Passion Parfums

Des Cologne en format body splash proposés dans des flacons de 300 ml en brumes, telle était le défi d’Anaïs Biguine. Elles sont désormais au nombre de sept et j’ai pu les redécouvrir à la boutique Odorem à Lyon qui distribue depuis peu la marque. Je dois dire que je me suis très facilement laissé embarquer par ces sprays généreux et bienfaisants que l’on peut utiliser après la douche. J’en ai sélectionné quatre qui me plaisent vraiment beaucoup et que je connais mieux que les autres mais je trouve que toutes les sept sont vraiment étonnantes.

« Les splash colognes Jardins D’Écrivains s’inspirent d’une littérature particulièrement raffinée pour explorer des notes délicatement dépouillées. Marceline Desbordes-Valmore 1786/1859 poétesse Française. « Oh ! De l’air ! Des parfums ! Des fleurs pour me nourrir ! » Une infusion poétique et florale composée de fleur d’oranger, chèvrefeuille, eau de cerise, iris, ylang, rose ». J’ai tout d’abord sélectionné « L’Eau de Marceline » pour plusieurs raisons tout d’abord parce que la fragrance est très séduisante mais aussi parce qu’elle a été la première que j’avais pu découvrir à l’époque à Dijon à Ma Belle Parfumerie. Ensuite, j’ai quand même une prédilection pour la poésie un peu sombre et mélancolique de Marceline Desbordes-Valmore… J’ai en tête un poème s’intitulant qui contient le vers « grondez à votre tour » que j’aime particulièrement. À la vaporisation, nous nous enveloppant de fleur d’oranger et de chèvrefeuille puis vient un côté un peu poudré d’iris pour évoluer vers le fond un peu solaire et tout doux de la rose et de l’ylang-ylang. Je dois dire que j’avais essayé cette Cologne il y a longtemps et que je l’ai retrouvée avec plaisir comme un un nuage agréable et apaisant voire même un peu romanesque et très régressif des jardins de l’enfance.

 

 

 

« Ex-Libris est un parfait prétexte pour aborder le thème de l'appartenance. Le parfum est si intimement lié à ce sentiment. Une infusion de feuillage pour exprimer le print du cachet sur une collection littéraire » Anaïs Biguine. Cette Cologne est, sans conteste la plus étonnante de la collection avec un départ très frais de cédrat, de menthe, de maté et de poivre noir que l’on retrouve au coeur associés à la feuille de violette très verte et presque poudrée puis le fond de cèdre et de santal associé à un accord cuir a de quoi nous surprendre et nous dérouter. J’ai été assez impressionné par la tenue de cette concentration eau de Cologne qui peut bien rivaliser avec d’autres créations plus denses. La marque en décrit comme ainsi l’univers : « Une infusion de feuillage à l’élégante simplicité inspirée d’un herbier botanique. Ex-Libris enveloppe le corps d’une empreinte à l’appartenance d’un genre délicat. La main de Bouddha enlace une cueillette de menthe poivrée, de maté et de bigaradier. Le cœur s’ouvre sur un bouquet de feuilles de violette boisées de santal, pour laisser à la peau un poivre doucement cuiré » et je trouve que tout est dit. En tout cas, j’ai trouvé cette composition très belle et très agréable. Je me vois bien la porter après la douche.

Je connaissais moins Pierre Louÿs, poète et écrivain français (1870-1925) mais il me semble qu’il faut que je me penche sur son oeuvre. La troisième Cologne qui a réussi à beaucoup me séduire est donc « L’Eau de Louÿs » qui a un côté un peu plus chypré. Elle s’ouvre avec des notes d’orchidée très rondes puis un coeur d’ylang-ylang musqué très agréable et assez original puis un fond de mousse hyper naturaliste. « La peau musquée exhale un objet de désir innocemment érotique. Une brume ouatée et poudrée composée de musc blanc, ylang, orchidée et mousse ». Je trouve que la Cologne a, curieusement, un côté charnel et très brumeux à la fois. Il y a une vraie originalité comme souvent dans le travail d’Anaïs Biguine. Je me vois bien superposer « L’Eau de Louÿs » avec l’un des très beaux parfums de la collection Jardins d’Écrivains, « Howl » ou « Junky » par exemple. En tout cas, encore une fois, cette Cologne nous entraine sur des chemins un peu oniriques et nous nous enfonçons dans une forêt rêvée et toute amicale.

 

 

« J’avais une ferme en Afrique, au pied des collines du Ngong… ». Dire que je connais le travail de Karen Blixen est un euphémisme car je crois avoir tout lu, « La Ferme Africaine » bien sûr mais aussi les nouvelles et notamment « Le Festin de Babette » qui est un texte qui me fascine depuis l’adolescence. Il était bien naturel que l’aille vers « L’Eau de Blixen » et que je la sélectionne. « Karen Blixen 1885-1962. Écrivain danois. Une eau de bois africaine pour évoquer la vie et l'œuvre de Karen Blixen déjà interprétée au cinéma dans Out of Africa. Un air de safari au pied des monts Ngong balayés par les alizés finement boisés. Une composition Masaï de vétiver, patchouli et ambrette ». Il n’y a jamais de hasard et cette Cologne épicée, boisée et complexe est véritablement mon coup de coeur avec une envolée étrange de vétiver, un coeur de patchouli, de jacinthe et d’osmanthus puis un fond d’ambrette, de musc et de styrax. Vraiment, je me suis laissé séduire quand je l’ai portée, très récemment, comme un parfum en pleine journée. Il y a comme quelque chose d’ethnique et d’addictif dans ces effluves étonnantes et absolument inédites. Anaïs Biguine, par ce clair-obscur, a, à mon sens, très bien sur retranscrire l’univers contrasté de l’écrivaine. En tout cas, dans mes envies, « L’Eau de Blixen » figure en bonne place.

 

 

Il y a trois autres Cologne mais j’ai décidé de me limiter à quatre. Ceci dit, je vous engage à aller les découvrir car je les ai trouvées toutes très qualitatives, originales et vraiment agréables à essayer et à porter. L’univers d’Anaïs Biguine, comme un concept faisant se rejoindre l’univers littéraire avec les impressions parfumées ne pouvaient que me faire plaisir et je m’y plonge à chaque fois avec un plaisir que je ne risque pas de bouder.