Le baume du Pérou, enveloppant et mystérieux
« Le baume du Pérou est une résine balsamique naturelle produisant de l’huile essentielle. Cette dernière est obtenue par distillation à la vapeur d’eau du baume ou par extraction aux solvants volatiles de son résinoïde. Le baume, quant à lui, est extrait directement du tronc du baumier du Pérou que l'on recueille soit en brûlant partiellement son écorce pour la détacher facilement, soit en enveloppant un linge autour d'une incision préalablement faite dans son tronc Une fois que le linge est imprégné du baume, il suffit juste de le récupérer en le chauffant. En parfumerie, le baume du Pérou est considéré comme étant un excellent fixateur. Il est utilisé majoritairement dans les fragrances ambrées, cuirées ou vanillées » (Olfastory). Il n’y a pas très longtemps que j’identifie complètement la note de baume du Pérou en parfumerie et je dois dire que, maintenant que je la maîtrise un peu, j’apprécie cette odeur ronde, douce et enveloppante qui, je trouve, en fond, termine vraiment un parfum de manière agréable et presque addictive. J’ai sélectionné quatre parfums dans lesquels la note est très présente afin de vous aider à me suivre dans ma découverte. J’espère que je vous donnerai envie de sentir, d’essayer et d’échanger. Allez, voyageons jusqu’au Pérou pour découvrir ce baume si précieux en parfumerie.
C’est en portant, il y a quelques années, « Orlando » inspiré à Anaïs Biguine par le personnage inventé par Virginia Woolf, pour sa marque Jardins d’Écrivains, que j’ai pu me familiariser au départ avec l’odeur ronde et un peu cosmétique du baume du Pérou. « Jardins D’Écrivains interprète le fascinant conte fantastique de Virginia Woolf. Personnage hybride à l’éternelle jeunesse, celui que l’on nomme Lord Orlando sous l’époque Elisabethaine devient au cours du XVIIIème siècle Lady Orlando ». Lancé en 2013, ce parfum a été mon premier coup de coeur dans la marque. Je l’ai déjà évoqué car je l’ai énormément porté. Il s’ouvre avec une envolée presque étrange de poivre rose, de gingembre et d’orange amère qui nous emmène sur un coeur construit autour du baume du Pérou dont le côté résineux perdure sur ma peau, jusqu’à la toute fin de l’évolution. Il est associé à un accord ambre, au patchouli et au clou de girofle et s’enrichit, en fond de la facette un peu gourmande du bois de gaïac mais surtout des muscs qui lui renforcent le côté baumé et poudré. C’est un parfum absolument incroyable. Anaïs Biguine utilise le baume du Pérou en majeur ce qui est fort rare mais son effluve très particulier nous permet vraiment de l’identifier. Il a été un coup de coeur et l’est resté. Même si je ne le porte pas en ce moment, rien ne dit que ce n’est pas partie remise.
En 2020, avec « Prunier en Cognac » qu’il a créé pour Scents of Wood, Pascal Gaurin utilise le baume du Pérou comme un soutien et comme un vecteur des notes liquoreuses. « Tiraillé entre le sucré et l'épicé, le moelleux et le sauvage, le sombre et le clair. Laissez notre parfum Prunier en Cognac vous taquiner à l'infini avec un mélange à la fois sensuel, nourrissant et provocateur ». Avec son départ de prune confite, d’immortelle et de cannelle, ce parfum m’accroche dès la vaporisation et, lorsqu’il arrive sur ce coeur complètement incroyable construit autour d’un accord rhum et osmanthus enveloppé de la douceur du baume du Pérou, il pourrait m’écoeurer mais il n’en n’est rien car le fond de vanille très aromatique cuirée par des notes de ciste et de vétiver contrebalance la suavité presque too much des notes liquoreuses. Pascal Gaurin, en opposant le baume du Pérou à la prune et au vétiver, a réalisé un parfum particulièrement équilibré qui remporte un succès très mérité puisqu’il fait partie des bests de la marque. Je dois dire que, si je n’ai aucun doute sur le fait que je pourrais le porter, il est peut-être un peu dense pour que je me l’approprie complètement. En tout cas, j’adore le sentir et je comprends l’engouement de plusieurs d’entre-vous.
« Un parfum de vanille chargé d’épices et de bois précieux » tels sont les mots d’Anatole Lebreton pour décrire « Fleur Cachée » qu’il a créé en 2020. Je dois dire que je n’y avais pas pensé de prime abord mais je trouve que l’on retrouve très bien la note de baume du Pérou dans cette composition à la fois épicée et boisée. Au départ, il y a une envolée de poivre timut, de curcuma et de fenugrec, une plante dont l’absolu est un peu torréfié, baumé et épicé. Puis vient un coeur de santal et de cèdre qui nous emmène sur un fond ou se répondent vanille de Madagascar et Baume du Pérou. La fleur qui se cache derrière ce nom mystérieux est donc l’orchidée qui donne cette gousse précieuse et vraiment qualitative. En la conjuguant avec le baume du Pérou, Anatole Lebreton casse les codes, invente… Il signe un parfum d’une grande originalité, balsamique et surtout très épicé. J’ai un curieux rapport avec « Fleur Caché ». En effet, j’en comprends la démarche artistique et ne peux que la saluer mais je ne peux pas le porter. Si j’aime le sentir sur les autres ou sur la touche, il prend, sur ma peau, une tonalité très étonnante et imposante qui n’est pas forcément de mon goût. En revanche, je reconnais tout à fait sa qualité et la beauté de la création. C’est un parfum à essayer et réessayer. Il ne faut surtout pas l’acheter à l’aveugle. Il est particulièrement segmentant et très exotique. C’est une composition intrigante mais qui met aussi en avant la note de baume du Pérou.
Lancé en 2017, « Under My Skin » est un cuir. « Mystérieuse et séduisante, douce et charnelle à la fois, Under my Skin est mon interprétation du thème animalier. Adouci par le précieux beurre d'iris, ce parfum émotionnel est humain et intime, comme s'il émanait de votre propre peau ». Pour moi, il est plus brut. Le départ de pamplemousse, de lavande, de poivre noir et d’épices nous emmène sur un coeur de rose bulgare, d’iris, de musc Tonkin puis arrive le fond très animal fondé sur des accords castoreum et cuir conjugués avec des notes d’ambre gris naturel, de fève tonka, de baumes tolu et du Pérou, de santal de Mysore, de vanille et de mousse. Il en résulte un parfum très animal avec un côté sec de cuir de tannerie. Si je comprends l’inspiration de ce parfum et également si je sais apprécier sa qualité, je dirai qu’il n’est pas du tout pour moi car, vraiment, la note castoreum est trop présente. Je sais qu’elle n’est pas naturelle mais elle a un côté presque dérangeant. Ce n’est que mon ressenti. Il n’en demeure pas moins que « Under My Skin » rencontre un succès grandissant auprès des amateurs de cuir sec. Pour ma part, je lui préfère des parfums plus « en douceur » ou carrément fumés. Il est sans doute, pour moi, le parfum que j’ai préféré dans cette sélection et je remercie vraiment Fabien de Yuuminoki de me l’avoir fait connaitre. Vraiment c’est un coup de coeur. Quand on parle de belle parfumerie, cette fois, on y est !
Voilà, j’ai exploré des parfums très différents les uns des autres et j’espère vous avoir donné envie de les découvrir. En tout cas, j’ai eu beaucoup de plaisir à les réessayer et mes premières impressions sur mes goûts se sont confirmés. Le baume du Pérou est une note qui me plait, m’enveloppe et m’attire tout à fait.
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