Passion Parfums

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Les familles olfactives : Les chyprés

« Les « chyprés » (ou chypres) forment une famille née après la création du parfum Chypre en 1917 de François Coty. Ce sont des parfums initialement construits sur un accord bergamote notes fleuries (rose, jasmin…) et évoluant vers un fond boisé / mousse (mousse de chêne-patchouli) ». Ceux qui parcourent mon blog le savent, les deux dernières familles olfactives sont mes préférés et c’est vrai que j’ai une prédilection particulière pour la construction chyprée. J’en ai parlé souvent mais je ne voyais pas comment je pouvais faire ce rappel des familles olfactives en passant à côté. J’ai décidé alors de changer un peu l’axe de réflexion en citant, parmi les quatre parfums choisis, deux créations que je n’ai jamais porté et dont j’ai parfois envie. Je ne vais non plus revenir sur ceux sur lesquels j’ai développé maintes fois mes impressions comme « Mitsouko » de Guerlain que je considère vraiment comme un emblématique ou encore « The Afternoon of a Faun » d’État Libre d’Orange ou encore « George Sand » de Nicolas de Barry pour ne pas trop radoter.

 

Le premier auquel j’ai pensé est « Feu Patchouli » créé par Bertrand Duchaufour pour Maison Rebatchi en 2018 car c’est un coup de coeur finalement assez récent. Très moderne, construit effectivement de manière chyprée, ce parfum bouleverse les codes car il a quand même quelque chose de très boisé et ici, pas de notes vertes, pas de fleurs envahissantes mais simplement l’accord chypré rendu très contemporain. Bertrand Duchaufour le décrit ainsi : « Un bois puissant mâtiné d’effluves chyprées où le patchouli domine. Une symphonie magnifique tout en vibration dans laquelle les épices girofle, cannelle, poivre noir, baie rose sonnent comme des cuivres éclatants. Le parfum est riche, dense, intense, sombre et aussi mystérieux qu’enivrant. » et je trouve que tout est dit mais je vais essayer de décrire un peu plus mes impressions. Au départ, il y a la bergamote mêlée au cédrat, à l’orange douce du brésil, aux baies roses, au poivre noir mais aussi à un absolu de cassis et à des notes d’aldéhydes. Au coeur, le clou de girofle et la cannelle épicent l’oeillet rose et le davana. Enfin arrivent les notes de fond avec une très belle qualité des Célèbes et de la mousse de chêne évidemment mais associés à un absolu de myrrhe, de l’encens, du labdanum et de la vanille mêlée aux muscs, aux bois flottés et même à une pointe de caramel. « Feu Patchouli » est un chypre résolument contemporain que Bertrand Duchaufour a voulu très différent de ce que l’on trouve en parfumerie. À la fin de cet article, il raconte, en vidéo, comment il en est venu à créer ce parfum. J’ai trouvé intéressant de le rappeler.

 

Feu Patchouli Maison Rebatchi parfum - un nouveau parfum pour homme et  femme 2018

 

Lancé en 2005, « 05 L’Eau de Circé » créé par Pierre Guillaume pour la collection de numéraire de sa marque éponyme est sans aucun doute le chypre que j’ai découvert l’an dernier et que j’ai le plus porté. Le parfumeur le décrit par ces mots : « La légende de Circé, la magicienne du récit mythologique de l’Odyssée, a largement inspiré le parfumeur : par ses sortilèges magiques elle conduisit à leur perte les compagnons d’Ulysse. L’eau de Circé est un “philtre magique”, captivant et magnétique il puise son mystère dans un précieux accord floral d’absolu de Rose de Damas, de Jasmin, d’Osmanthus, Orchidée, Ylang-ylang, feuilles de Pêches Blanches et Mandarine. Sensuel et captivant de Patchouli, de Bois et d’Ambre, le Baume de Miel caressant et chaleureux apporte lumière et douceur gourmande à la fragrance ». À la construction classique, départ de bergamote, Pierre Guillaume a associé un coeur de prune, de lilas, d’osmanthus pour finir sur un fond évidemment de mousse de chêne et patchouli associé à la douceur du santal et du miel. Parfaitement équilibré, intemporel et envoûtant, « L’Eau de Circé » m’a fait un effet coup de foudre. Plutôt estampillé féminin, il ne m’avait pas forcément attiré lorsque j’ai commencé à découvrir les abondantes créations de la marque et pourtant j’ai adoré. Je le porte vraiment beaucoup. Il est comme un cocon, une signature olfactive (une de plus). Quelqu’un de mon entourage dit que ce parfum c’est « exactement moi » et c’est vrai ! C’est comme si Pierre Guillaume avait inventé le parfum que j’aurais aimé qu’on crée pour moi. Il réunit tout ce que j’aime et je ne crois pas que je m’en lasserai.

