Les familles olfactives : Les orientaux
« Les « orientaux », ou ambrés, sont dominés par un mélange de vanille, de notes de baumes et de résines telles la fève tonka, la coumarine ou l’opopanax, auxquelles se mêlent des notes de bois, d'épices ou de fleurs. Cette famille olfactive doit son nom à Ambre Antique, créé en 1905, par François Coty. C'est une famille très large, représentée aussi bien chez les femmes que chez les hommes. La famille orientale comprend plusieurs sous-familles : les orientaux boisés, les orientaux-vanillés, les orientaux-floraux, les orientaux-épicés, les orientaux-gourmands. » Avec les orientaux, c’est un peu « je t’aime, moi non plus ». J’en ai porté beaucoup quand j’étais plus jeune, y compris des parfums très ambrés vanillés et, aujourd’hui, j’ai plus de mal. J’aime parfois les sentir mais je dois dire que les porter est une autre paire de manche. Les ambrés fleuris ou gourmands ne sont décidément pas pour moi pas plus que ne le sont les orientaux boisés voire oud qui sont très à la mode depuis une dizaine d’années. J’en ai quand même
sélectionné quatre, très différents les uns des autres, que j’aime particulièrement.
J’avais 17 ans à peine lorsque j’ai commencé à porter « Égoïste » de Chanel dès sa sortie ou presque. J’avais du être influencé par la publicité de Jean-Paul Goude car je n’avais pas vraiment de direction en parfumerie à cette époque. Je l’ai re-senti pour écrire cet article et je crois que, si je ne pourrais plus le porter, je le trouve toujours aussi beau. « Le portrait olfactif d’un homme de caractère, fascinant et insaisissable. Une composition boisée-épicée-ambrée unique et affirmée, dans un flacon masculin aux lignes franches et épurées. Une composition boisée-épicée-ambrée inédite à la personnalité affirmée. La fraîcheur vigoureuse de la mandarine et de la coriandre, subtilement épicée, ouvre sur les notes chaleureuses et enveloppantes de la rose de Turquie. L'association du bois de santal de Nouvelle-Calédonie, de la vanille de Madagascar et de la graine d'ambrette, lui confère un sillage sensuel et ambré. Égoïste s’impose comme le parfum d’un homme dont la force de séduction repose sur un caractère affirmé. Indépendant et insaisissable. Une personnalité sans compromis. Fascinante ». Sorti en 1990 et créé par Jacques Polge, ce parfum reprend le thème d’une ancienne créations d’Ernest Beaux, « Bois des Îles » depuis réinterprétée pour la collection des Exclusifs. Complexe, sophistiqué, construit avec un départ boisé et épicé, il s’ouvre sur un coeur de rose et de cannelle pour se poser sur un fond vanillé de santal, d’ambre et de tabac. Étrange pour l’époque, baroque, très addictif, il est, pour moi, l’oriental réussi du sélectif dans toute sa splendeur. Indémodable, intemporel, il demeure une des très grandes réussites de la parfumerie moderne.
Créé par Annick Goutal en 1985, « Sables » est l’un de mes parfums incontournables. Je l’avais un peu abandonné ces dernières années puis, à sa réédition en eau de parfum, je l’ai redécouvert et je dois dire que je l’adore. Oriental certes mais parfaitement inclassable, ce parfum sec, addictif, construit autour d’une overdose d’immortelle ne ressemble à rien d’autre. « « Je suis au bord de la mer, je fais une sieste. Il y a de l’immortelle sauvage dans le sable. Le soleil est de plomb, ça sent le chaud, l’iode, la résine de pin ». Par ces mots, Annick Goutal capture un instant de bonheur passé en Corse avec son mari. De cette émotion, naîtra Sables. En fond la vanille, l’ambre et le santal évoquent le sable brûlant des dunes qui longent l’océan. Un parfum épicé, chaleureux et torride. » L’immortelle figure la chaleur du soleil sur le sable et les notes poivrées et cannelle confèrent à ce parfum quelque chose de vraiment étonnant. Annick Goutal s’était montrée audacieuse. Elle avait cassé tous les codes des orientaux ce l’époque pour créer un parfum clivant au possible. Soit on le déteste soit on l’adore. Pour ma part, je suis heureux de constater qu’après des années difficiles, « Sables » soit devenu l’un des bests de la marque. Comme quoi audace et inventivité peuvent parfois ravir le public. Pour moi, ce « Jardin d’Allah » parfumé est une vraie merveille et mon addiction ne s’est jamais démentie.
