Le safran en parfumerie, un vrai parti-pris
Très utilisé dans la cuisine méditerranéenne ou moyen orientale, le safran est extrait du crocus sativus par prélèvement et déshydratation des stigmates rouges de la fleur. C’est une épice également parfois utilisée en parfumerie souvent afin d’affiner d’autres notes. Ceci dit, certains parfumeurs l’utilisent en quantité importante dans des créations souvent cuirées ou orientales. Le safran est une épice onéreuse et précieuse en raison des difficultés rencontrées à la produire et son odeur très caractéristique. J’ai trouvé intéressant d’aller chercher des jus dans lequel il est employé en quantité suffisante pour être identifié tout de suite. Certains ont été arrêtés, d’autres sont difficiles à trouver mais je trouvais intéressant de les mentionner tout de même.
Le premier qui me vient à l’esprit est « Safran Troublant » créé en 2000 par Olivia Giacobetti pour l’Artisan Parfumeur et qui vient, hélas, d’être discontinué même si certains détaillants en proposent encore des flacons à la vente. J’ai toujours beaucoup aimé ce parfum qui est un vrai épicé gourmand avec une ouverture de safran et de gingembre, un coeur de rose rouge et de passiflore et un fond crémeux de vanille et de bois de santal. Original, étonnant, c’est un parfum qui m’évoquait beaucoup le soleil couchant un soir d’été après une très chaude. Je l’ai essayé à de nombreuses reprises et j’ai tourné autour. Je pense qu’il était une ode au safran et aux épices méditerranéennes. Je l’ai beaucoup aimé même si je n’ai pas vraiment franchi le pas. Il est un peu difficile à porter pour moi et je lui ai préféré des compositions épicées où safran et gingembre se faisaient plus discrets. Les goûts évoluent et je serai ravi de le re-sentir.
Quand je parle de parfum qui m’ont vraiment convaincu, je peux citer « Eau Suave » créé par Marc-Antoine Corticchiato pour sa marque Parfum d’Empire qui s’inspirait de l’univers créole de l’impératrice Joséphine. Une rose cachée présente dès les notes de tête et associée tout d’abord à la coriandre et à un accent très présent de safran avant de revenir sous une forme hybride avec un coeur de framboise et de poivre pour évoluer sur un fond de mousse de chêne et patchouli légèrement musqué. Ce parfum a été, dès que je l’ai senti, un véritable coup de coeur et je l’ai énormément porté. Pour moi, il est l’un des chef-d’oeuvres de Marc-Antoine Corticchiato même s’il est un peu plus confidentiels que d’autres créations de sa marque. « Eau Suave » est un vrai chypre moderne et j’adore son côté épicé, très androgyne et très déroutant. Pour moi, c’est une vraie invitation au voyage dans un univers opulent, attirant et particulièrement agréable à porter y compris en été. J’ai adoré « Eau Suave » et j’y reviendrai sans doute un jour.
Créé par Jérôme Épinette en 2012 pour Byredo, « Black Saffron » est une interprétation épicée mais surtout très boisée de cette note si particulière. Après un départ très épicé et presque amère avec le safran et la baie de genévrier associés au pamplemousse, le parfum se fait cuiré et poudré avec une note de violette. Le fond de framboise et de bois de cachemire est très étonnant. Entre notes épicées, cuirées et fruit rouge, le parfum oscille sur ma peau. Je l’ai réessayé pour écrire cet article et je dois dire que, si je lui reconnais une grande originalité, il aurait presque tendance à m’écoeurer. La note de framboise est, sur ma peau, vraiment omniprésente et j’ai du mal à la supporter associée au safran et aux autres épices. Si le départ et le coeur me plaisent, je ne suis pas très convaincu par la toute fin de l’évolution du parfum. C’est un parfum très moderne et qui ravira nombre d’amateurs car il est tout de même complexe et bien réalisé.
Quand j’avais découvert la marque, pratiquement à sa création, au détour d’une promenade à San Remo, j’avais beaucoup aimé « Byzantium Saffron » de The Merchant of Venice lancé en 2013. Le départ est très épicé et aromatique avec des notes de safran et de thym et le coeur de cèdre, de lys et de cèdre est enveloppé de notes de suède blanc qui est une sorte de daim. Le fond de patchouli indonésien et d’ambre Crystal pose le parfum et lui donne toute sa profondeur. C’est un cuiré doux et profond à la fois qui m’a beaucoup séduit par sa facilité à être porté à toute occasion. Je sais que la marque est très difficile à trouver en France. Elle était distribuée par les parfumeries April dans les villes moyennes mais ils l’ont arrêtée, il faut plutôt se tourner vers des boutiques indépendantes. C’est une très jolie maison avec des jus intéressants et « Byzantium Saffron » est l’un de mes préférés. De plus, le flaconnage est très vénitien avec l'utilisation du verre de Murano donc à découvrir ou redécouvrir.
Il existe bien évidemment d’autres parfums mettant en avant cette précieuse épice comme matière première majeure. Je dois dire que j’aime bien l’idée mais tout dépend à quels autres ingrédients elle est associée et comment elle est travaillée. Par exemple, sa présence dans « Baccarat Rouge 540 » de Maison Francis Kurkdjian est l’un des éléments qui me dérangent profondément lorsque je sens ce parfum. Il doit être associé à d’autres molécules avec lesquelles l’alchimie ne se fait pas pour mon nez. Le seul que j’ai vraiment beaucoup porté, comme je le disais précédemment est « Eau Suave » dans lequel son association avec la rose est toute en délicatesse et en inventivité. Le safran est onéreux, relativement rare en parfumerie utilisé en grande quantité aussi étais-je intéressé par la découverte de parfums safran.
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