Le parfum androgyne idéal
« Mâle au féminin », femme en costume d’homme, de tout temps, des personnalités de tous horizons ou de tous âges ont joué avec la confusion des genre. Du chevalier d’Éon à Colette, de George de Sand à David Bowie en passant par Dora Carrington, Boy George, toutes les stars du mouvement glamrock des années 70 et j’en passe, ils ont utilisé de mille manière l’androgynie qu’elle soit ambiguë ou affirmée par un look complètement unisexe. J’ai trouvé intéressant de trouver un parfum qui pourrait vraiment être idéal pour ces personnages existant, ayant existé ou étant inventés. Le dandy ou la dandy qui peut le dire ? À l’époque de l’ancienne maison Parfums d’Orsay, cette ambiguïté était déclinée en deux parfums qui portaient ces noms là, aujourd’hui Etro a créé « Man Rose » pour casser les codes et Marc-Antoine Corticchiato a considéré comme unisexe « Eau Suave », un chypré un brin exotique qui lui aurait été inspiré par Joséphine de Beauharnais. Ils pourraient être le parfum de « Sérafîta », le personnage central du roman de Balzac ou encore d’Orlando, celui de Virginia Woolf et c’est d’ailleurs ce dernier qui a inspiré Anaïs Biguine pour créer une fragrance à laquelle elle a donné ce nom et que je trouve, pour ma part, comme un exemple parfait de l’androgynie même si, olfactivement, chacun d’entre-nous a son interprétation. Je ne veux pas être trop littéraire dans cet article mais je me suis un peu penché sur le sujet et, pour une fois, je fais un peu le malin avec plein de références. Pour résumer, Orlando évolue à travers les âges prenant, selon les époques, des formes masculines ou féminines tout en gardant la même personnalité. Virginia Woolf décrivait ce roman comme une biographie voire une autobiographie onirique et imaginaire et Anaïs Biguine a su, je trouve, très bien saisir toute cette ambiguïté avec ce parfum sorti en 2013.
La créatrice décrit ainsi son parfum : « Jardins D’Écrivains interprète le fascinant conte fantastique de Virginia Woolf. Personnage hybride à l’éternelle jeunesse, celui que l’on nomme Lord Orlando sous l’époque Elisabethaine devient au cours du XVIII ème siècle Lady Orlando. Étrangeté, éclectisme et intemporalité révèlent un parfum envoûtant. Un sillage imprégné d’un rêve irrationnel, d’une monarchie orientale et d’un sens divin. ». Avec une envolée d’orange, de baies roses et de gingembre, on entre dans la fragrance comme on adopte une seconde peau. Le coeur est construit autour de l’ambre avec des notes de patchouli très doux et de clou de girofle qui l’empêche de devenir mièvre et le fond de bois de gaïac est parfaitement équilibré par le baume du Pérou et surtout par un musc synthétique à mi-chemin entre celui, un peu animal des fragrances du début du XXème siècle et les blancs si chers à nos narines depuis le début des années 2000. Anaïs Biguine a su jouer avec l’intemporalité et également l’androgynie en créant un parfum à l’équilibre parfait qui, malgré toute sa singularité, reste vraiment très facile à porter et à s’approprier. Je parle en connaissance de cause car j’ai adopté, plusieurs années durant, « Orlando » et j’ai adoré le sentir autour de moi. Il doit plaire indifféremment aux hommes et aux femmes, j’en suis certain. Je dis toujours que les parfums n’ont ni genre ni âge et celui-ci en est un exemple flagrant. Il est, pour moi, la quintessence d’une parfumerie qui ravit les modernes et les nostalgique tout en gardant sa personnalité irrémédiablement.
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