Passion Parfums

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Les classiques de Jean Patou revus et corrigés par Thomas Fontaine

Ah il en a créé des parfums formidables Thomas Fontaine ! Il y a ceux dont j’ai déjà parlé comme « Jasmine Yang » d’Anima Vinci, « Coeur d’Ylang » ou « Rhum & Tabac » de Comptoir Sud Pacifique, « Condottiere », « Galaor » et « Kismet » pour Lubin entre-autres mais il y a aussi ceux qu’il a fait renaitre dans la collection Héritage de Jean Patou et c’est de ceux-ci que j’avais envie de parler aujourd’hui. Outre « Joy Forever » qu’il a signé pour la collection classique en 2013, il a reformulé avec talent toute une série de parfums qui avaient disparu. Je trouve qu’il a adapté, avec talent, tout l’univers de ce couturier mythique des années trente qui a habillé tant d’élégantes et de stars. J’ai déjà évoqué « Vacances » dans mon article sur le lilas mais ce n’est qu’un exemple car, il y a quelques années, je me suis régalé, en découvrant les autres créations de cette collection lancées en 2013 et 2014. Elles sont au nombre de neuf et j’ai décidé d’en retenir six parmi mes préférées afin que ce soit lisible.

 

 


Thomas Fontaine

 

 

Créé par Henri Almeras et lancé en 1938, « Colony » est un parfum cuiré typiquement « années trente ». La version de Thomas Fontaine est sortie en 2014 et, s’il appartient toujours à la famille des cuirs, je pense qu’il est plus moderne. L’envolée de mandarine et de bergamote est classique mais on retrouve, au coeur, un jasmin assez opulent, une rose légère que l’on sent en filigrane et des épices telles le clou de girofle et la noix de muscade. Le fond est absolument classique avec un patchouli très boisé, un accord cuir moins « dark » que ceux qui étaient à la mode dans les années trente ainsi que des notes d’ambre et de vétiver. À mi-chemin entre cuiré et oriental, « Colony » est un parfum idéal pour les amateurs de beaux classiques pas trop « dadame » que ce soit des hommes ou des femmes car je le trouve vraiment androgyne. Personnellement, si je reste toujours un amoureux de « Vacances », il est l’une des créations de la collection que je préfère.

 

 

 
 
Nez Henri AlmerasHenri Almeras
 
 

 

Toujours créé par Henri Almeras, « L’Heure Attendue » est sorti juste après-guerre en 1946 et je pense qu’il était également un beau classique aldéhydé. Toujours en 2014, Thomas Fontaine l’a remis au goût du jour avec un départ d’orange et de jasmin, un coeur fleuri avec également des notes de pêche et toujours le même fond d’ambre et de patchouli rehaussé de notes d’oppoponax et adouci par un bois de santal très lacté. Pour moi, « L’Heure Attendue » à la sauce Thomas Fontaine est vraiment une réinterprétation presque à l’identique de l’original même s’il est sans doute moins saturé d’aldéhydes. Féminin, élégant, voire très chic, je pense qu’il plaira énormément à tout une population de jeunes femmes à l’allure vive qui aiment les « florientaux » épicés avec un peu de « nerfs ». Lorsque je lai senti pour la première fois je me suis dit que c’était ça la parfumerie traditionnelle à la française.
 

 

En 1927, Jean Patou confie à son parfumeur fétiche, Henri Almeras le soin de créer un merveilleux floral du nom de « Chaldée ». Dans la formule originale, le lilas, fleur emblématique de Jean Patou était travaillé avec des notes de ciste et de vanille. La version de Thomas Fontaine, lancée en 2013 est très différente. Après un départ de fleur d’oranger et de bergamote, on retrouve effectivement l’omniprésence du ciste mais travaillé avec des notes de rose et de jasmin un peu plus vert. Le fond, certes vanillé prend plus de profondeur avec la fève tonka. L’édition moderne de « Chaldée » est un parfum en transparence, en légèreté qui doit contraster avec la fragrance d’origine. Je trouve qu’il est très élégant et qu’il serait idéal pour les amateurs d’orientaux qui veulent quand même porter leur parfum sous le soleil chaud de l’été.

