Passion Parfums

Créée par Charles Détaille sous l’impulsion de son épouse en 1905 avec la collaboration du chimiste Marcellin Berhelot, la maison éponyme était au départ dédiée au soin et aux « préparations de beauté. Il était donc normale que cette marque se lance très rapidement dans la haute parfumerie. Il existe donc, encore aujourd’hui trois collections distinctes et j’ai eu l’occasion, grâce à Florence de la parfumerie Arcane Majeur à Vichy de découvrir les cinq fragrances de la gamme masculine et je dois dire que, si j’ai beaucoup aimé les jus, je suis aussi tout à fait séduit par le packaging que je trouve d’une très grande élégance. Étant donné qu’il n’y a que cinq créations, il m’est tout à fait facile d’en faire une revue complète. Si je découvre les autres collections par la suite, il me sera toujours possible d’y revenir. Je vous emmène donc dans un univers d’aventuriers de la Belle Époque pour détailler les cinq fragrances qui composent cette première approche.

« Un envolée vive, fraiche et acidulée avec le citron, la bergamote et le petitgrain qui monte en tension avec les notes vertes et fusantes de la menthe, du basilic et de la verveine. Le cœur se réchauffe par la douce volupté du jasmin. Un sillage racé associant la sensualité du patchouli aux notes chyprées de la mousse de chêne et du vétiver, la senteur la plus masculine de la Haute Parfumerie » tel est décrit « Aéroplane », l’une des premières créations que j’ai pu découvrir. C’est un chypre classique avec quand même un twist mentholé presque anisé un peu absinthe que je trouve d’une élégance à la fois un peu surannée et d’une rare modernité. Il réunit tout ce que j’aime dans ce genre de fragrance, je dirai que c’est l’élégance des odeurs des soins des barbiers parisiens qui ont une autre vision que les londoniens, moins classique et plus affirmée de ce que doit être un esprit cologne à la française. Je trouve que « Aéroplane » n’a ni âge ni genre. Il plaira également à des femmes audacieuses et actives qui veulent un vrai parfum chypré sport. Il est l’une des deux fragrances qui ressortent pour moi, et de par mes goûts parmi celles que j’ai pu sentir. Le départ de bergamote fait vite place au coeur aromatique, mentholé et presque anisé avant de se poser sur l’accord chypre classique et profond.

« Miles » est vraiment très mixte et très élégant mais avec quelque chose de vraiment original. Nous ne sommes plus du tout dans le classicisme mais plutôt plongés dans un un boisé floral et épicé. Il est très complexe et vraiment il oscille entre notes florales et presque gourmandes soutenues par un bois de gaïac bien présent mais pas omniprésent qui ne dévore pas du tout la fragrance. La marque le décrit ainsi : « Un départ original, à la gourmandise addictive, où la richesse aromatique des fruits secs se pare de la subtile touche épicée des baies de genièvre. Puis, en cœur, un accord floral dominé par l’immortelle révèle une facette très texturée, riche en nuances. Associée à la fraicheur verte et herbacée du géranium et du tilleul, l’immortelle affirme sa signature solaire presque boisée. En final, les notes suaves et enveloppantes de la vanille et du miel blanc se lient au mystère et à la sensualité du bois de Gaïac. Un sillage à l’image de l’homme qu’il incarne : fascinant ». Je ne sens pas vraiment le géranium mais plutôt le tilleul au coeur mais surtout un accord fleuri et suave que je trouve tout à fait facile à porter. J’aime beaucoup ce genre de parfums qui garde une part de mystère lors de son développement et dont l’évidence n’est pas le point fort.

