Le collection Serpent de Stéphane Humbert Lucas, des parfums à décovurir
J’avoue que je n’étais pas vraiment attiré, de prime abord, par l’univers de Stéphane Humbert Lucas. Tout d’abord, j’avais l’image d’une marque uniquement orientale et c’est vrai que les parfums ambrés (puisqu’il faut dire cela maintenant) ne sont pas forcément « ma tasse de thé ». J’avais aussi un rejet pour les flacons qui sont à l’opposée de mes goûts esthétique. L’arrivée de la marque à Lyon a quand même suscité mon envie d’aller y mettre mon nez. J’ai tout d’abord exploré les créations du parfumeur parisien pour la collection Serpent. « Stéphane Humbert Lucas explore le symbolisme du serpent à travers des légendes du monde entier, célébrant cet animal totem majestueux. Inspirée par les carnavals et les théâtres, cette collection allie honneur, musique et philosophie, tout en cherchant l'harmonie entre histoire, couleur et parfum. C'est un voyage poétique et hypnotique, oscillant entre réalité et imagination, du Mexique à la Chine ». Il y a, dans cette collection, sept parfums et j’en ai retenu quatre qui m’ont soit plu, soit interpellé par leur singularité. Je vais essayer de vous donner un avis tout ce qu’il y a de subjectif sur ces compositions qui m’ont entraîné sans doute au coeur d’une univers très jeune, un rien branché et, il faut le dire, très bien imaginé.
J’ai décidé de faire l’impasse sur « Pink Boa » qui est le best de la collection car vous entendez parler très souvent. J’ai choisi d’entrer dans le vif du sujet et du style Stéphane Humert Lucas avec l’un des deux parfums qui m’ont vraiment séduit. Il s’agit de « Lady White Snake » créé par le parfumeur en 2022. « Lady White Snake s'inspire d'une ancienne légende chinoise d'une déesse serpent qui, après avoir médité pendant mille ans pour exploiter les énergies de l'univers, prend forme humaine. Pourtant immortelle et dotée de grands pouvoirs, la déesse aspirait à une chose supplémentaire : l'amour humain. Les anciens contes chinois nous disent que toutes choses peuvent grandir et changer. Une pierre peut devenir une plante. Une plante peut devenir un animal. Un animal peut devenir un être humain. Un être humain peut devenir un dieu. De la même manière, un serpent peut devenir une femme. Synonyme de pureté et de féminité, Lady White Snake est un délicieux bouquet de fleurs blanches qui nous emmène vers cette sensation d'amour pur. Complexe et inattendu avec son sillage en constante évolution, ce parfum addictif et sensuel est un appel aux plaisirs des sens ». Comme vous l’aurez compris, ce parfum s’adresse plutôt à un public féminin mais je dois dire que je pourrais tout à fait le porter. Après une envolée vraiment très agréable de mandarine, de fleur d’oranger et de chèvrefeuille, un coeur un peu vintage de jeune tubéreuse, de magnolia et de jasmin que je trouve très floral, doté d’une certaine fraîcheur et, je ne sais pas si l’on peut dire cela d’un parfum, d’un côté très « printemps ». Le fond d’ambre, de cuir blanc très suave et de muscs blancs. L’ensemble est très jeune, un peu rond, facile d’accès, et qui peut-être une très belle approche de la tubéreuse. En général, la note très narcotique de cette fleur est plutôt destinée à des utilisateurs plus habitués aux parfums. « Lady White Snake » fait partie de mes parfums préférés de la marque.
« Venom Incarnat est un formidable philtre d'amour créé pour vous rendre irrésistible. Un élixir mystique, envoûtant et fascinant pour conquérir le cœur de l'être convoité comme le délicieux poison d'une morsure passionnée. Sa couleur rouge est un subtil mélange de venin, de fraise et de glamour et son parfum un cœur aphrodisiaque d'ambre cuiré et sophistiqué. Ce parfum addictif et stimulant révèle les frissons de la chair et les rêves de l’âme ». Également lancé en2022, « Venom Incarnat » est sans doute emblématique du style de la collection Serpent. C’est un parfum très riche qui semble nous entraîner dans tous les sens ! Le départ est très fruité et gourmand avec des notes de mûre, de fraise, de fraise des bois et de caramel puis vient un coeur très étrange de framboise, de cèdre de Virginie et de cannelle qui donne des nuances très étonnantes. Le parfums se pose, très oriental, sur un fond de fève tonka, de vanille noire, de patchouli qui sont entourée par un accord cuir de Russie. Je suis particulièrement dérouté par ce parfum. Je trouve qu’il est très synthétique mais, en même temps, sur peau, il affiche une certaine richesse. Pour moi, il y a quelques chose de l’ordre du « je t’aime, moi non plus ». Il me plait une minute puis me rebute une autre. Je comprends son succès par son côté, dans l’air du temps. L’inspiration me semble également limpide. Je ne saurais pas dire s’il m’a plu ou non. Je sais que j’aurais du mal à le porter mais il n’en demeure pas moins singulier et créatif, il me faut bien le dire. Stéphane Humbert Lucas signe ici un parfum à la fois abouti et très surprenant.
