Les masculins de Penhaligon's
"William Penhaligon, barbier de profession, débarqua à Londres dans l’espoir d’y faire fortune. Ses rêves se réalisèrent, puisqu’il y devint le père de la parfumerie britannique. Dans sa boutique de Jermyn Street, une artère à la mode, Penhaligon vendait des parfums et produits de toilette de sa création à la riche clientèle londonienne. Sa renommée grandit, et il ne tarda pas à devenir barbier à la cour royale et parfumeur de la reine Victoria. La reine Alexandra accorda son premier mandat royal à la Maison en 1903." Source - Internet
Il est, chez Penhaligon’s, toute une partie de la collection classique qui s’adresse plutôt aux hommes même si on peut considérer qu’ils vont également très bien aux femmes. J’ai porté beaucoup « English Fern » qui, hélas, n’existe plus et mon point de référence est, depuis très longtemps, « Blenheim Bouquet », lancé en 1902, et dont j’ai déjà parlé dans différents articles. Il existe, dans cette gamme dite masculine, plusieurs créations que j’aime et j’ai trouvé très intéressant d’en faire une revue. Plusieurs d’entre-elles sont des eaux de toilettes et leur prix est assez raisonnable d’autant que leur tenue est exceptionnelle. Depuis le rachat de la marque par un groupe financier, on aurait pu penser que la collaboration avec des parfumeurs français aurait altéré l’identité « so british » de la maison mais il n’en n’est rien. Je pense que pour les nez du continent qui créent pour la marque, l’exercice de style est vraiment intéressant et ils se surpassent. J’ai décidé de faire cette revue sans ordre de préférence, seulement en me laissant porter par mes goûts et mes envies.
Créé par William Penhaligon en 1872, « Hammam Bouquet » est un oriental créé pour couvrir l’odeur un peu désagréable du savon noir des bains turcs de l’époque et rendre à son utilisateur une odeur agréable et inédite. La version originale (il a été reformulé il y a quelques années seulement) me plaisait beaucoup avec son ouverture de bergamote et de lavande, son coeur opulent d’iris, de jasmin et de rose et son font musqué et ambré. La nouvelle version est plus moderne bien évidemment et le côté un peu floral a cédé la place à quelque chose de profondément ambré voire même un peu épicé. J’avoue que je l’aime moins même si c’est tout de même une vraie réussite. C’est un parfum légèrement étonnant, très différents des eaux de colognes que pouvaient utiliser les hommes de cette seconde moitié du XXème siècle. Je trouve presque dommage que le parfums soit arrivé tel quel jusque dans les années 2010 et qu’il ait été reformulé ensuite pour toucher une clientèle plus jeune. Ceci dit il reste très beau et très agréable à porter.
Lorsqu’en 2011, Penhaligon’s a lancé « Juniper Sling » créé par Olivier Cresp, j’ai tout de suite adhéré. C’est un parfum plein d’élégance, d’une part et d’originalité d’autre part. Je trouve qu’il y a quelque chose de très agréable dès l’ouverture d’angélique, de cannelle, de mandarine autour des la baie de genévrier de laquelle il tire son nom. Le coeur de cardamome et de poivre organisé autour d’une racine d’iris légèrement poudrée et d’un cuir très subtil et le fond de vétiver de cerise et d’ambre est très original. Lorsque je pense aux masculins de la marque (même si je les trouve androgynes pour la plupart), « Juniper Sling » me vient complètement naturellement. Je trouve qu’Olivier Cresp a très bien su se glisser dans l’univers très londonien de la maison en respectant son un cahier des charges basés sur le « classic chic and casual » tout en imprimant sa signature souvent très original. « Juniper Sling » fait partie de ces intemporels que l’on aime découvrir, porter, retrouver toujours et encore.
