Le chèvrefeuille, réjouissant et suranné
Dans la nature, j’aime beaucoup le chèvrefeuille et son oderu jasminée et réjouissante. Elle rejoint aussi, par certains côtés, pour moi, un peu le lilas. Je crois qu’elle est le résultat d’une recréation à travers d’autres fleurs mais je trouve que, lorsqu’elle est proposée en parfumerie, le résultat est très réaliste. D’ailleurs, j’aime beaucoup plusieurs parfums dans lesquels elle pointe le bout de ses pétales. Je leur trouve quelque chose de vraiment printanier, de très agréable voire même un peu addictif. C’est une note un peu rare, parfois même oubliée et c’est dommage. J’ai donc choisi d’aller redécouvrir des parfums dans lesquels elle est identifiable et que je trouve particulièrement jolis. Souvent, ils font montre d’une certaine simplicité et ça ne me dérange pas bien au-contraire. Comme toujours, j’en ai choisi quatre que je trouve particulièrement réussis ou emblématiques. Alors aurai-je un coup de coeur ? Vous le saurez à la fin de cet article mais je suis facilement conquis par ces notes florales et tendres, avec un petit côté jardin anglais.
Je n’avais pas re-senti « Honeysuckle & Davana » créé par Anne Flipo en 2018 pour Jo Malone London mais je possédais une miniature et j’ai même pu le réessayer plusieurs fois. « Le chèvrefeuille sauvage s’étend à travers la campagne anglaise. Grimpant. S’enroulant. Plus séduisant encore à la tombée de la nuit. Frais avec la rose et le twist aromatique et fruité du davana. Boisé et moussu. Réchauffé par les rayons du soleil ». Avec un départ de davana que l’on reconnait vraiment bien et qui donne quelque chose de déjà un peu profond. Je ne suis pas fou de cette note mais je crois que, bien associée, elle peut me plaire. Puis vient un coeur de chèvrefeuille anglais très floral et printanier qui est renforcé par un léger fond de mousse. Je crois que le côté faussement chypré de ce floral très bien construit et très agréable à porter. Il n’est pas le parfums le plus sophistiqué de la sélection mais je l’ai toujours bien aimé. Il a un côté jasmin que je trouve très élégant. Ensuite, il ne tient pas très bien sur moi mais ce n’est pas un problème.
Le parfum le plus emblématique de ma sélection est indéniablement « Le Chèvrefeuille » créé par Isabelle Doyen et Camille Goutal en 2002 pour ce qui est devenu Goutal Paris et que j’aime depuis des années. Dire que c’est un coup de coeur est tout à fait juste. « Comme les souvenirs de notre enfance sont précieux : il y a cette douceur et innocence qui n'appartiennent qu'à cet âge. Le soleil brille et illumine le ciel, on s'amuse à confectionner des couronnes de chèvrefeuille. Camille Goutal s’en rappelle encore, elle en tressait soigneusement dans le jardin familial. Elle choisit de revisiter ce souvenir en créant un parfum vert, frais et aérien ». C’est un parfum très simple mais quand même un peu sophistiqué avec un départ très élégant de petitgrain de citronnier et ce très beau coeur de chèvrefeuille et de jasmin que je trouve vraiment réjouissant et qui est soutenu par un fond floral, légèrement cuiré de narcisse. Voilà donc un vrai floral printanier comme je les aime. J’ai porté, il y a bien longtemps, « Le Chèvrefeuille » puis je suis passé à « Un Matin d’Orage EDT » que je trouve plus complexe mais cela ne veut pas dire que je ne l’aime plus. Il est épuré, réussi, élégant et surtout très réjouissant comme un jardin le matin avec encore la rosée. Vraiment, j’ai à nouveau le coup de coeur.
Je ne connaissais pas bien « Olene » créé pour Diptyque en 1999 par Serge Kalouguine et pourtant il est très beau et je sais que c’est un iconique. Je suis allé le redécouvrir et je l’ai trouvé très très beau. C’est une eau de toilette avec un départ directement floral de chèvrefeuille et de glycine qui est même un peu rond puis vient un coeur qui renforce le côté fleurs blanches avec le jasmin et la fleur d’oranger puis, une fois encore, le narcisse. « Olene raconte Venise côté jardin. Une soirée sous les pergolas bercée par les notes florales des glycines, du jasmin et du chèvrefeuille. Pour percevoir tous les parfums, il suffit de s'éloigner. À la traversée d’un pont de la Cité des Eaux, les mille et une senteurs des fleurs surgissent ». C’est vrai qu’il est assez proche du précédent et que, du coup, il me fait vraiment penser à une balade en barque au fil de l’eau au milieu des roseaux et des fleurs blanches. Je l’aime bien et je pourrais tout à fait me l’approprier. Il n’est pas dit d’ailleurs que je ne le fasse pas. Je porte facilement les fleurs et notamment les fleurs blanches et je connaissais « Olene ». Il mérite d’être essayé un peu plus je crois.
J’ai voulu terminer cette sélection par un vrai solinote. Il s’agit de « Chèvrefeuille » de Domaine Privé sorti en 2019 et que je trouve simple, droit au but et efficace. « Chèvrefeuille est une eau de parfum unisexe qui capture la fraîcheur éclatante des matins printaniers. Le parfum s’ouvre sur un accord hespéridé vibrant de citron et de bergamote, évoquant la rosée sur les feuilles. En cœur, la fleur de chèvrefeuille déploie ses arômes floraux et légèrement miellés, sublimée par la délicatesse de la fleur d’oranger. Le fond doux et enveloppant de muscs blancs et de bois clairs prolonge la sensation de pureté et de nature ». Le départ, très frais de citron vert et de mandarine lui donne presque un esprit Cologne et peut-être aussi une fraîcheur qui ne fait que se renforcer avec le coeur de chèvrefeuille dont la note est travaillée de manière hyper réaliste et très épurée, ce qui se confirme avec des muscs blancs et un accord ambré. Ce parfum est un retour en enfance. Il me rappelle la montée d’escalier de la terrasse de la maison de l’un de mes grands-oncles dans le Gard qui abritait un énorme chèvrefeuille. C’est une odeur que je n’ai jamais pu oublier et ce parfum s’en rapproche beaucoup. Il est donc, pour moi, légèrement nostalgique.
J’aime beaucoup ce thème et je crois que je pourrais porter tous les parfums dont j’a parlé. Il est vrai que je n’ai pas peur des floraux. J’en possède quelques uns et je me les approprie facilement. La note de chèvrefeuille est peut-être un peu désuète mais cela ne l’empêche pas d’être très jolie et très réjouissante. En tout cas, moi je l’aime… Beaucoup.
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