Passion Parfums

« L’akigalawood est une note de parfum créé en laboratoire, née de la biochimie par fermentation. C’est la maison Givaudan qui a créé cet ingrédient révolutionnaire, obtenu à partir d’essence de patchouli.  (…) Après avoir exploité de nombreuses essences, Givaudan crée l’akigalawood en 2011 » (Olfastory). C’est avec « Bois Impérial » créé par Quentin Bisch pour Essential Parfums que j’ai découvert ce qu’était la note de bois d’Akigala et je dois dire que je l’identifie maintenant facilement lorsque je sens un parfum qui la contient. Je me rends compte que je peux maintenant en parler un peu. J’ai décidé de me lancer lorsque je l’ai reconnue dans « Âme du Coeur », le tout nouveau parfum de la maison Liquides Imaginaires. J’ai donc choisi quatre créations dans lesquelles je parviens très facilement à la sentir.

Je commencerai bien évidemment par « Bois Impérial » qui a donc été créé par Quentin Bisch en 2020 et qui est le best-seller d’Essential Parfums. J’ai pu constater le succès de ce parfum en le découvrant sur plusieurs de mes connaissances. La marque le décrit ainsi : « Les feuilles d’un basilic thaï épicé fraîchement écrasées rencontrent les facettes poivrées, pétillantes du pamplemousse et de l’absolu de poivre de Timut népalais. Une combinaison brillante qui contraste parfaitement avec la signature boisée audacieuse du parfum. Une huile de vétiver haïtienne verte, riche et terreuse fait écho à Georgywood – une molécule exclusive aux puissantes tonalités de bois de cèdre. Cette association boisée vibrante est illuminée par l’aspect floral du Petalia. Le majestique Akigalawood signe vraiment le parfum. Cet ingrédient naturel exclusif est recyclé à partir du patchouli grâce à un processus biotechnologique. Son caractère boisé épicé unique est rehaussé par une riche essence de patchouli indonésienne et une note puissante et durable d’Ambrofix ». Le départ très frais de basilic me surprend déjà et devient encore plus singulier lorsqu’il s’enrichit d’un coeur de poivre noir et de vétiver puis d’un fond de bois d’Akigala et d’ambroxan. C’est un parfum à la fois frais et puissant qui est doté d’un sillage assez important. Je l’ai pas mal senti porté par l’une de mes connaissances et je dois dire que je suis un peu mitigé. Certes, il est assez original et j’aime bien le côté bois poivré mais le fond, sur ma peau, est vraiment très ambroxan et je ne le supporte qu’un moment. Il n’en demeure pas moins un parfum vraiment très original et bien construit même s’il n’est, objectivement, pas pour moi.

 

 

Toujours créé par Quentin Bisch mais cette fois pour le couturier Marc-Antoine Barrois, « Ganymède », lancé en 2019 pour l’eau de parfum et en 2023 pour l’extrait est également un succès très important. Ils sont très différents et j’identifie plus le bois d’Akigala dans la version originale. C4est donc sur ce parfum que je vais me concentrer. Il est ainsi décrit : « Composé par le parfumeur Quentin Bisch, Ganymede reprend les notes cuirées-daim qui avaient fait de B683 un beau classique. Mais cette fois, elles s’émancipent des codes traditionnels pour nous emporter ailleurs, vers une élégance lumineuse et fluide. Elles s’assouplissent, gagnent en légèreté et douceur tactile au contact de la violette tandis que la mandarine apporte sa vivacité pleine et acidulée. C’est elle qui donne le ton et la verticalité de la fragrance dès l’envolée et face à elle, l’immortelle vient en contre-point relever l’accord de ses facettes tantôt minérales tantôt salées. Toute la composition joue sur les contrastes et les oppositions. Les notes se répondent dans un dialogue permanent pour dessiner une nouvelle carte olfactive sur la peau, sur le revers d’une veste » et je trouve que ce que je ressens en le sentant est assez proche de cela. Il s’ouvre sur des notes de mandarine et de safran puis vient, après un certain temps, un coeur original de violette et d’osmanthus qui s’enrichit d’un fond de bois d’Akigala et de d’immortelle. Dans la version eau de parfum, la note boisée conférée par la matière qui nous intéresse, domine l’immortelle très nettement en toute fin d’évolution. J’aime beaucoup l’idée, je trouve la création intéressante et je reconnais le bois d’Akigala très facilement dans cette concentration mais je dois le dire, ce n’est pas un parfum pour moi. Il arrive à me déranger lorsque je le porte alors que, sur le papier, il pourrait fortement me plaire. Ce sont les aléas de la parfumerie. En revanche, je connais son succès et je sais qu’il est particulièrement apprécié. N’est-ce pas le principal ?