Je suis rebuté par le départ de « Mortal Skin », créé en 2015, il n’y a pas d’autre mots. L’accord mûre associé au safran et la cardamome n’est résolument pas pour moi. Ce n’est que quand apparait un coeur étonnant, sombre et légèrement poudré, que le parfum suscite mon intérêt. Le mélange de santal, d’opoponax et d’iris ne ressemble pas à ce que j’ai l’habitude de sentir et le fond de labdanum, de muscs et d’ambre gris renforce cette impression. « Mortal Skin » est un parfum sombre, profond, pour moi un peu difficile à porter mais je le trouve réussi. Stéphane Humbert Lucas en décrit l’inspiration : « Mortal Skin s'inspire de l'art de la séduction et imagine la poursuite de sa proie par le serpent en trois actes. Charmant, élégant, mystérieux, le serpent si majestueusement représenté sur le flacon, s'approche lentement de sa victime et hypnotise avec ses yeux de diamant et son charisme à couper le souffle. Son désir est vibrant, le danger approche et la séduction s’opère. Le serpent se dresse alors pour frapper en un éclair et son venin noir se répand. Une chaleur suffocante se mêle au froid glacial et paralyse sa proie. Captivant et addictif, il est trop tard pour s'échapper, Mortal Skin nous tient complètement sous son emprise et prend sublimement nos vies ». C’est un cuir… un cuir particulièrement profond et inattendu. Il a déjà presque dix ans et pourtant, je le trouve vraiment très moderne. Je ne peux pas dire qu’il me soit facile mais je sais en reconnaitre l’intérêt. C’est un parfum assez original et, pour les amateurs de cuirs un peu goudronnés, relativement facile à porter. Il me faudra le réessayer plus tard dans la saison. Il est dense et je n’ai pas trop osé le mettre sur ma peau. Je vous en reparlerai donc dans quelques mois.
« Crying of Evil s'inspire des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire . Projet poétique d'une vie, l'artiste exprime le paradoxe entre le mal et la beauté, l'éternel bras de fer entre le désir d'absolu de l'homme et son attirance pour les vices. Évoluant dans un monde peuplé de créatures sensuelles et de monstres, le poète dandy alterne entre moments de volupté intense, d'extase, de douleur et de mélancolie profonde. Alchimie poétique teintée de cuir, de myrrhe, de larmes violettes et de fleurs rares, le parfum magnifie la sensibilité à l'extrême et délivre, goutte à goutte, toutes les émotions. Un parfum oriental au sillage puissant, animal et intrigant. Un hymne à l'amour de la beauté ». Créé par Stéphane Humbert Lucas en 2022, « Crying of Evil » est mon préféré dans cette collection. C’est un cuir poudré et floral très original. Il s’ouvre avec une envolée de poivre rose, de tubéreuse, de violette et d’épices plutôt douces, il s’intensifie avec un coeur de santal, de cuir et de rose puis un fond de patchouli, d’ambre et de muscs parsemé de traces d’encens. Je trouve que « Crying of Evil » a du caractère et pourtant, sur ma peau, il matche super bien. Il est peut-être celui que je pourrais porter. J’avais envie de le garder pour la fin. Pour moi, c’est une création très contemporaine mais ancrée dans la tradition des cuirs des années 30. Je n’aime pas dire cela mais il m’a semblé un bon « compromis ». Je pourrais tout à fait le porter car il est suffisamment original pour m’accrocher. En plus, et ça ne s’explique pas, il n’est pas trop « dans l’air du temps », ce qui est ce que je pourrais reprocher un peu aux créations de la collection. Je le trouve plus intemporel.
Je reviendrai sans doute dans d’autres articles sur « God of Fire », « Sand Dance » et « Pink Boa » que je n’ai pas sélectionné. Je ne voulais pas écrire un article trop long et, de plus, je les trouve peut-être un peu moins emblématiques de l’esprit de la collection et j’en comprends un peu moins facilement l’inspiration. Ceci dit, globalement, la collection Serpent est très moderne et s’adresse, je ne me leurre pas, à une clientèle jeune. J’ai quand même pris beaucoup de plaisir à la découvrir. Il ne faut quand même pas se fermer. Je dois dire que je n’aime toujours pas le flaconnage « bling-bling » et un peu cheap que je trouve, comme l’écrirait Amélie Nothomb, « d’une intrigante hideur ». En tout cas, ils ne laisseront pas indifférent. Pour ma part, je suis content tout de même d’être passé outre et de m’être pris par la main pour découvrir la collection car je lui ai trouvé de l’intérêt et elle a un peu bousculé mes idées reçues.
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