Passion Parfums

Les senteurs du potager transposées à la parfumerie est une idée qui peut sembler saugrenue. Je sais que cela existe déjà pour des bougies mais il est plus ardu de les rendre portable pour soi. C’est à Quentin Bisch et Alexandra Carlin que la direction artistique de a demandé de « mettre en parfum » le potager pour une nouvelle collection que nous commençons à apercevoir chez les détaillants et sur les sites internet. Je dois dire que j’étais très curieux de découvrir ces cinq créations. Je dois dire que, globalement, j’ai bien aimé la collection. Je trouve les jus originaux et la démarche artistique assez audacieuse. En outre, la réalisation est assez bien vue car tout est portable facilement tout en gardant vraiment une identité propre à l’esprit voulu par la marque. J’ai pris le temps d’essayer chaque création sur ma peau, de les laisser évoluer pour pouvoir en parler de mon mieux. Les développements sont un peu différents. Certaines eaux de parfums sont très évolutives, d’autres plus linéaires mais, globalement, cette nouvelle collection est assez intéressante. Je ne sais pas si elle rencontrera son public mais je trouve qu’elle renoue avec l’image que j’avais de L’Artisan Parfumeur et son côté, « bricolage d’odeurs » si cher à son fondateur Jean Laporte.

La première création que j’ai pu découvrir est « Cédrat Céruse » composé par Quentin Bisch et ainsi décrit par la marque et le parfumeur : « « Combien de fois me suis-je extasié sur l’accord parfait du fenouil juste cueilli, passé à la mandoline, relevé de quelques gouttes de citron ? » raconte le parfumeur Quentin Bisch. Né de ses souvenirs d’enfance, Cédrat Céruse rayonne d’un souffle joyeux. Un parfum qui met en scène avec audace l’huile essentielle de fenouil. Un légume aux nuances anisées, relevées de baies roses et de citron en tête. La graine de coriandre souligne sa fraîcheur naturelle, les muscs lui offrent du confort et de la douceur ». Le départ, très frais, très citronné, est plutôt classique d’un esprit cologne avec une note de cédrat pétillant mais la facette très anisée du fenouil prend vite sa place et est rehaussée par un poivre rose omniprésent et un peu déroutant. Je dois dire que ce n’est pas nécessairement le parfum de la collection que j’ai préféré car je ne suis pas toujours client des notes anisées mais je lui reconnais vraiment une originalité incroyable. J’ai trouvé « Cédrat Céruse » complètement régressif et il m’a rappelé le fenouil frais coupé dans la cuisine quand j’étais enfant comme s’il était mariné dans le jus du cédrat. C’est assez incroyable de penser que c’est un parfum tout à fait portable et même facile à s’approprier.

« Un hymne au vert sous toutes ses formes. « Combien de fois, écossant des petits pois frais, ai-je rêvé de cette nouvelle fragrance verte ? » explique le parfumeur Quentin Bisch. Un songe ciselé autour du galbanum, dont la senteur évoque celle du petit pois. Un accord verdoyant, exalté par la fraîcheur de la menthe, piqué d’un zeste d’orange sanguine. L’iris habille cette mélodie végétale d’un voile d’élégance, l’ambroxan révèle son empreinte raffinée sur la peau ». J’ai continué « l’atelier découverte » par « Iris de Gris » toujours imaginé par Quentin Bisch et qui met à l’honneur les notes poudrées d’une manière très fraîche et presque « croquante ». Ici, l’iris, très présent, est associé à un départ d’orange sanguine très juteux et à un accord de petit pois plutôt étonnant mais très agréable. Il est original, poudreux plus que poudré, et particulièrement évolutif. Il y a quelque chose d’un peu galbanum je pense et surtout un fond ambré et tout en légèreté. Je l’ai trouvé moins déroutant que le précédent car il me ramène, je ne sais pas trop pourquoi, à des effluves que je connais voire même que j’ai pu déjà porter. Il n’a pas du tout le côté vert métallique que j’attendais. Il est aussi un peu rond avec son côté ambroxan. Je le trouve très facile à porter et même très élégant.