Oriental épicé atypique s’il en est, « Noir Épices », créé par Michel Roudnitska en 2000 et lancé aux Éditions de Parfums Frédéric Malle, est aussi un oriental que je pourrais qualifier d’inclassable. Tout comme « Sables », je le considère comme un chef-d’oeuvre de la parfumerie. Il est tellement atypique qu’il constitue en lui-même une vraie signature olfactive. Je l’ai toujours aimé et je le porte régulièrement. Je le trouve tellement fascinant que je pense que je ne m’en lasserai jamais. « La profondeur du noir. Un parfum composé comme une toile de Rothko, où couche après couche, les textures et les couleurs deviennent de plus en plus sombres, profondes, et mystérieuses. Un bouquet d’épices qui repose sur une base crépusculaire de bois de santal et de patchouli. Un départ d’orange et de géranium provoque un léger clair-obscur et ajoute une vibration supplémentaire à ce tableau abstrait ». Après un départ d’orange et de géranium légèrement mentholé, le coeur de clou de girofle, de cannelle, de noix de muscade très overdosé, de poivre et le fond de vanille, patchouli et bois de santal est une vraie merveille. Lorsque je le porte, l’hiver, au creux des écharpes, le sentiment de bien être est absolument total. J’ai mis longtemps à me l’approprier car c’est un budget un peu élevé mais je ne le regrette absolument pas. Tout comme « Sables », il est devenu incontournable pour moi.
Le dernier parfum que je peux considérer comme oriental est tout aussi atypique. Il s’agit bien évidemment de « Tonka 25 » créé par Daphné Bugey pour Le Labo en 2018. « Un parfum sombre et addictif aux notes boisées et une subtile pointe de douceur. Il évoque l'odeur de la peau chaude et du bois résineux. Celui-ci est sombre. Un beai sombre chaud, addictif, comme si les sous-bois humides de l'été, leurs graines et leurs résines, étaient parsemés de couches de muscs et adoucis de gouttes de vanille. Les notes du parfumeur parlent d'absolu de fleur d'oranger, de cèdre de l’Atlas, de résines de styrax, d'absolu de tonka, et les muscs... Tel est Tonka 25. » C’est un merveilleux parfum très oriental certes mais vraiment atypique. Je trouve que l’alchimie entre la fève tonka très amandées, les bois, le styrax un peu cuiré et la vanille rehaussé par des muscs est vraiment une merveille. Je ne connais rien qui ressemble à « Tonka 25 ». Je l’ai pas mal porté cette année au début de l’hiver et il me réconcilie un peu avec la famille olfactive des orientaux. Je dois dire que je ne m’en lasse pas. Il a quelque chose d’addictif et peut-être même de dérangeant. Je ne pourrais pas le porter quotidiennement mais j’aime beaucoup l’utiliser une fois ou deux par mois.
J’ai choisi de mettre en avant plutôt des parfums atypiques, peu représentatifs de la famille olfactive des orientaux. J’ai un peu de mal avec les ambrés fleuris et encore plus avec les boisés oud mais, dès qu’on s’éloigne des sentiers battus, il y a quelque chose qui m’attire. Je suis très amateur de parfums hors-normes et parfois, l’un ou l’autre m’accroche et me donne envie. Comme quoi, il ne faut jamais dire jamais.
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