Le suivant que j’ai testé est « Yachting ». C’est un esprit boisé et fleuri à la fois avec un départ légèrement épicé. Je l’ai trouvé très fusant, pas forcément à mon goût mais extrêmement bien construit. J’ai un peu de mal personnellement avec l’association bois de gaïac et vétiver en fond mais cela n’engage que moi. La marque le décrit ainsi : « Yachting, le parfum de la liberté et des grands espaces. Un départ inattendu toute voile dehors avec les notes épicées et fusantes du gingembre et de la cardamome. Le cœur se fait vibrant avec un bouquet opulent de jasmin piqué par les notes vertes du géranium. Un sillage tout en puissance, qui associe les plus précieuses notes boisées de la Haute Parfumerie : le vétiver, le cèdre et le bois de Gaïac également appelé « bois de Vie ». Si je m’attendais à un marin ou un salin, j’ai peut-être été un peu déstabilisé aussi par le nom de la fragrance. Il y a dans « Yachting », une fraîcheur très marquée et les notes boisées du fond viennent un peu l’alourdir pour moi mais je pense qu’il est, à l’instar des autres excepté peut-être de « Miles », extrêmement facile à s’approprier. Je trouve que c’est le seul vraiment masculin classique de la collection.

 

« Escrimeur, une masculinité raffinée qui joue sur ses contrastes. L’expression d’un caractère tout en nuances et en subtilité, où l'assurance se mêle à la délicatesse. Profondément séduisant. En tête, le trio d’agrumes citron - bergamote - orange marque une offensive hespéridée, rehaussée par les notes rafraîchissantes et subtilement boisées de la lavande et du romarin. Puis, en coeur, la puissance du vétiver et le charme mystérieux des bois de santal et de cèdre, se lient aux notes épicées de la cardamome et de la noix de muscade. En final, les notes caressantes du musc blanc tempèrent la profondeur masculine de la mousse de chêne : le chic de la sobriété ». Cet « Escrimeur » était Sand oute celui dont j’attendais le plus ne serait-ce par ce qu’évoque son nom chez moi. Un départ très classique, très esprit cologne avec des notes d’agrumes, de lavande et de romarin, un coeur boisé et épicé et un fond de muscs blancs qui « sentent le propre » et de mousse. Pour moi, il s’apparente plus à une fougère qu’à une construction cologne mais je le trouve très complet à défaut d’être complexe. Il est peut-être le plus délicat et le plus nuancé de la collection. Il ne cadre pas tout à fait avec mes goûts mais j’aime bien l’idée de sortir un peu de ma zone de confort. J’ai donc bien aimé « Escrimeur » même s’il n’est sans doute pas pour moi.

Le second aromatique fougère est mon coup de coeur dans la collection comme quoi il ne faut jamais dire jamais. C’est un chic plutôt à l’anglaise qui rappelle les belles fougères de Floris London ou les anciens Crabtree & Evelyn qui ont disparu aujourd’hui et je suis complètement sous ce charme désuet et cette mise en valeur de la note de géranium que, finalement, j’aime de plus en plus. Il porte le nom quelque peu déroutant de « Par 4 » et il est décrit de la façon suivante : « Par 4, l’élégance de première classe d’un aromatique fougère. Un départ radieux et énergisant avec les notes fraiches et aromatiques de la bergamote, du thym blanc et du basilic. La tête vive et pétillante laisse place à un coeur de caractère : les puissantes notes épicées presque cuirées du safran, « l’or rouge » des grands parfumeurs, jouent et défient l’accord vert et herbacé du géranium. La finale fougère chyprée signe une allure très masculine : le vétiver, la mousse de chêne et la résine de labdanum se mêlent et se répondent pour dévoiler un sillage séduisant, dans un esprit très « gentleman ». » et je trouve tout est dit. À mi-chemin entre chypré et fougère avec des accents cuir et épices, il réunit tout ce que j’aime dans un parfum de barber shop. Pour moi, c’est le chic à l’anglaise par excellence.

Voilà, j’ai fait le tour de cette collection à l’esprit d’élégance à l’ancienne entre colognes et savons de barbier. Je suis très désireux vraiment de découvrir les autres collections. Celle-ci est empreinte d’élégance et de classicisme et ce n’est pas un vain mot. Je trouve qu’une ligne complète masculine dans cet esprit manquait un peu dans la parfumerie et je suis content de l’avoir découverte. Merci à Florence pour sa passion et son concours ainsi que pour toutes ces belles découvertes.