 

 

Tout d’abord appelé « Pour Une Amourette Roland Mouret », ce parfum a été créé en 2017 par Daniela Roche-Andrier. Il porte le nom, plus simple de « Une Amourette » aujourd’hui et je trouve qu’il met aussi en avant la note de bois d’Akigala. Elle en décrit ainsi l’inspiration : « En rencontrant Roland, j'imaginais un parfum très racé, sombre : du noir et du rouge. Patchouli et Indole, sont deux éléments qui se répondent dans une tension boisée/animale orale, ce duo constitue la colonne vertébrale de la note. Le Néroli ouvre lumineusement les notes de tête de cette Amourette. résinoïde iris, Akigalawood et résinoïde Encens forment le socle de ce dialogue ». En remettant mon nez dans ce parfum que je trouve vraiment très contemporain, j’ai vraiment repéré la note tout de suite et je l’ai senti bien différemment que lorsque je l’avais découvert il y a quelques années. C’est un parfum vraiment complexe qui, au départ, nous surprend avec une envolée très épicée de néroli mais aussi de poivre rose et de cardamome qui s’enrichit d’un coeur très doux de pêche et d’iris rehaussé d’Alikgalawood puis le parfum se fait résineux avec un fond d’opoponax et de vanille et d’encens. Comme ça, sur le papier, « Une Amourette » a tout pour me déplaire et pourtant, il est sans doute mon préféré de la sélection car je le trouve d’une grande richesse. Je l’ai porté vraiment autour de moi pour écrire mon article et j’ai bien aimé. Il est beau, profond, original et vraiment moderne. Même si je ne porte pas facilement les résineux, je le trouve vraiment intéressant et il me plait quand même. Je ne sais pas si je pourrais me l’approprier pour le porter régulièrement mais j’ai beaucoup aimé le réessayer.

 

 

« Septembre 1877, port de Marseille, France. Dans une chambre à coucher, un châle de Cachemire était posé sur le lit défait. Autrefois très convoités, ces châles sont maintenant délaissés par les bourgeois, tout comme l’odeur de patchouli qui leur est associée. Pourtant, dans leur quête d'une nouvelle volupté, les bohémiens et les demi-mondaines l'adopteront comme emblème. Demi jour, dans cette pièce, l'essence charnelle de patchouli s'allie aux nuances musquées et ambrées des baumes exotiques touchées par la fraîcheur de la lavande. On redécouvre ainsi ce parfum chargé d’histoire, l’indésirable devenant à nouveau une source infinie de désir. Un patchouli moderne, voluptueux et élégant pour tous ». Lancé par Arquiste en 2019 et créé par Rodrigo Flores-Roux, « Misfit » est vraisemblablement le parfum le plus facile pour moi dans ma sélection et je trouve qu’il met aussi très bien le bois d’Akigala en valeur. Je le trouve vraiment très très concrète et qu’il est une interprétation du patchouli bine déroutante puisque la note est utilisée dans différentes facettes. Un départ de bergamote, de graines de carotte, de racine d’angélique et de lavande, un coeur de rose de Bulgarie, d’ambrette, de bois d’Akigala et de styrax et un fond de patchouli, de ciste, de fève tonka et de baume de tolu rendent ce parfum absolument riche, complexe et surtout vraiment sophistiqué. Je le trouve vraiment très beau mais j’ai un peu de mal à le saisir. Le patchouli, renforcé par le bois d’Akigala est très puissant mais il est travaillé vraiment de manière naturaliste, ni vraiment de façon classique, ni trop boisée. Le résultat est un parfum « désaxé » si j’ose la traduction du film avec Marilyn, vraiment très étonnant. Je l’aime beaucoup mais j’ai du mal à le saisir. En revanche, j’identifie très bien la note de bois d’Akigala et c’est ce qui nous intéresse dans cet article.

 

 

J’ai trouvé très intéressant de mettre mon nez dans ces quatre parfums. J’ai privilégié ceux dont je possédait des doses d’essai mais j’ai bien identifié le bois d’Akigala dans chacun d’eux. C’est une interprétation très étonnante du patchouli. Je ne peux pas dire qu’elle soit très adaptée à mes goûts mais elle donne une note vraiment différente, moderne et très originale. Je pense qu’on la retrouvera dans beaucoup de parfums « fabriqués » par des créateurs travaillant pour Givaudan car le résultat est un peu inédit et c’est très agréable.