Créé par Alexandra Carlin, « Tonka Blanc » est celui que j’ai eu le plus de mal à découvrir car j’ai du faire deux boutiques pour l’essayer. Curieusement, il n’était pas au Printemps qui détenait tout le reste de la collection. « La rencontre gourmande du chou-fleur et de l’amande ». Au départ, la mandarine annonce un côté rond et la fève tonka, un côté à la fois amandé et vanillé très franc contrebalancé sans doute par l’amertume du chou-fleur. Je ne sens pas du tout la note en tant que telle mais je sais que quelque chose empêche le parfum, durant son évolution, de devenir trop rond, trop oriental et de prendre une tournure qui m’écoeurerait. Je suis très impressionné par son développement sur la peau. Il est vraiment intéressant. Il a quelque chose de très singulier. De plus, je trouve que sa tenue est assez exceptionnelle. Je l’avais mis sur le dos de ma main et je l’ai senti après qu’elle ait été passée sous l’eau et savonnée. Le fond est très beau et très chic mais je me demande s’il ne m’entêterait pas un peu au bout du compte. En tout cas, comme souvent, Alexandra Carlin a travaillé formidablement la fève tonka. Je trouve qu’elle excelle dans cet exercice. Il faudrai que j’essaye de porter « Tonka Blanc » autour de moi.

Avec les muscs blancs, je ne suis pas toujours « copain ». En effet, je suis parfois anosmique à leur odeur et je ne les sens pas. J’ai du progresser car avec « Musc Amarante », j’ai une vraie attirance pour toutes les notes : « Un surprenant duo de muscs et de betterave, rafraîchi d’une touche de bergamote ». Le départ de bergamote est à la fois doux et frais et vraiment j’adore le mélange avec les muscs et cet accord de betterave vraiment surprenant qui donne un côté un peu terreux et végétal. Comme ça, ce n’est pas vraiment glamour mais le résultat sur la peau est super beau. Je dois dire que je n’arrête pas d’y revenir et d’y revenir encore. J’aime beaucoup le développement de ce parfum sur ma peau. Je trouve qu’il est particulièrement addictif sur ma peau. Je crois que je pourrais tout à fait me l’approprier. Quentin Bisch a vraiment réussi un parfum élégant, végétal mais pas trop, qui sort des sentiers battus tout en restant tout à fait agréable à sentir et à porter. J’aime beaucoup « Musc Amarante ». Je trouve que c’est une belle réussite. Je vais d’ailleurs le réessayer et je pense qu’il fera partie de mon top 2022.

« Un jeu de contrastes entre la fraîcheur de la feuille de tomate et la profondeur des bois ». C’est une explosion de fraîcheur et de dualités entre les matières. C’est un parfum inédit, pétillant et particulièrement bien réussi. C’est mon coup de coeur dans la collection. « Vétiver Écarlate » est vraiment le parfum qui m’a fait envie dans la collection. Je le sens au fur et à mesure que j’écris et, je n’ai pas peur de le dire, c’est l’un des premiers lancements de ce début 2022 qui me donne vraiment envie. Je le trouve absolument magnifique sur ma peau. Le départ de pamplemousse un peu épicé s’enrichit de cette association entre la feuille de tomate que j’aime beaucoup en parfumerie et un fond de vétiver jamais terreux, jamais trop boisé ou racinaire mais toute en légèreté et en finesse. C’est un parfum absolument réjouissant. J’ai presque envie de dire qu’il est transcendant. Vraiment, j’ai un coup de coeur pour ce parfum. Il est totalement incroyable. J’ai l’impression qu’en plus il tient bien. Je sais, je suis dithyrambique avec une nouveauté et c’est rarement mon habitude mais vraiment j’aime beaucoup « Vétiver Écarlate ». Il m’emmène près et loin de ce je connais à la fois. Il est absolument jubilatoire !

Globalement, j’ai bien aimé la collection alors que j’appréhendais un peu les associations de notes lorsque je les lisais sur le papier. Quentin Bisch et Alexandra Carlin ont emporté mon odorat loin de ce que je connais et c’est toujours une expérience que j’aime faire. Pourtant, et j’insiste, chaque parfum de cette collection Le Potager, est parfaitement portable et agréable. C’est un travail tout à fait dans l’esprit de ce qu’a toujours été la marque. Je suis très content de les avoir découverts alors que je n’en n’attendais rien.