Les familles olfactives : Les Floraux
Les parfums se déclinent en sept familles olfactives et j’ai trouvé intéressant de consacrer une série d’articles aux parfums que je préfère dans chacune d’entre-elles. J’ai donc décidé de commencer par les floraux auxquels je me suis intéressé surtout depuis que je me passionne pour l’art de la composition et notamment depuis que je me suis rendu compte qu’il était assez inutile et absurde de genrer les parfums. Nous pouvons porter ce dont nous avons envie suivant nos humeurs et nos goûts et les idées reçues, on s’en moque ! J’ai cherché une définition un peu simplifiée de cette famille et j’ai trouvé ces mots sur internet : « Les « floraux » sont élaborés autour d’une ou plusieurs senteurs florales. Lorsqu’une impression olfactive est fondée sur une seule fleur, on parle de soliflores. Dans cette famille, on compte plusieurs sous-familles comme les floraux-fruités (la plus productive en matière de lancements parfumés), les floraux-boisés, les floraux-verts… ». Je dois dire que c’est une famille qui me plait beaucoup et je ne m’interdit absolument pas d’en porter. J’ai un faible pour les notes de gardénia, de lys, de lilas, de jasmin et, plus rarement, de rose. J’ai sélectionné quatre parfums, deux très complexes, « très bouquet » et deux autres plus soliflores que je vous conseille de découvrir car ils m’ont énormément séduit.
Quand je pense à un parfum floral que je n’arriverai pas à porter car, malgré moi, j’ai encore quelques barrières mais que j’adore sentir, le premier qui me vient à l’esprit est « Diorissimo » créé par Edmond Roudnitska en 1956 et légèrement reformulé par François Demachy en 2009 pour La Collection de Monsieur Dior. Il existe dans les trois concentrations mais je dois avouer que c’est sans doute l’extrait et l’eau de toilette que je préfère. Je ne suis pas fou de l’eau de parfum que je trouve moins travaillée. La marque le présente ainsi : « Diorissimo… Un grand classique créé par Christian Dior en 1956 avec la complicité du grand parfumeur Edmond Roudnitska, qui évoque le muguet fraîchement cueilli au printemps. Dans l’Extrait de Parfum, c’est un muguet stylisé à l’architecture moderne que l’on découvre. Sa signature est l’accord premier magnifié par une intense concentration. Une partition florale construite autour d’un accord muguet étoffé par l’essence d’ylang ylang, l’absolu jasmin et l’absolu rose de Mai ». Cette interprétation de la fleur fétiche de Christian Dior par le « père de le parfumerie moderne » est, en fait, une interprétation du muguet réalisée avec des molécules de synthèses bien sûr mais surtout l’association d’autres fleurs. Tendre, profond, il donne au soliflore ses lettres de noblesses et je le trouve à la fois sans âge et sans aucune fausse note. C’est le muguet d’une certaine élégance à la française, d’un certain goût du luxe et de la délicatesse. Peut-être qu’on pourrait le trouver un peu daté mais si l’on met son nez dans l’eau de toilette, assez facile à trouver, on se rendra compte de l’extrême modernité de cette création intemporelle et so chic ! Pour moi, c’est un chef-d’oeuvre du genre.
Parmi mes incontournables dans la famille des fleuris, il y a bien évidemment « Gardénia » recréé par Jean Jacques pour Isabey d’après un parfum créé en 1926. Pour moi, il est indéniablement l’un des plus beaux floraux du marché. Capiteux, légèrement animal, très dense et très « bouquet », c’est un parfum féminin mais je me vois très bien le porter. C’est une merveille à n’en pas douter. En tout cas, personnellement, je le vois comme ça. La marque le décrit ainsi : « Créé en 1926 Le Gardénia est considéré comme l’un des plus prestigieux parfums dans le monde. Parmi les 60 plus rares parfums sélectionnés dans le livre « Précieux Effluves » de Jean-Marie Martin-Hattemberg, Le Gardénia est connu pour son élégante harmonie entre le flacon dessiné par Julien Viard et l’écrin bijou créé par Sorys. Lumineux et sensuel, il capture la véritable essence de cette fleur enivrante – comme si vous la teniez, rayonnante, dans votre main ». Le départ de mandarine et de fleur d’oranger associées à l’ylang-ylang donne le ton et peut-être, c’est vrai, un côté vintage à cette fragrance. Le coeur de gardénia, de jasmin, d’iris et de rose est une explosion florale et le fond, discret, d’ambre gris, de musc et de santal pose la fragrance. C’est une composition très sophistiquée autour de cette fleur emblématique et tant aimée des anglo-saxons à la sauce frenchy. J’ai adoré ce parfum dès que je l’ai senti et je me suis souvent demandé si je pourrais le porter. Au départ, je n’osais pas trop et j’avais opté pour « Sir Gallahad », son pendant masculin dans la même maison mais celui-ci va être discontinué du coup, « Gardénia » me revient en mémoire comme une petite musique lancinante me fredonnant : « il est quand même magnifique ce parfum ». Ça me ferait un pur floral, complexe et dense. Je crois que, finalement, je pourrais très bien le porter.