 

L'Eau de Circe 05 Pierre Guillaume Paris parfum - un parfum pour  femme 2005

Parmi les chyprés de ma vie il y a évidemment « Le Parfum de Thérèse », créé par Edmond Roudnitska dans les années 50 et seulement sorti en 2000 aux Éditions de Parfum Frédéric Malle. « La Prune », comme on l’appelait dans le milieu de la parfumerie est une véritable révélation pour moi et je continue à dire que, si j’ai hésité à le porter, je me fais plaisir à chaque vaporisation. Il ne ressemble à rien d’autre. Estampillé féminin, j’ai mis très longtemps à oser me l’approprier mais vraiment je l’aime passionnément et je ne regrette pas du tout d’avoir franchi le pas. Frédéric Malle le décrit ainsi : « Une déclaration. Un parfum secret, la déclaration d’amour d’Edmond Roudnitska à sa femme Thérèse. Un monument de la parfumerie du XXème siècle porté par une seule femme durant près d’un demi-siècle. Un accord de prune teinté de melon et de concombre d’une modernité prophétique. Une touche de classicisme apportée par la rose et le jasmin. Alors qu’une base de cuir clair vient parfaire ce trésor. L’élégance d’une époque ». Sur une peau masculine, en tout cas sur la mienne, la bergamote s’estompe au profit d’un départ melon et concombre extrêmement poivré, le coeur de prune domine le jasmin, la rose et aussi la violette et le fond vétiver, patchouli et mousse de chêne assois ce chef d’oeuvre de la famille chyprée. Pour moi, et je pèse mes mots, « Le Parfum de Thérèse » est, non seulement le chef-d’oeuvre d’Edmond Roudnitska mais aussi, à mon sens, l’un des plus beaux parfums du marché. Vraiment, quand je parle de révélation, je n’y vais pas trop fort, c’est vraiment mon ressenti. « Le Parfum de Thérèse » n’est sans doute pas l’une des plus gosses ventes de la marque mais vraiment, sa rareté n’est pas grave car il est toujours là dans la collection. Vraiment je l’aime énormément.*

 

Le Parfum de Therese Frederic Malle parfum - un parfum pour homme et femme  2000

 

 

Lancé en 2007 et créé par Jacques Polge puis reformulé en eau de parfum, « 31 rue Cambon » est le parfum chypré de la collection des Exclusifs de Chanel et je remercie vraiment chaleureusement Sébastien du stand du Printemps de Lyon de me l’avoir fait essayer car je le trouve merveilleux. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « En 1918, Gabrielle Chanel installe sa maison de couture au 31 rue Cambon. Une adresse qui réunit les ateliers de Haute Couture, l’appartement de Gabrielle Chanel et le studio de création. L’immeuble, qui devient son ancrage au cœur de Paris, présente un escalier majestueux, entouré de miroirs, offrant une vue diffractée de ce qui se déroule en contrebas. Et c’est du haut de ces marches, assise dans l’ombre, que Gabrielle Chanel aimait observer le détail de ses défilés. Une adresse iconique, qui demeure le symbole du style de Chanel et de son élégance intemporelle ». L’accord chypré nous saisit dès la pulvérisation avec la douce bergamote et nous conduit bien évidemment sur un coeur d’iris et de poivre noir pour se terminer sur la mousse de chêne associée au patchouli mais également au vétiver. Un parfum tout en élégance, en petites facettes, un plongeon dans ma zone de confort, tel est « 31 rue Cambon ». Vraiment, c’est un coup de coeur et je lui trouve l’élégance intemporelle et moderne des grands parfums tout en étant hérité d’une vraie tradition à la française. Pour moi, et même si j’en parle assez peu, il est sans aucun doute l’un des parfums les plus réussis de la collection et je l’aime en presque totalité alors c’est dire !

 

Les Exclusifs de Chanel 31 Rue Cambon Chanel parfum - un parfum pour femme  2007

 

 

Bien sûr, je suis revenu sur deux parfums que je porte beaucoup et c’est un peu le but de cette série d’articles mais j’ai voulu quand même explorer des parfums chyprés que je connaissais moins mais pour lesquels j’avais eu un coup de coeur ces derniers mois. Je n’ai pas voulu tomber dans l’écueil de vous présenter uniquement des parfums dont j’ai déjà parlé maintes et maintes fois. J’espère que j’ai exploré la riche famille des chyprés d’une manière un peu synthétique en tout cas, je me suis fait plaisir en remettant mon nez dans certaines créations que je n’avais pas senties depuis un certain temps.

 

* En annexe, Michel Roudnitska parle de la création du "Parfum de Thérèse" et Bertrand Duchaufour de celle de "Feu Patchouli"

 



04/01/2022
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