Le retour de "Bandit"
« En 1944, Robert Piguet crée une collection couture audacieuse, basée sur un concept « Bad Boy ». Juste à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les spectacles de Piguet présentaient des mannequins arborant des masques de méchant et brandissant des revolvers et des épées jouets. Le parfum accompagnant cet air de malice avant-gardiste était Bandit, une composition créée par l'icône du parfum, Germaine Cellier, réputée pour ses créations audacieuses et distinctives. Bandit est un classique renommé. Cellier a utilisé des notes sombres de cuir, le vert de la mousse et des bois fumés, pour donner au parfum son caractère riche et inoubliable. Rehaussé de galbanum verdoyant et de notes de fleur d'oranger, Bandit est certainement « l'enfant terrible » de la collection de parfums Piguet. Le jasmin et le patchouli donnent une touche exotique tandis que le cuir et la mousse de chêne fournissent une couronne épineuse ».
Je n’avais été que très moyennement convaincu en 2020 par « Bandit Suprême », créé par Aurélien Guichard et qui était venu, chez Robert Piguet, remplacer « Bandit » composé en 1944 par la grande Germaine Cellier que j’avais beaucoup porté. Je gardais d’ailleurs précieusement mon dernier flacon que je n’osais pas utiliser. C’est grâce à Antonio de la parfumerie parisienne Marie-Antoinette, nichée en plein coeur du Marais, que j’ai découvert ces jours-ci que la maison Robert Piguet rééditait ce parfum et je dois dire que je suis vraiment très content car, pour moi, il s’agit de l’un des plus beaux chypres cuirés et verts que je connaisse. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard s’il a inspiré les parfumeur durant les décennies qui ont suivi. Je pense, par exemple à « Cabochard » de Grès ou encore « Macassar » de Rochas qui n’existe plus. À sa sortie, « Bandit » avait été subversif. Tout d’abord, Germaine Cellier, comme souvent, avait cassé tout les codes car il faut ce souvenir que ce parfum était, à sa sortie, destiné aux femmes ! Bijou androgyne, provocant et élégant à la fois, il diffuse des effluves inédites qui, à la sortie de la guerre, à l’époque où des parfums tels « Habanita » de Molinard par exemple, étaient dans l’air du temps, Germaine Cellier arrivait avec une création complètement à contre-courant, un « objet parfumé non identifié » devenu un classique iconique mais il ne ressemblait absolument à rien d’autre en 1944.
Le départ est résolument vert, avec un côté fleur d’oranger et galbanum puis vient un coeur floral de jasmin principalement qui se pose sur un fond patchouli et mousse de chêne avec des accents cuirés. Je ne connais pas les détails de la composition mais je sens aussi des notes épicées, peut-être clou de girofle, un versant vraiment vert et également un cuir qui s’harmonise avec le socle chypré des notes de fond. J’adore ce parfum. Je l’ai toujours aimé. Il m’a toujours séduit sans doute par son côté atypique mais aussi parce qu’il a influencé, par sa formule épurée, de nombreux parfumeurs. Le travail de Germaine Cellier était aussi avant-gardiste que sa personnalité. Elle était l’une des premières femmes à créer du parfum et avec quel talent ! Quel dommage qu’il n’en reste très peu qui sont venus jusqu’à nous. Le retour de « Bandit » est une très bonne nouvelle. En tout cas, je suis ravi de cette nouvelle et j’avais envie d’en parler.
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