Passion Parfums

Il y avait longtemps que je voulais mettre mon nez sur la City Collection de la maison Le Labo. Avec l’ouverture de la boutique lyonnaise et la proximité du mois de septembre durant lequel elle sera disponible en série limitée, voilà qui est chose faite. Il y a même une nouveauté, « Myrrhe 55 Shanghaï » mais je n’ai pas spécialement accroché. J’ai découvert (ou redécouvert) les 16 parfums associés à des villes du monde qui composent cette très onéreuse collection et je dois dire que, si je n’ai pas tout aimé, je me suis vraiment fait plaisir avec quatre des créations.

Le premier parfum qui m’a séduit est « Bigarade 18 Hong Kong » créé en 2019 par Daphné Bugey. Décidément, je suis de plus en plus attiré par les notes de néroli et de petitgrain que je n’aimais pas trop jusque-là. « Vous prenez les meilleurs pétales de bergamote et de néroli qui soient et les mélangez avec les meilleurs muscs, ajoutez une ou deux gouttes de bois, et le tour est joué ! La tension qui en résulte est comme une lutte acharnée entre l'odeur classique des agrumes et le bourdonnement chaud et transgressif des notes sombres et des bois où il n'y a jamais de vainqueur clair. Bigarade 18 est rigide mais confortable, classique mais contemporain, lumineux mais durable ». Dédié à la ville de Hong Kong, ce parfum n’est pas du tout un héspéridé comme pourrait le le laisser supposer son nom mais plutôt un floral frais, graphique et très épuré. Sur la peau, il passe du frais au très frais tout en gardant une tenue absolument étonnante. Je trouve qu’il y a un mélange d’orange amère et de fleurs blanches assez inédit. J’aime beaucoup la délicatesse de cette création qui nous sort des fleurs d’oranger très musquées du marché que j’aime bien mais qui ne me surprennent plus. Avec cette dualité fleurs et agrumes, « Bigarade 18 Hong Kong » a su me séduire et je pourrais tout à fait le porter.

 

 

 

Créé par Nathalie Lorson, « Poivre 23 London » est l’un de mes plus gros coups de coeur. Il a été lancé en 2008 et j’avais déjà eu la chance de le sentir. Ce n’est donc pas une découverte mais un retour au coup de coeur. « Poivre 23 se traduit par Pepper 23, et c'est la déclaration poivre du Labo. Pourquoi du poivre ? (Et nous parlons du vrai Bourbon Pepper, le joyau de la couronne des poivrons.) Parce que c’est l’épice de toutes les épices, largement utilisée en parfumerie, et nous voulions que le poivre ait enfin ce qu’il mérite : la lumière. C’est très chaleureux, ultra épicé, vraiment ambré, et c’est réservé à Londres la majeure partie de l’année ». J’avoue être très séduit par cette création. Il y a comme une transparence, comme une légèreté qui contraste avec la tenue très persistante de cette composition sur ma peau. Facetté, surprenant, très original, « Poivre 23 London » est certainement mon coup de coeur peut-être aussi parce qu’il est dédié à l’une des villes chères à mon coeur. J’aime énormément le côté ultra moderne de cette interprétation du poivre. Comme toujours, Nathalie Lorson fait mouche. En tout cas, si je devais en porter un ce pourrait être celui-ci.

 

 

 

« Tabac 28 Miami » créé par Frank Voelkl en 2019 est aussi l’une des belles découvertes que j’ai pu faire dans cette collection. Je l’aime vraiment beaucoup car c’est un tabac franc, tranché, sans concession. « Parfois, un cigare est juste un cigare… Et parfois, ça devient un parfum ! Fumé, séduisant, séduisant – Tabac 28, c'est Miami en bouteille. Un absolu de tabac profondément aromatique (imaginez un Havane cubain distillé) combiné à du oud opulent et à un mélange saisissant de bois de cèdre créant une sensation douce et couvante. Le bois de gaïac et le rhum confèrent à la fragrance une chaleur enivrante arrondie par la cardamome verte. Le tout est vivant, vibrant, sensuel – voire décadent ! Et cela apporte à Wynwood des graffitis plus colorés… mais celui-ci uniquement pour vos narines. Uniquement disponible à Miami ». C’est un parfum luxueux, luxuriant même avec des notes très fortes, très franches. J’ai l’impression en le sentant, d’ouvrir une boite de cigares et de respirer la feuille de tabac profondément, intensément. Je ne l’ai pas testé sur ma peau mais vraiment il m’a séduit. Il faudrait que j’y revienne quand il fera plus frais.

 

 

 

Créé en 2017 par Daphné Bugey (encore !), « Mousse de Chêne 30 Amsterdam » est, dans mon esprit, tout à fait à égalité avec « Poivre 23 London ». J’aime beaucoup cet ingrédient et je me suis fait plaisir à la découvrir interprétée autrement par l’une des parfumeuses dont j’apprécie particulièrement le travail. Parfois, je suis à la recherche du chypre idéal et celui-ci, c’est quelque chose ! « La mousse et le patchouli sont associés à leurs boosters synthétiques les plus incisifs : la mousse cristalline et le bois clair. La cannelle, l'huile de baie de piment et le poivre rose le pimentent pour créer une élégance intemporelle à la fois rassurante, surprenante, tendue et addictive. Pour ceux qui préfèrent les descriptions moins poétiques, Mousse de Chêne 30 est un néo-chypre (non, néo-chypre n'est pas un mot poétique) à la fois traditionnel et progressiste. Tout comme Amsterdam, quand on y pense… ». Il est tellement singulier que j’ai du mal à le décrire. C’est un parfum d’une rare modernité qui donne une lecture de la mousse de chêne et du patchouli comme je n’en n’avais jamais senti. En fait, pour moi, c’est peut-être le plus abouti de la collection. En tout cas, si « Poivre 23 London » garde une petite longueur d’avance, il est talonné par « Mousse de Chêne 30 Amsterdam » qui est, il faut le dire, la découverte de la journée.

 

 

J’en ai aimé plein d’autres, notamment « Cédrat 37 Berlin » mais il faut faire des choix. Si je devais en acquérir un dans un petit conditionnement, ce serait sans doute « Mousse de Chêne 30 Amsterdam » car il correspond exactement à mes goûts et je suis certain que je ne pourrais pas du tout m’en lasser. Vraiment, j’ai un énorme coup de coeur pour cette collection qui, hélas, est assez inaccessible car très onéreuse.