Complexe est également « Queen of the Night » créé par Bertrand Duchaufour en 2016 pour la maison australienne Grandiflora et, finalement, je lui trouverais presque une parenté avec le précédent. Celui-ci, je peux en parler car je l’ai énormément porté et, même si je l’ai parfois un peu mis de côté, j’y reviens toujours. Après une envolée de mandarine verte, de clou de girofle et de bergamote, le coeur de fleur d’oranger, de jasmin et de pittosporum figure cette fleur si rare, si étonnante en développant un côté opulent à la fois très doux. Le fond de patchouli, de musc et de bois de santal donne du corps à ce parfum parfaitement baroque et sophistiqué. La marque le décrit ainsi : « Avec une perspicacité unique, Bertrand Duchaufour a jeté un nœud de lumière autour du parfum de la reine de la nuit. La fleur qui fleurit célèbre une nuit par an et meurt à l'aube est tout simplement l'un des parfums les plus beaux et les plus éphémères. Pourtant, c'est ici; un mélange captivant de mémoire et le désir, de l'amour lui-même sans regret ». Je crois que je l’ai déjà écrit mais j’ai découvert ce parfum à l’Atelier Parfumé à Lyon à peu près un an avant son lancement et j’avais eu un vrai coup de coeur. C’était presque obsessionnel ! Je voulais l’essayer et mieux même le porter. J’ai craqué dessus et je n’ai jamais regretté. Je crois que je suis près de terminer mon second flacon. Je crois que j’aime énormément le porter. C’est vraiment un floral pour moi. Un seul bémol, il est difficile à trouver en France. J’ai un flacon d’avance et je crois que je le rachèterai quand je ne l’aurai plus du tout. C’est un cocon enveloppant, suave et floral absolument magnifique.
Il y a plein de très beaux floraux mais mon postulat de départ était de ne pas excéder quatre et de plutôt choisir des parfums que je porte ou que je pourrais porter. C’est tout naturellement vers Vilhelm Parfumerie que je me suis tourné et vers une note qui fait partie de mes addictions. « A Lilac A Day » a été lancé en 2016 et c’est Jérôme Épinette qui s’y est collé. Je dois dire que j’ai adoré ce parfum dès que je l’ai senti. C’est un lilas un peu vert, très frais, Un départ de lilas bleu et de freesia nous emmène sur un coeur de jasmin et… comme c’est bizarre… de galbanum pour se poser sur un fond ambre noir et rose. C’est un merveilleux soliflore qui m’évoque une promenade dans le jardin de mes parents. Je crois que je retrouve tout, le mois de mai, les fleurs qui commencent à proliférer et les grappes violettes, mauves et blanches coupées et posées dans un vase ancien dans le salon qui embaument toute la maison. Nous avons la chance d’avoir les trois couleurs et vraiment j’adore cette odeur. "Imaginez juste un moment pour fleurir, pour tomber amoureux. Le temps d'un bref instant, le lilas s'épanouit, dans un élan de vitalité timide mais exaltant. Aussi rapidement, ce moment s'est envolé, ne laissant qu'une trace parfumée dans notre mémoire. Mais l'histoire d'amour ne fait que commencer." L’interprétation de Jérôme Épinette est l’une de celles qui se rapproche le plus de mon ressenti lorsque je sens cette fleur à peine coupée. J’ai eu un vrai coup de coeur pour ce parfum et je pense qu’il fait partie de mes floraux préférés. Je lui trouve un côté naturaliste, presque figuratif et, en même temps, un peu interprété que j’aime vraiment. Le coup de coeur s’est transformé en coup de foudre. « A Lilac A Day » est peut-être le lilas de mes rêves, en tout cas, c’est celui que je retiens.
« Jasmin de Pays » de Perris Monte-Carlo, « Trois Fleurs » de Parfum d’Empire, « Madagascan Jasmine » de Grandiflora, « Gardénia » et même « Gabrielle » de Chanel… Il y a de nombreuses créations dans cette famille olfactive que j’aime mais il me fallait choisir. J’ai une prédilection pour les floraux et je trouve qu’il y en a pour tous les goûts et je ne vois pas pourquoi les hommes ne pourraient pas en profiter ! Les idées reçues, si ridicules soient-elles, ont la vie dure. Sur les quatre parfums que j’ai choisi pour cet article, j’en ai déjà porté trois. Ce n’est déjà pas si mal pour une famille olfactive qui ne m’était, si on en croit le marketing, pas destinée.
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