 

Toujours créé par Henri Almeras et lancé en 1925, « Que Sais-Je ?» est sans doute le parfum le plus original que la maison ait eu dans sa collection au départ avec un côté noisette et miel. Thomas Fontaine, en 2014, a voulu un parfum plus complexe. Le départ d’abricot, de fleur d’oranger et de bergamote est très frais mais le parfum prend corps avec un coeur de rose et de géranium et un fond de miel, d’ambre et de patchouli. Je le décrirai comme un chypré sans mousse de chêne et je pense qu’il est vraiment très réussi. Il a presque des accents d’un ancien Guerlain. Je trouve que Thomas Fontaine a vraiment su se replonger dans l’univers des Années Folles et qu’il l’a fait avec délice. « Que Sais-Je ? » a un petit côté « charleston », envoûtant et délicieux.

 

Collection Heritage Que Sais-Je? Jean Patou parfum - un parfum pour femme  2014

 

 

Toujours créé par Henri Almeras en 1925, « Adieu Sagesse » est un floral très typique de l’époque. Le départ de bergamotte, de ciste et de cassis est un peu fruité mais très vite, la tubéreuse, le jasmin et l’oeillet prennent le relai pour se poser sur un fond de vétiver. Je pense qu’il pourrait être un peu « passé de mode » aujourd’hui aussi Thomas Fontaine l’a vraiment réactualisé en 2014. En en faisant un tout autre parfum au départ de pamplemousse très amer et de rhubarbe. Les notes de coeur de lait de cooc, de jasmin et de gardénia est très joli je trouve et le fond, musqué, boisé et épicé lui donne un côté très atypique. J’ai beaucoup aimé la version moderne (celle que je connais) de « Adieu Sagesse ». Je trouve qu’il porte bien son nom car il est très étonnant. Il est sans doute le parfum le plus original de la collection.

 

 

C’est de nombreuses années plus tard, à l’époque de la mode des hespéridés pour homme, en 1976 que la maison Jean Patou fait créer à Jean Kerleo « l’Eau de Patou ». C’était un hespéridé avec un fond musqué et ambré. En 2013, Thomas Fontaine en a transformé la formule pour faire la part belle aux agrumes certes, avec un départ de citron, de citron vert, d’orange et de bergamote mais les notes de coeur et de fond sont plutôt fleuries. On y retrouve le chèvrefeuille, la rose et le jasmin sur un fond de muscs blancs et de ciste. J’avoue que j’ai un peu oublié ce parfum. Il faudrait que je le re-sente mais, dans mon souvenir, il était le plus consensuel de la collection. Je l’avais bien aimé mais j’avais quand même conscience qu’il n’était pas pour moi.

 

 

the in-house perfumer of Jean Patou, the founder of the Osmothèque Jean  Kerleo

 

Jean Kerleo

 

 

 

Je passerai mon tour sur « Patou pour Homme » dont l’original était sorti en 1980 et dont je n’ai pas accroché la version de 2013 que j’ai trouvé un peu trop classique et j’ai déjà évoqué largement « Vacances » dont l’original remontait à 1936 ressemble, du moins sur le papier à celle imaginée en 2014 par Thomas Fontaine. Quant à « Deux Amours », il m’a moins interpellé. Ceci dit, vraiment, comme à son habitude, Thomas Fontaine a fait mouche avec son interprétations de classiques disparus de la parfumerie. Ces créations m’ont amené à me promener effectivement dans l’héritage d’une maison aujourd’hui très éloignée de son esprit d’origine. Je trouve que les parfums de cette collection sont vraiment de beaux et élégants classiques à découvrir ou redécouvrir.

 

 

 



13/05/2020
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