Et la vanille alors ?
Je ne suis pas du tout un fan de la vanille, que ce soit dans les parfums orientaux alors que j’en ai beaucoup porté plus jeune, ou dans ceux qui sont plus solinotes ou duos voire trios de notes. Pourtant, et il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, j’ai eu quelques coups de coeur vanillés ces derniers mois. Il y en est même que je pourrais porter. Bon, il n’y en a pas cinquante non plus alors j’ai décidé d’en sélectionner cinq très différents qui ont retenu mon attention lorsque je préparait cet article. Vu que nous pouvons retourner en parfumerie, une fois que j’ai terminé mes doses d’essai, je me suis décidé à aller en sentir une ou deux pour compléter ma sélection. Attention, quelques uns de ses parfums sont plutôt dans une fourchette haute (voire très haute) des prix en parfumerie. Je ne me suis mis aucune limite car le challenge était de trouver cinq parfums que je pourrais porter dans une famille que je n’aime pas à la base. Je signale également que certaines de ses créations sont très récentes et datent du premier trimestre 2020 et d’autres plus anciennes alors allons-y et plongeons dans un océan de vanille.
J’ai horreur des vanilles gourmandes et des overdoses de vanilline de synthèse (hormis dans certains vieux parfums orientaux de Guerlain) aussi me suis-je tourné vers des parfums composés autour d’une matière première noble et naturelle. Comme vous le savez, la vanille est une variété d’orchidée dont l’un des principaux berceaux est l’île de Madagascar. Le regain d’intérêt pour cette senteur en font une matière rare et donc chère. J’ai donc eu envie de de parler, en premier lieu d’un solinote vanille que je trouve particulièrement beau. Il s’agit de « Sublime Vanille » créée en 2009 par Olivier Creed pour sa collection privée. Il y a quelques années, un peu à reculons, j’ai découvert ce parfum absolument incroyable. Les notes de tête sont, comme souvent dans les créations de cette maison, la bergamote et le citron, au coeur on retrouve l’orchidée et la gousse de vanille sur un fond de fève tonka et de muscs blancs. Délicate, intrigante, naturelle cette fragrance m’emmène effectivement au-delà des océans tant on a l’impression de sentir un extrait naturel de vanille. Toute en douceur et en finesse « Sublime Vanille » est, évidemment, l’un des bijoux de la maison Creed. Il fait partie d’une collection privée et son prix est très élevé mais il est vraiment à découvrir.
Malgré un prix complètement prohibitif et que je ne trouve pas forcément justifié, les parfums de Private Blend de Tom Ford sont, il faut l’admettre, en général plutôt réussi. Quand on parle de cette note envoutante, c’est « Tobacco Vanille » que j’ai découvert à Paris il y a quelques mois qui me revient en mémoire. Créé en 2007 par Olivier Gillotin, ce jus sera le plus intense et le plus gourmand de ma sélection. Si je reconnais l’association de plusieurs notes différentes de tabac et d’une vanille profonde mais délicate, j’ai un peu de mal à visualiser la pyramide olfactive et celles, toutes faites, présentes sur internet, ne me paraissent pas vraiment adéquates. Il y a quelque chose de floral à certains moments, de boisé à d’autres voire même d’épicé. Je n’ai jamais oublié le choc olfactif qu’il m’a provoqué. La vendeuse du corner au Printemps Haussmann a évoqué la fleur de tabac mais je ne connais pas cette note. Pour moi, « Tobacco Vanille » est surtout une vanille corsée, épicée profonde et envoûtante. J’ai eu un coup de coeur pour ce parfum qui est à mille lieux de ce que je peux porter habituellement. Je l’essayerai bien un peu plus mais ça attendra l’hiver prochain.
Créée par Isabelle Doyen et Camille Goutal en 2004, « Vanille Exquise » est l’un des fleurons, parmi les féminins, de la maison qui porte désormais le nom de « Goutal Paris ». Il faut dire que c’est une belle réussite. La note très verte d’angélique ouvre une fragrance ronde, amandée et poudrée. La vanille est à la fois lactée par le santal puis corsé par un bois de gaïac particulièrement bien vu. Je trouve que ce parfum porte vraiment la signature d’Isabelle Doyen et qu’il est très équilibré. C’est un jus que je trouve à la fois enveloppant et sobre. Il n’est jamais entêtant, jamais écoeurant. Je l’ai trouvé tout de suite formidable même si je ne le porterai pas. En fait, j’adore le sentir sur quelqu’un. Je le trouve particulièrement réussi. Lorsqu’on cherche un solinote vanille élégant, il est parfait.
J’avais déjà parlé de « Vetiver & Golden Vanilla » sorti en début d’année chez Jo Malone et je dois dire qu’il a fait vraiment partie de mes premiers coups de coeur de 2020. Je regrette d’ailleurs que la marque ne communique pas sur le nom du parfumeur qui l’a composé car je trouve que c’est une vraie réussite. Le départ de cardamome et de pamplemousse associé à une note de thé blanc délicate nous fait tout de suite entrer dans un parfum ou la dualité vanille très aromatique et vétiver un peu terreux s’harmonisent parfaitement. Ce n’est pas un parfum gourmand du tout et je ne sais pas trop comment le classer dans une famille olfactive ou peut-être dans les boisés. Je trouve que la vanille arrondit le vétiver et que le vétiver corse la vanille. C’est une association parfaite. J’ai un petit regret par contre c’est que l’abondance des muscs blancs en fond donnent au parfum, à la toute fin de son évolution, un côté un peu trop « propret » et moins envoûtant. Ceci dit, j’ai quand même beaucoup aimé « Vetiver & Golden Vanilla ».
Pour le dernier parfum, j’ai hésité entre « Vanilla Vibes » de Juliette Has a Gun et « Couleur Vanille » créé en 2020 par Aliénor Massenet car je les ai déjà énormément évoqués dans ce blog mais le second est une telle réussite, il m’a tellement plu, que je ne me voyais pas écrire un article sur les vanilles que j’aime sans y revenir. L’ouverture de freesia et de bergamote salée très abondamment est absolument magnifique et nous entraine vers un coeur d’immortelle, de cashmeran et d’orchidée d’une rare délicatesse. En fond, la vanille vient se mêler au sel et à la note d’immortelle pour donner un parfum très naturel, très « sucré-salé » et absolument formidable. Durant les mois où nous sommes restés enfermés, j’ai longuement essayé « Couleur Vanille » et ma première impression a résisté. Je l’aime beaucoup et je pourrais très facilement le porter. Je suis vraiment très impressionné par la faculté d’Aliénor Massenet de réussir tous les parfums qu’elle créée. C’est un talent que j’admire beaucoup.
Voilà, je suis arrivé au bout et je me suis rendu compte que j’avais pris du plaisir à parler de la vanille sous ses formes les moins gourmandes. J’ai volontairement fait l’impasse sur les parfums orientaux dans lesquelles cette note est au coeur d’une composition mais je leur consacrerai un article à part entière. J’ai préféré me consacrer sur des fragrances plutôt modernes, dans lesquelles, la vanille naturelle était mise en valeur. J’aurais aussi pu citer « Vanille » de Mona di Orio dont j’ai adoré l’original mais j’ai été un peu déçu par sa reformulation alors je ne savais pas vraiment comment me positionner. En fait, c’était, pour moi, la plus belle vanille que je n’ai jamais senti (je l’ai même un peu porté) mais je ne suis pas certain que la nouvelle version me plairait. Il faudrait que je l’essaye.
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