Les Jardins rêvés d'Hermès
Je me penche de plus en plus sur les parfums Hermès. Après un focus sur la collection privée, j’ai eu envie de revenir sur celle des « Jardins » initiée par Jean-Claude Ellena lorsqu’il était le parfumeur attitré de la maison car je les ai redécouverts ces derniers mois et j’avoue que je me suis fait très plaisir car ce sont de belles créations même si je ne les porterais pas toutes. Je dois dire qu’il y en a pour tous les goûts et que, en dépit de leur prix que je trouve un peu élevé, ils sont tous très subtils. En un mot, c’est une collection très réussie qui mérite qu’on en parle.
C’est en 2003, en respirant les odeurs de fleurs, de végétaux et de fruits que Jean-Claude Ellena a eu l’idée de commencer cette collection et qu’il a créé « Un Jardin en Méditerranée » en forme d’un hommage à la cologne à la française, plus florale qu’hespéridée. Le départ d’agrumes divers cède très vite à la place à un coeur de fleur d’oranger et de laurier blanc. Le fond est très aromatique et construit autour de l’essence de genévrier de Virginie et de pistache avec des notes de fleurs de figuier et de cyprès et le côté « propre » des muscs blancs. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître car « Un Jardin en Méditerranée » a, encore aujourd’hui, ses adeptes et qu’il est devenu l’une des créations incontournables de la maison. Pour ma part, il est un peu loin de mon univers olfactif et ce n’est pas celui que je choisirai si je décidais de porter l’un des jus de la collection. J’aime le sentir mais il est un peu trop éloigné de ce que j’aime porter régulièrement.
Je pense l’avoir déjà écrit mais j’ai vraiment un faible pour « l’aimable excentricité » et le côté à la fois ethnique et exotique de celui que Jean-Claude Ellena a créé en 2005 et qui porte le nom évocateur de « Un Jardin sur le Nil ». C’est en effet sur les rives de ce fleuve mythique et un peu mystérieux que le parfumeur nous emmène avec un départ de graine de carotte, de feuille de tomate et de mangue rendu délicieusement amer par une note persistante de pamplemousse. Le coeur d’orange conjugué avec des accents de pivoine, de jacinthe, de lotus et une facette verte de jonc ne pouvait que me ravir tout autant quel le fond d’iris, de cannelle et de ciste. Faussement classique, « Un Jardin sur le Nil » est indéniablement mon préféré dans cette collection. Je le trouve très équilibré, original et, finalement, relativement tenace sur ma peau. Il est aussi une très belle illustration de l’écriture épurée de Jean-Claude Ellena qui sait aller à l’essentiel tout en créant des fragrances dotées d’un fort caractère. C’est mon coup de coeur !
Je ne connaissais absolument pas « Un Jardin Après la Mousson » que j’ai découvert lors d’un séjour à Dijon et que je voulais sentir depuis longtemps mais qui demeure difficile à trouver. Créé par Jean-Claude Ellena en 2008, ce troisième opus est un épicé, un peu boisé, un peu marin et très original. L’ouverture à la fois épicée par la cardamome, le gingembre, le poivre et la coriandre m’a d’autant plus séduit qu’il est renforcé par un coeur très aquatique et vétiver à la fois et un fond résolument floral. Seulement voilà, il y a un petit quelque chose qui me dérange. J’ai cru percevoir une note de figue ou de fleur de figuier et j’avoue que ce n’est vraiment pas ce que je préfère. Si j’ai adoré le départ et le début de l’évolution, j’admets que je suis un peu déçu par le développement sur ma peu. Je le trouve très beau mais il n’est absolument pas pour moi. Comme quoi, il faut toujours essayer un parfum avant de l’acquérir car si je m’en était tenu à l’envolée, j’aurais été séduit.
Lancé en 2011 et toujours créé par Jean-Claude Ellena, « Un Jardin sur le Toit » est une interprétation des jardins posé sur les terrasses cultivées des villes et d’une végétation à la fois luxuriante et rafraichissante. Le départ est très herbe coupée mais vient s’enrichir très vite de notes à la fois fruitées et opulentes de poire et de cerise puis d’un coeur floral et duel de rose opulente et de magnolia presque salé puis d’un fond de romarin. Aromatique et fruité à la fois, « Un Jardin sur le Toit » est une création originale et singulière, très rafraîchissante mais pas seulement. En tout cas, je trouve que c’est un parfum idéal pour un été de canicule car il est très énergisant et plein d’une fraîcheur salvatrice. En tout cas, j’ai beaucoup aimé. Il me faudra l’essayer un peu plus un de ces jours pour voir si je peux me l’approprier. Il est très facile à trouver donc cela se fera rapidement. Je vous donnerai alors des impressions plus précises.
Sorti en 2015, « Le Jardin de Monsieur Li » est le dernier opus créé par Jean-Claude Ellena. Je me souviens d’avoir très vite eu envie de le découvrir à cause de la note de kumquat. J’aime énormément cette petite mandarine asiatique qu’elle soit fraîche ou confite et je me suis précipité en parfumerie pour le découvrir et je l’ai re-senti récemment. Je dois dire que j’aime beaucoup. La note de kumquat à la fois profonde et résolument hespéridée m’a beaucoup séduit. Elle s’enrichit de la menthe et du jasmin. Ce parfum, très linéaire, sans beaucoup d’évolution est singulier et vraiment très agréable. Je pense que je pourrais très facilement le porter le temps d’un été. Comme toujours, Jean-Claude Ellena a su faire un travail tout à fait réussi avec une formule ultra courte et épurée. Pour moi, « Le Jardin de Monsieur Li », est une parfaite réussite et je comprends qu’il rende addict ses amateurs. C’est un très jus très « virtuose » et superbement imaginé. Je l’aime beaucoup.
En 2019, c’est à Christine Nagel, désormais le nez de la maison Hermès qu’est revenu le difficile privilège de créer « Un Jardin sur la Lagune » et je dois dire que que c’est une véritable réussite. À la fois salin et floral, ce très beau jus m’a complètement emballé dès que je l’ai senti et encore plus lorsqu’il a évolué sur mon avant-bras. Le départ de magnolia ne pouvait que me séduire et la note à la fois aquatique et presque salée de la fleur est renforcée à la fois par le lys et les notes marine et adouci par le pittosporum qui le rend complètement atypique. Le fond boisé est très délicat et sait préserver la fraîcheur de la création. Quand je pense à « Un Jardin sur la Lagune », le mot qui me vient est « bienfaisant ». Christine Nagel a superbement repris le flambeau et je dois dire qu’elle a réalisé également une création épurée avec brio. Elle l’avait souvent fait chez Jo Malone London et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle est complètement à l’aise avec ce genre de parfum. Chapeau !
Les jardins d’Hermès sont vraiment, dans l’ensemble, de petits bijoux de la parfumerie. Il y en a pour tous les goûts et on est loin des lieux communs à ce genre de créations. Je suis toujours impressionné lorsque des parfumeurs réussissent aussi bien à renouveler le genre avec autant de facilité. Je suis vraiment heureux de les avoir redécouverts (et découverts pour certains) et je me plais à penser que l’été prochain, l’un d’entre-eux (sans doute « Un Jardin sur le Nil ») m’aidera à supporter la chaleur.
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