Lancé en 2014, « Bayolea » remporte un grand succès. C’est un chypré aromatique apparemment simple et issu d’une tradition des eaux de toilettes de barber shop si chère à la marque mais il a son originalité. L’ouverture est très hespéridée avec des notes de mandarine, de Tangerine et d’essence de citronnelle très originale. Le coeur oscille entre le côté aromatique de la lavande et épicé du poivre noir et de la cardamome. Le fond tout de mousse de chêne et de patchouli habillé est renforcé par des notes de muscs blancs, de cèdre et de bois de santal légèrement ambré. C’est un parfum extrêmement facile à porter et qui dépoussière complètement à la fois cette famille olfactive avec un accord chypre couplé avec le côté aromatique de la lavande. Je lui trouve une certaine fraîcheur tout en restant très doux. Il est très adapté, je trouve, à n’importe quel look, du plus habillé style costume cravate au plus simple, tee shirt blanc et jean. Je trouve qu’il a « la classe » et qu’il est très facile à aborder même pour quelqu’un qui n’a jamais osé la parfumerie anglaise.
Créé en 2004 par le parfumeur britannique Michael Pickthal, « Douro » est inspiré de l’un des ses voyages au Portugal. C’est un aromatique fougère très cher à ce « faiseur d’élégance » dont ‘jaime beaucoup le travail finement ciselé. Les notes de tête sont foisonnantes. Jugez plutôt, basilic, mandarine, citron, citron vert, lavande et géranium et nous conduisent vers un coeur de lily of the valley (autrement dit muguet) très surprenant. Le fond de ciste, de bois de santal et de mousse de chêne est une véritable ode au classicisme à l’anglaise tout en reprenant les codes de la maison. Je trouve que « Douro » est vraiment typique de l’esprit Penhaligon’s. Il est sans doute moins classique, plus « parfum de dandy » que « Blenheim Bouquet » mais je le trouve vraiment très intéressant et tout de même facile à porter. Il date déjà un peu mais il est, pour moi, complètement intemporel. Je l’ai redécouvert récemment et je me suis rendu compte que je l’aimais bien.
C’est en 2003 que la marque lance l’un de ses premiers orientaux épicés avec « Endymion » né de plusieurs essais de différents parfumeurs de la société Fragrance Resources. Il faut le dire, il était un parfum novateur à sa création et il est devenu incontournable et intemporel. L’envolée aromatique de lavande et sauge est contrebalancée par des notes hespéridées et douces de bergamote et de mandarine. Le coeur de géranium et de café torréfié est particulièrement surprenant et vraiment d’une incroyable modernité. Le fond cuiré et épicé avec des notes de noix de muscade, de poivre noir et de cardamome est aussi assez surprenant et le côté benjoin et résine oliban le rend très dense en renforçant le vétiver. « Endymion » est un peu sophistiqué pour moi mais force m’est de constater qu’il a vraiment rencontré son public. C’est une création singulière, presque étrange voire étonnante par l’un de ses versants alors que l’autre est classique et rassurant. Il souffle plusieurs airs et mérite d’être essayé avant de se décider.
Créé en 1996 par Christian Provenzano, « Quercus » est un chypre sans patchouli. Les notes de têtes, organisées autour de la bergamote sont une explosion d’agrumes, le coeur de jasmin et de muguet est rehaussé par la bergamote et on retrouve, évidemment la mousse de chêne et l’ambre en fond. Il est, à mon sens, le parfum de la marque et particulièrement de cette collection, le plus proche de la parfumerie à la française. Personnellement, il n’est pas tout à fait dans mes goûts alors que, sur le papier, il coche toutes les cases. Comme quoi, la pyramide olfactive est indicative mais ne traduit pas l’impression. Un parfum, il faut l’essayer et vivre avec avant de se décider. Ceci dit, il est original et très facile à porter. J’aime bien le sentir et, même s’il n’est pas nécessairement pour moi, je sais en reconnaitre la qualité tant sur le plan de la création que sur celui de la qualité car sa tenue est excellente.
Je pourrais citer, outre « Blenheim Bouquet » et « English Fern », la cologne mais elle ne m’a pas vraiment attiré ou encore « Savoy Steam » que j’aime beaucoup mais j’en ai déjà parlé récemment alors j’ai préféré me concentrer sur les parfums que je n’avais jamais encore senti suffisamment pour les mettre dans un de mes articles. Il y a plusieurs collections, plusieurs concentrations et beaucoup de beaux jus chez Penhaligon’s mais ceux-ci sont très faciles à porter et complètement mixtes même s’ils sont considérés souvent comme des parfums du rayon homme. Je suis content d’avoir remis mon nez dedans pour faire cet article.
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