanum, de feuille de violette, d’herbe et surtout de cardamome qui renforce la fraîcheur du parfum. Le fond, plus rond se fait enveloppant avec des notes de myrrhe, de labdanum, de sapin baumier, de vanille, de musc, de patchouli et de fève tonka. Je suis vraiment content qu’Alain et Serge de la parfumerie lyonnaise Le Paravent, m’aient fait découvrir ce parfum que je trouve tout à fait magnifique et vers lequel je ne serai sans doute pas allé sans leur conseil éclairé. J’aime beaucoup « Panorama », il s’agit un très beau parfum, rare, original et pourtant facile à porter.
J’aime beaucoup le côté très vert du bambou et je me rends compte, en essayant les parfums qui illustrent mon article que je pourrais tous les porter même si j’ai un peu plus d’affinités avec « Panda » et « Panorama ». J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire cet article. Je le trouve « de saison » alors que nous abordons l’été même si, en 2024, il est plutôt frais et humide. En tout cas, vraiment, il faut se pencher sur la note de bambou. Elle est vraiment très intéressante.
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